Chapitre 18 : Kidnapping.

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« La noirceur ne peut pas chasser la noirceur. Seule la lumière peut le faire. La haine ne peut pas chasser la haine. Seul l'amour peut le faire. » - Martin Luther King

Ma tête bourdonnait, douloureuse. Je sentais une sensation désagréable sur mes poignets, ce qui me força à sortir de ma torpeur et à ouvrir péniblement les yeux. J'étais dans une pièce sombre et vide, à l'exception d'une chaise en bois, face à moi. J'étais attachée, les pieds et les poignets liés par des cordes, serrées cruellement sur une petite chaise semblable à celle devant moi. La peur me pétrifiait. Je tremblais, sans comprendre pourquoi j'étais là. Tout était si sombre, et je priais pour qu'il ne m'arrive rien.

— On dirait que notre belle au bois dormant s'est enfin réveillée, lâcha une voix masculine venue de nulle part.

La vision floue et la faible luminosité de l'endroit m'empêchaient de distinguer clairement quoi que ce soit.

— Qui êtes-vous ? demandai-je, terrifiée.

— Oh, tu me vexes, je te pensais un peu plus intelligente tout de même. Je suis Klein. Enchanté de faire ta connaissance officiellement.

Je parvenais à peine à distinguer une silhouette se dessiner dans l'obscurité de la porte. Au fur et à mesure qu'il s'approchait, je discernais davantage les traits de celui qui cherchait à me nuire. La colère et la peur m'envahissaient à son égard.

— Ne fais pas cette tête, tu t'es fait avoir. Quoi ? Tu pensais vraiment que j'allais te laisser mener ta petite vie tranquille ? Attendre que tu développes des pouvoirs surpuissants pour me tuer ? Non, non, non, dit-il en mimant de ses doigts. Je connaissais tes parents, je ne prendrais jamais ce risque.

Il s'approcha encore, se tenant près de moi. J'aperçus finalement son visage. Grand, les cheveux noirs et fins, une large chemise noire légèrement ouverte, et une forte odeur de cigarette émanant de lui. Sur son visage aux traits marqués de cernes, une cicatrice bien visible qu'il ne pouvait dissimuler.

— Tu as ses yeux, chuchota-t-il.

Il se redressa rapidement, reprenant ses esprits.

— Je ne veux pas te tuer, Mia, continua-t-il avec énergie. Je veux que tu me rejoignes, que nous construisions ensemble un Nouveau Monde, un monde où chacun peut aimer librement. Où aucun cœur n'est plus puissant qu'un autre.

— Vous vous rendez compte que ce que vous voulez est impossible ? On ne peut pas aimer librement, la nature est ainsi... Je me suis déjà brûlé les ailes, je sais de quoi je parle.

— On dirait que ta mère t'a transmis plus que ses yeux, petit cœur bleu, elle t'a également légué ce goût pour l'amour interdit. C'est pathétique quand on sait que vous, les Queen, vous êtes loin d'être courageux.

Il replaça une mèche de ses cheveux raides en arrière.

— C'est pour cela que le monde doit mourir. Le monde doit toucher à sa fin, et un jour, Mère Nature comprendra ses erreurs et nous aidera à créer un Nouveau Monde.

Il avait l'air fou. Il scrutait les alentours, faisant de grands gestes en parlant. Il m'adressait la parole avec des mouvements théâtraux. Étrangement, il avait l'allure d'un Jack Sparrow.

— Que penses-tu qu'il adviendra lorsque tous auront épuisé leurs races ? Qu'ils s'aimeront entre frères et sœurs ? La nature est mal faite. Mère Nature s'est trompée, et le pire, c'est cette hiérarchie dénuée de sens qui pense qu'en suivant aveuglément ce qu'on leur a toujours dit, ils seront considérés comme de belles âmes et qu'ils seront sauvés. Nous sommes tous condamnés.

Il sortit une cigarette et s'installa sur une chaise un peu plus loin, perdu dans ses pensées. Si je devais réfléchir lucidement, sans tenir compte du fait que j'avais été kidnappée par quelqu'un qui avait tenté de me tuer maintes fois et qui tentait certainement maintenant un nouveau bluff, je devais admettre que je partageais certaines de ses réflexions. D'une certaine manière. Bien sûr, je ne voulais pas détruire le monde et espérer que Mère Nature reconnaisse ses prétendues erreurs, mais pourquoi continuer dans une société qui n'accorde à personne la liberté d'être heureux ? Pourquoi notre hiérarchie, aussi floue soit-elle, ne s'engagait-elle pas à trouver des solutions et à apporter des changements ? Un jour, il n'y aura plus personne avec qui explorer sa propre authenticité, que feront-ils alors ? Le monde s'éteindra comme il a commencé. Bien que cela puisse être une justification pour les autres qui se rassurent en pensant que le monde est ainsi, ce n'est pas le cas pour lui, ni pour moi.

L'académie des cœurs - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant