La vie est une fête.

20. Et vive l'amitié

 Le réveil est doux. Ces dernières semaines ont été géniales. Même les journées de travail sont agréables. Je passe énormément de temps avec Thaïs, elle me fait découvrir plein de lieux, de soirées, de restaurants. J'aime tous les moments qu'on passe ensemble. Nous avons une relation si privilégiée, je suis dans une bulle et je ne veux pas qu'elle éclate. Je suis à l'abris et protégée, c'est si plaisant. Elle est présente pour moi, dans tout ce que je vis, et j'ai envie de tout partager avec elle. Son absence est parfois très douloureuse, on essaie de s'adapter au mieux à la situation. Souvent c'est source de conflit; Je sais qu'elle m'attend et moi je fais un pas en avant puis deux en arrière.
Je me demande parfois pourquoi elle est encore là, alors qu'elle pourrait avoir plein d'autre filles qui ne demanderaient qu'à être à ma place.
Rien de physique ne s'est passé. Pas encore, ça devient de plus en plus difficile pour moi de me contenir. Je la regarde différemment et tout me plaît chez elle. Ses yeux, sa bouche, ses épaules, son dos, ses formes, sa façon de s'approcher de moi. Et son odeur me donne envie de la goûter. Une réelle tension se créée entre nous, mais je ne veux pas céder, pas tout de suite, j'ai très envie d'elle mais j'ai besoin d'être sûre de moi, car dans un coin de ma tête il y a toujours Ju'.

J'ai rendez-vous avec elle aujourd'hui. Une simple balade au parc, je suis impatiente. Elle me fait tellement rire. Je ne me pose aucune question, je n'ai qu'à profiter et penser à rien. Thaïs est incroyable. Je suis chanceuse je le sais, j'espère juste ne pas tout gâcher comme à mon habitude.

Comme toujours elle est en avance. Je l'aperçois de loin, la simple vision de sa silhouette me fait sourire.
« Salut toi !
-Hey ! Je t'ai pas trop manqué ?
-hum... Un peu, tu m'attends depuis longtemps ?
-Non, non j'ai juste pris quelques bières, à défaut des fleurs.
-Thaïs une romantique, qu'est ce que tu caches d'autre ?
-Beaucoup trop de choses ! J'avais pas envie de venir les mains vides.
-C'est mignon . »

On s'installe sous un arbre, à l'ombre. Le temps est bon, Thaïs fait l'imbécile comme toujours et je ris sans retenue. Je chéris chacun de ces moments. Nous discutons pendant de longues minutes. Nos mains se frôlent nos doigts se touchent et se caressent mais nous n'osons pas aller plus loin. Ces gestes sont c'est si doux, je pourrais rester comme ça le reste de la journée. Tout à coup elle prend son téléphone puis le retourne fortement. Durant de longues minutes le silence s'installe je ne suis plus à l'aise.
« Tout va bien ? T'as l'air un peu ailleurs ? J'ai fait quelque chose ?
-Euh, non non désolée. C'est juste que je viens de recevoir un message de Julina.
-Merde...
-Ouais, elle me propose d'aller boire un verre ce soir, avec des potes que vous avez en commun en plus.
-Oui, c'est vrai qu'il y a une soirée. Mais je n'y vais pas. Je n'ai pas le courage...
-Et moi alors ! Je pourrais jamais passer du temps avec elle alors que toi et moi on. Bah on .. On se voit ?
-Oui ... »
Une gêne monumentale s'incruste entre nous, Thaïs qui avait sa tête sur mon épaule vient de s'éloigner. J'aimerais que la situation soit plus simple, mais une chose se passe entre nous. Je me sens si coupable pour Julina. J'ai l'impression de leur faire du mal à toutes les deux.
J'ai toujours des sentiments pour Ju' et elle aura toujours une place particulière, mais aujourd'hui je veux aller de l'avant. J'ai passé des mois et des mois à pleurer, à vouloir et attendre qu'elle revienne. Sincèrement si nous n'avions pas Julina en commun tout serait plus simple. Il y a une alchimie entre nous. J'ai cette sensation de la connaître depuis toujours, Thaïs me fait me sentir si bien.

« Je devrais peut-être y aller Naë.
-Attends s'il te plait !
-Je risque d'être de mauvaise compagnie. Chaque jours passé avec toi, me montre à quel point je suis attachée. Tu me plais vraiment. Et ça me dérange même pas de ne pas avoir pu te toucher ou t'embrasser tellement je suis bien. Mais dès que je pense à Julina j'ai envie de vomir. C'est dur pour moi je t'assure.
-Je sais. Je comprends, c'est pas facile pour moi non plus. Je suis toujours contente de te voir, impatiente même. Si je pouvais je serais avec toi encore plus souvent. Et parfois je repense à Ju' , à notre histoire, à elle. Et c'est confus, mais je culpabilise aussi.
-Alors on devrait arrêter. Ça n'a pas vraiment commencer. Mais je vais pas m'en sortir. Et je veux pas perdre mon travail. J'ai trop été dans la misère pour y retourner .
-Attends, tu fais quoi là ? C'est un choix qu'on doit faire là tout de suite ?
-Naë j'en sais rien. Ça me prends la tête je suis super heureuse depuis deux mois parce qu'on se rapproche, vraiment, les semaines où je sais qu'on va beaucoup se voir me rendent euphorique. Et puis je vais bosser et là je me dégoûte, mais je me dis que c'est pas grave parce que je te revois. Sauf que c'est pas possible d'être autant tiraillée.
-Ok, alors on garde une relation amicale ? Si on doit en arrivée là je suis d'accord j'ai pas envie de te perdre, ni de faire de mal à Julina. »