Chapitre 14 : Les ténèbres ne sont jamais loin.

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« La peur que tu fuis devient un monstre des ténèbres, et la peur que tu affrontes s'étiole en pleine lumière. » - Eric Hebting

Il était temps. J'avais réussi d'une certaine manière ce pour quoi j'étais venue voir Edgar. Il me restait encore beaucoup de chemin à parcourir, mais je me sentais prête. Je comprenais mes pouvoirs, du moins les plus importants, ainsi que cette connexion si particulière avec la nature que j'avais toujours ressentie. J'avais pris conscience de ce que signifiait être un cœur bleu et de ce que cela impliquait. Je me sentais forte et confiante.

Alors que je rebroussais chemin cette fois-ci à pied et seule, le vieux monsieur était reparti de la même façon qu'il était arrivé, à travers son nuage de fumée, après plusieurs minutes de marche et avoir passé la barrière magique transparente, je pouvais voir au loin les cœurs qui m'accompagnaient.

Lola et Théo roucoulaient sur la terrasse de la cabane, Connor se trouvait comme perdu dans ses pensées, le regard vide, assis sur une chaise près des arbres du petit devant de la maisonnette. Quant à H, il n'était pas là, il devait certainement toujours être près du lac puisque je ne le voyais nulle part.

Le moment était venu d'aller le rejoindre afin de lui annoncer la nouvelle de notre départ, mais aussi de le calmer dans l'espoir que tout revienne à la normale dans notre petit groupe.Une fois au bord du lac à mon tour, je pouvais apercevoir non loin de moi le corps musclé du ténébreux brun toujours raide de colère.

— Est-ce que je peux m'asseoir avec toi ? tentais-je doucement.

Il releva la tête vers moi, me transperçant de ses yeux orageux. Il ne répondit pas à ma question, mais je pris son silence pour un acquiescement. Une fois assise, je l'observai quelques instants. Il avait la mâchoire serrée et regardait l'horizon. J'avais peur de le mettre en colère.

— Je n'ai pas voulu être un gros con, s'excusa-t-il.

— Je sais, lâchai-je simplement.

— Le problème, c'est ce type. Pourquoi tu n'arrives pas à voir qu'il se fout de toi ? rajouta-t-il, énervé.

— H, s'il te plaît, c'est vrai qu'on ne le connaît pas depuis très longtemps, mais honnêtement, nous non plus, on ne se connaît pas vraiment, n'est-ce pas ?

— Non. Tu me connais.

Je le regardai, interrogative.

— Non. C'est faux, je ne sais rien de toi.

— Mia, cette chose entre nous, c'est comme si on se connaissait, non ?

Parlait-il de cette connexion que je ressentais près de lui ?

— Qu'est-ce que je connais de toi ? Hormis le fait que tu es un cœur noir et que tu as des pouvoirs horribles ?

Il se concentra quelques instants pour essayer de trouver quelque chose qu'il aurait bien pu me dire à son sujet, mais rien ne vint.

— Tu vois.

— Ce n'est pas que je ne veux pas, mais il n'y a rien à dire sur moi. Ou plutôt rien que tu souhaiterais entendre.

Il me fixait désormais, scrutant la moindre expression de mon visage. Il vit certainement que je me trouvais perdue face à ses propos.

— Tu sais, les cœurs noirs sont courageux, mais nous maîtrisons l'obscurité et ce n'est pas pour rien. Aussi noir que soit mon cœur, je suis son miroir sur le monde.

— Je ne t'ai jamais trouvé mauvais.

— J'essaie de le cacher, commença-t-il, hésitant. La plupart des cœurs noirs sont des gens très bien, se battant pour l'honneur avec un sens de la bravoure à toute épreuve. L'obscurité comme pouvoir dominant et l'eau comme élément. Ils sont puissants, imposants et enveloppent tout sur leur passage, d'où l'élément aquatique. Mais certains se laissent emporter par les ténèbres qui nous habitent. Comme moi, comme mes parents.

L'académie des cœurs - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant