Brûle Papillon

13

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Ses mains étaient des chiffons usées alors qu'elle se laissait glisser contre le battant de sa porte. Ses jambes s'étaient hâtés de la conduire à l'étage, ignorant les appels de Juri qui lui hurlait que le dîner était déjà sur la table. Cette courte ascension lui avait fait oublié qu'elle avait redouté cet appel toute la soirée. Il lui avait fait oublié que l'excuse qu'elle préparait n'était pas terminée et que Naruto l'appelait sûrement pour lui demander des comptes. Ces pensées ne lui effleurèrent pas le cerveau lorsqu'elle tenta de reprendre ses esprits. Seul comptait, la présence du blond au bout du fil, qui venait de la sortir d'une situation délicate sans le savoir.

« Naruto? souffla t-elle du bout de la langue. »

Le cellulaire était chaud contre sa joue, il vibrait en échos au souffle du jeune homme au bout du fil. Comment avait-il eu son numéro?

« Sérieux putain, t'es où? »

La pointe d'impatience qu'elle décela au travers de sa voix la fit revenir à elle. Lui rappelant à quel point elle avait été folle de répondre sur un coup de tête.

« Tu t'es vraiment enfuie? »

Il avait l'air à bout de souffle et parlait avec peine. Elle en conclue qu'il venait à peine de quitter le dortoir, d'où il avait sûrement faillit se faire prendre. Elle replia les jambes et serra un peu plus fort son téléphone. Elle n'aurait jamais dû partir, elle aurait dû lutter, trouver un moyen de renvoyer Hanabi sans faire de vague.

« Je... ne me suis pas enfuie, je suis chez mon père. »
« Qu- Quoi? »

Elle entendit ses pas sur le bitume s'arrêter brusquement, en même temps que son souffle erratique. Pendant un instant elle crut que l'appel avait coupé. En décollant l'appareil de son oreille pour vérifier, elle constata que non.

« Qu'est-ce que tu fous là bas? »

La question n'était pas rhétorique, il espérait sincèrement une réponse, car il était évident qu'il y avait quelque chose. Ce n'était pas possible qu'elle soit à des kilomètres de là où il lui avait gentiment demandé de rester, sans explication valable. La réponse ne vint pas, et il soupira d'exaspération en se pinça l'arête du nez. Il ne savait plus pourquoi il se faisait chier avec elle. Il tenta de relativiser, de trouver tout seul des raisons à son comportement, mais il n'y avait rien à relativiser. Ils passaient la soirée dans un restaurant, rigolaient, s'embrassaient et le lendemain, elle l'ignorait. Puis ils s'enfermaient dans les toilettes pour s'embrasser à nouveau, et cette fois elle s'enfuyait. Est-ce qu'il était le seul à trouver ça bizarre?

« Hinata merde. »

L'appel prenait une tournure désagréable. Crescendo, le ton monta, faisant naître chez Hinata un profond mal être. Une boule se forma dans sa gorge et elle déglutit pour tenter de la faire passer. On aurait dit qu'elle se faisait sermonner, et elle ressentait le besoin de s'excuser.

« Je suis désolé. »
« J'ai failli me faire choper en allant dans le dortoir à cette heure-ci. »
« Désolé. »

Il entendait sa voix larmoyante.

« Pourquoi tu pleures, c'est toi qui es partie. »
« Désolé »
« T'as rien d'autre à dire? J'en sais rien, une explication, un mensonge, n'importe quoi pour justifier ça? »

Sa jambe commença à s'agiter alors qu'elle baissait la tête. Soudainement le combiné n'émana plus de cette chaleur agréable qui avait fait vibrer son cœur tantôt. Il devint aussi froid que la glace, la fondant un peu plus dans le noir de la pièce. Elle rehaussa sa vétuste paire de lunettes rétro, et s'entoura de son bras.