La vie est une fête.

18. Thaïs

 Les semaines passent et se ressemblent. Rien n'a changé depuis que j'ai avoué à Naëlle ce que j'avais sur le cœur. Mais elle méritait de savoir la vérité.
Heureusement c'est un peu plus calme en ce moment, niveau soirée, du coup je peux tenir Julina à distance. Elle a essayé de se confier à moi, je ne peux pas écouter ses pensées sur son histoire avec Naë. Je serais une personne horrible et hypocrite, je ne suis déjà pas fière d'avoir des sentiments pour son ex petite amie, je vais éviter de jouer la coach love.

Pour la première fois de ma vie j'ai eu un coup de cœur pour une femme, et bien c'est douloureux. J'ai été amoureuse j'ai eu de belles histoires, mais c'est différent. J'ai trouvé Naëlle incroyable, elle a tout pour elle et elle l'ignore. J'aime sa présence, j'aime lui parler et j'aimerais que tout soit réciproque... Pourquoi tomber amoureuse de la seule fille avec qui c'est impossible.
Je suis assez soulagée néanmoins, j'en avais marre de mentir tout le temps. Je devais l'esquiver, m'empêcher de lui parler, je donnerais tellement pour que ce soit plus simple.

Bon assez de se lamenter, la vie est comme elle est, si c'est comme ça tant pis. Je vais avancer et je réussir à digérer tout ça. Après tout je me suis toujours remis de tout, alors il faudra sûrement du temps.
Ce matin dans la coloc ça sent drôlement bon je pense que Léa est aux fourneaux, il est midi c'est la seule lève tôt ici. J'abuse je ne suis toujours pas sortie du lit, je pense qu'Alba non plus. On profite des moments de calme.
Il faut dire que je redoute un peu la confrontation avec Léa. Nous sommes amies mais nous avons couché ensemble. Peut-être pas la meilleure idée, mais c'est une femme vraiment belle et désirable en plus on s'entend plutôt bien. Je n'avais pas trop de raison de refuser, mais j'aurais du penser aux conséquences, on vit ensemble et je n'ai pas voulu m'engager avec elle... Depuis c'est un peu délicat. J'ai parfois le droit à des scènes, des réflexions ou des pics. C'est une coloc' mouvementée. Avec Alba c'est cool, elle est spectatrice de ce qui se passe ici et elle adore particulièrement se moquer de moi quand je me mets dans de drôles de situations.

Depuis la rencontre avec Naë j'avais tout stoppé avec Léa, seulement j'ai re noyé ma peine dans ses draps. J'avais besoin de me sentir mieux et d'oublier tout ça, puis elle était là. Je culpabilise énormément mais je dois assumer la situation dans laquelle je me trouve aujourd'hui.
Allez Thaïs c'est ton moment , tu te bouges et tu affrontes une Léa bien remonté !

Elle est là, face à moi, elle devait m'attendre ce n'est pas possible.
« Tiens déjà debout. Il n'est que midi...
-Ok... Bonjour Léa, oui ça va merci.
-Va te faire foutre Thaïs.
-Bon c'est bon. Vas y. Il faut qu'on ai cette discussion une bonne fois pour toute. Ça fait des semaines que c'est tendu. Dis-moi !
-Je sais pas. C'est le fait de coucher avec toi et après tu me gosth mais tu fais ça avec tout le monde même ta bien aimée donc je dois comprendre que t'es juste une dégonflée. »
Aïe, touché ! Elle marque un point. Je ne suis pas douée pour les embrouilles j'ai tendance à fuir, et à fuir très loin !
« Léa pardon. J'aurais pas du m'éloigner. Mais on doit plus coucher ensemble. On attend pas les mêmes choses. Et j'ai été nulle, je veux pas te faire de mal, et je t'en ai fait.
-Non mais ça va ! Hey je suis pas amoureuse je voulais qu'on essaie un truc, mais t'as pas envie. Je m'en suis remise. On peut avoir une histoire charnelle sans plus.
-Ouais mais je peux plus. Ça serait pas correcte.
-Alors d'accord mais sois claire c'est pas trop demandé je pense.
-J'essaie je t'assure mais tu ne rends pas les choses faciles !
-Tu veux dire quoi par là ? Que je suis irrésistible et terriblement sexy ? »
Léa s'approche de moi et passe sa main le long de mon cou avant de descendre vers ma poitrine. J 'attrape sa main fermement. Je ne veux pas jouer.
« Arrête. A quoi tu joues là ?
-C'est bon décoince toi hein ! Je veux que tu comprennes ce que je peux ressentir quand un coup c'est oui un coup c'est non. Et le pire dans tout ça c'est que tu m'ignores, tu m'esquives alors qu'on vit ensemble. T'es dégueulasse.
-T'as raison, j'ai été lâche. J'ai pensé qu'à moi et mes tracas. J'aurais pas du te mêler indirectement dans mes doutes. Est ce qu'on peut juste être amies, je suis fatiguée et je suis bien à la maison avec toi et Alba. J'veux pas que ça change.
-Mais oui idiote ! Arrête de te prendre la tête et dis ce que tu ressens, ça arrangerait tellement de choses. »

Bon je m'en sors pas trop mal pour cette fois. Note à moi même : Ne pas coucher avec la coloc ultra sexy surtout quand ton cœur vient de se faire briser.
Alba ne donne toujours pas signe de vie. Il faut que je vérifie qu'elle respire encore.
« Meufe ça va ?
-Ouais ouais. Je réglais quelque soucis. Les relations c'est terminé.
-Tu dis ça tout le temps et il suffit que tu rencontres un mec charmant et tu repars.
-C'est pas de ma faute !
-C'est jamais de ta faute !
-Non mais tu peux parler toi avec Léa c'est pareil !
-M'en parle pas... Bref ! Allez on va manger.
-Non mais attends ! Tu vas pas t'en tirer comme ça. Comment va ta Naëlle là ?
-Est-ce qu'on est obligé ?
-Tu débarques dans ma chambre tu perturbes ma crise existentielle donc oui on doit en parler !
-J'en sais rien. Je lui ai tout déballé elle était sous le choc, elle n'a pas dit grand-chose. Et depuis on a pas rediscuté
-Mais t'es idiote ou quoi ?
-C'est la deuxième fois en dix minutes qu'on me dit que je suis idiote, je vais finir par y croire. Non mais elle ne m'aime pas, et puis je bosse toujours avec Julina c'est hors de question.
-Bon ok pour Julina c'est pas cool. Mais tu l'aimes cette fille, tu nous a saoulé avec elle ! Et Naëlle ceci et Naëlle cela... et qu'est ce qu'elle est belle, et j'aime quand elle rit et bla et bla Franchement.
-T'es désagréable c'est dingue !
-Prends au moins des nouvelles, parle lui, essaie de la voir. Des jours et des jours sans rien, comment tu veux que ça bouge ?
-Mais je peux pas. Elle est au plus mal depuis la rupture. Et je lui dis quoi ? Quand t'a fini de pleurer je suis là.
-Ou alors pleure sur mon épaule et dans mon lit.
-Alba !
-Oh ça va ! On rigole un peu ! T'es prude des fois. Non mais sérieux, de quoi t'as envie ?
-Je voudrais ne pas l'aimer, ne pas être la collègue et la pote de Julina, parce que vraiment je supporte pas de la voir aussi mal à cause de la rupture. Alors que je suis bouleversée par son ex.
-Ouais je comprends, mais tu peux pas revenir sur ça. Donc soit tu l'oublies et tu agis en conséquence. Soit tu essaies de la garder au moins en pote, mais j'y crois moyen, il y aura toujours une ambiguïté. »

Alba a raison, mais comment être dans sa vie, sans pouvoir être sa copine. Je ne sais pas comment je vais pouvoir gérer tout ça. Mais ça ne coûte rien d'essayer, une amitié avec Naëlle pour ne blesser ni elle ni Ju'. Voilà je peux au moins faire ça.
J'ai mon week-end de libre je devrais en profiter. La semaine prochaine j'ai tellement de boulot que je vais passer tout mon temps avec une Julina bien déprimée sous pression et en stress, un régal !
Je ne peux pas refuser, j'ai besoin d'argent je ne roule pas sur l'or et elle m'offre la possibilité de vivre assez tranquillement. Je n'ai jamais été aussi reposée.
Je n'ai pas de liens avec mes parents, on ne s'entend pas eux et moi, j'ai rapidement coupé les ponts. J'ai pas mal galéré et squatté chez des potes. J'avais besoin d'argent et a vingt ans on m'a laissé ma chance dans un resto, j'avais des horaires horribles et une paye assez faible mais je n'étais pas dehors. Je mesure la chance que j'ai de bosser avec Julina d'avoir des soirées aussi cools et de pouvoir vivre en coloc avec des potes.
Et je ne veux pas mettre mon équilibre en péril, pour la première fois je suis à ma place, j'ai pas énormément d'argent mais c'est toujours ça. Et surtout je suis bien. Il ne me manque rien si ce n'est l'amour. . . Naëlle est le risque que je dois prendre (ou non).

Il faut que je réussisse à lui envoyer ce foutu message. Je lui ai tout avoué puis je suis parti je ne l'ai pas vraiment laissé s'exprimer. J'avais tellement peur d'avoir tout foutu en l'air. Mais là je n'ai plus rien à perdre elle ne me parle pas. Elle regarde mes réseaux, et malgré elle reste silencieuse.
Ca veut dire que c'est à moi de faire le premier pas.
« Salut Naë, j'espère que tu vas bien. J'ai écris puis effacé des messages une bonne dizaine de fois. J'aimerais que l'on se voit, qu'on discute. Je ne te mets pas la pression. Si tu ne veux plus me voir je comprendrais. J'ai juste besoin d'y voir un peu clair et surtout savoir comment me positionner avec toi. Je t'embrasse. »

C'est envoyé je regrette déjà. Dans le fond j'ai une lueur d'espoir, aussi petite soit-elle pour qu'elle veuille bien qu'on se revoit.
Je ne m'attendais pas à ça mais elle répond déjà.