Chapitre 20 : Vers la sortie.

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"« La critique est la puissance des impuissants. » - Alphonse de Lamartine"

Des membres de la garde arrivèrent alors vers moi, m'attrapant comme une criminelle. Leurs mouvements brusques étaient douloureux, car ils ne prenaient pas la peine de me ménager. D'un seul coup, tout avait changé. Je n'étais plus un simple témoin, j'étais la cible. La peur au ventre face à l'inconnu, face à ce qu'ils allaient me faire. H, quant à lui, s'était levé des tribunes, hurlant mon prénom à répétition, les implorant de ne pas me faire de mal.

Cette fois-ci, personne n'avait été utilisé afin de servir de machine à téléportation. Ils m'enfermèrent d'abord dans une pièce telle une cellule, à l'abri des regards indiscrets, me laissant patienter sans explication, seule. L'endroit était froid, car elle se trouvait loin du trou donnant l'accès à la lumière du jour, et les murs de pierre n'aidaient pas à la réchauffer. Nous étions dans une grotte, après tout.

En quelques mois, j'étais passée de simple humaine à possible porteuse de magie, puis à cœur bleu devant sauver le monde, et je me retrouvais considérée comme la méchante de l'histoire. Je n'avais pourtant rien fait hormis exprimer mon opinion face à l'avenir flou qui nous attendait, nous tous porteurs de magie. Je n'avais pas défendu Klein, seulement laissé remonter l'hypothèse que le fond de ses actes était peut-être fondé et que nous devions nous intéresser à ce qu'allait devenir la magie. À l'exception de sa vengeance aveuglante causée par son manque d'amour certain, le cœur jaune, désormais anéanti par ses pairs, avait mis le doigt sur quelque chose de gros, trop gros peut-être à notre échelle. Il avait révélé au grand jour une supercherie créée par le ministère afin de connaître le pouvoir important qu'ils ont aujourd'hui. Ils avaient dénoncé leurs implications dans la tuerie des cœurs ainsi que leurs recherches de pouvoir avec la création de la boule d'énergie au sein du haut gouvernement. Il s'était fait prendre à son propre jeu, se faisant tuer.

La façon de faire des juges, avec le meurtre pur et simple ou encore mon enfermement, m'avait amenée à croire que peut-être les dires de Klein n'étaient pas si dénués de sens. Si c'était le cas, je n'étais pas la seule en danger. Tous ceux qui ne penseraient pas pareil ou qui menaceraient le haut gouvernement seraient pris pour cible. J'avais été huée par l'assemblée, personne n'avait vraiment pris le temps de m'écouter. Comment pouvais-je faire pour faire entendre ma voix ? Devrais-je créer cette satanée boule d'énergie ?

Toutes ces questions tourbillonnant dans ma tête me rendaient folle. Malgré que j'étais enfermée dans un coin isolé du tribunal, à l'intérieur de cette minuscule cellule, je pouvais continuer de voir à l'extérieur de la pièce. La porte qui me gardait prisonnière était faite de barreaux, laissant une place assez grande pour avoir de la visibilité. Personne n'était aux alentours, à l'exception d'un membre de la garde. Il avait l'air affolé, cherchant du regard quelqu'un ou quelque chose. C'est alors qu'il se retourna vers moi, les yeux fuyants. Je devais tenter ma chance.

— Hé ! Salut ! Qu'est-ce qu'ils comptent me faire ?

Pas de réponse, mais je voyais bien qu'il voulait me parler. Il continuait d'analyser les alentours comme s'il était soucieux que quelqu'un le surprenne à me parler. Et son regard était doux lorsque ses yeux se posaient sur moi.

— Ils vont me faire quoi au ministère central ?

Il ne répondait toujours pas. De plus, lorsqu'un autre homme de la garde utilisa le chemin où se trouvait ma cellule, il se ferma comme une huître. Je devais le convaincre de m'aider, de me faire sortir d'ici.

— S'il vous plaît... j'ai besoin de savoir ce qu'ils vont me faire... ça me fait peur, expliquai-je, apeurée.

L'homme de la garde, désormais loin, le cœur noir qui gardait ma cellule, se retourna légèrement vers moi. Il me toisait du regard, et je pus voir comme un éclair de pitié dans ses yeux.

L'académie des cœurs - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant