Chapitre 15 : Connor.

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« Le silence a le poids des larmes. » - Louis Aragon

Connor avait été transporté vers la forêt magique pour recevoir des soins. Les pouvoirs de Lola ne suffisaient pas, nous devions faire appel à la nature. Les fées nous avaient expliqué qu'elles étaient là pour nous aider, donc si cela valait la peine, j'étais convaincue que la nature lui viendrait en aide.

Il était allongé sur le dos, allongé sur l'herbe fraîche. Les feuilles mortes s'agitaient autour de nous, le recouvrant comme s'il était prêt pour une mort certaine, mais je refusais d'accepter cela. Personne ne devait mourir.

— Regarde ce que tu as fait ! hurlai-je à H, qui ne bougeait pas.

Il était plus loin que nous du corps inconscient de Connor, replié sur lui-même. Il était immobile, sans expression, et j'étais tellement en colère contre lui. Il avait pris le temps de s'ouvrir à moi, de me dire qu'il ne voulait pas être cette personne, qu'il ne voulait pas utiliser ce pouvoir sur les autres, et à peine deux minutes plus tard, il torturait déjà un homme. Quelqu'un de notre groupe, quelqu'un qui méritait le bénéfice du doute.

— Tu ne vas pas me répondre, c'est ça ? Il vaut peut-être mieux que tu gardes le silence plutôt que de me dire encore des mensonges. Tu fais semblant d'être courageux, tu prétends vouloir contrôler cette noirceur, mais regarde-toi. Tu n'as même pas cherché à en savoir plus ! As-tu seulement parlé avec lui ? Non, parce que tu ne sais pas communiquer, hurlai-je, en perdant mon calme.

J'étais furieuse. Le fait de le voir si violent, puis de d'attaquer à nouveau alors qu'il avait déjà blessé Connor, était épouvantable. Plus que tout, je lui en voulais énormément de se comporter ainsi, de tout détruire autour de nous alors que je croyais en lui. Je lui avais dit qu'il n'était pas mauvais, je voulais l'encourager à voir le bien en lui, et il avait tout ruiné, sans le moindre remords.

Je me trouvais pratiquement face à lui, je voulais une réaction de sa part, des excuses, des pleurs, des cris, n'importe quoi. Je voulais qu'il me comprenne.

Mais rien.

— Mia, viens par ici, dit calmement Lola.

Elle était couverte de sang de l'homme qui gisait toujours par terre.

— Regardez ! s'exclama Théo, surpris.

La lumière du soleil brillait maintenant sur Connor, nous forçant à regarder la scène. Mais rien d'autre ne se produisait. Devions-nous faire quelque chose ?

— On devrait essayer quelque chose ? demanda Lola, hésitante.

— On dirait bien, renchérit Théo.

Je m'assis près de lui. Ses cheveux dorés ressortaient de la masse de feuilles mortes et brillaient au soleil. Après avoir posé mes mains sur le sol froid, j'attendis, demandant de l'aide à la terre. Elle semblait m'avoir entendue, et elle scintilla près de mes doigts.

— Ce que tu fais, Mia, ça semble fonctionner.

H s'approcha légèrement pour voir ce qui se passait, mais détourna la tête quand nos regards se croisèrent.

— Je vais essayer aussi.

Lola plaça ses mains sur le sol de la forêt, suivie de près par Théo. Les feuilles s'envolèrent du corps de Connor, des oiseaux inconnus apparurent au-dessus de nos têtes, et Connor commença à scintiller. Je regardai à nouveau H, ce cœur noir boudeur, lui demandant silencieusement de l'aide, mais il secoua la tête. Il ne voulait pas aider ni se racheter.

— Abruti, lâchai-je à peine audible.

Puis, dans un souffle accentué, comme revenu des morts, Connor se redressa, nous regardant, effrayé.

L'académie des cœurs - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant