AU-DELA DU TEMPS

Chapitre 5

-Attends moi la deux minutes.

Je n'ai pas le temps de dire ou faire quoi ce soit que Louis se précipite dans la boulangerie devant laquelle nous venons de nous arrêter. A travers la vitre, je l'observe discuter joyeusement avec la vendeuse derrière le comptoir, et mon coeur se réchauffe lorsqu'il ressort une minute plus tard, deux gobelets fumants entre les mains et un sachet coincé sous le bras.

-Café, il sourit en me tendant un des deux gobelets en carton.

L'attention me touche particulièrement, bien que ce ne soit qu'un café, et je récupère la boisson qu'il me tend.

-J'y ai fais mettre un demi sucre, je ne me suis pas trompé ?

Ses mots m'arrachent un sourire incontrôlable et je secoue négativement la tête, touché qu'il se souvienne de ce détail. Steven lui met toujours un sucre entier, car il ne trouve pas ça pratique de devoir en couper un en deux.

-Merci Louis.

Il me sourit sincèrement et me fait un signe de tête pour y aller. Nous recommençons à marcher côte à côte dans la rue, et je bois quelques petites gorgées de mon café chaud.

Louis me tend le sachet ouvert de sa main libre, et je le remercie en y piochant une viennoiserie.

Il nous faut quelques minutes supplémentaires avant d'arriver. Devant le portail, Louis se tourne vers moi, son regard attentif fixé sur mon visage.

-Ca va ? Il demande avec précaution. Je peux t'attendre là si tu veux.

Je hoche positivement la tête et le remercie, la gorge nouée. Je termine la dernière gorgée de mon café, jette le gobelet vide dans la poubelle près de l'entrée et pousse doucement le portail.

Mon coeur bat à une vitesse incontrôlable alors que je fais mes premiers pas dans le cimetière. Je n'y ai pas mis les pieds depuis des années, et pourtant, je n'ai pas besoin de réfléchir à l'endroit où je dois me rendre. Mes jambes m'y portent elles même.

Mon estomac se retourne lorsque je m'arrête enfin devant la pierre tombale. Je ne l'ai vu qu'une fois, le jour de l'enterrement.

Mon coeur s'emballe et ma gorge se noue. Les larmes me montent presque aussitôt aux yeux. C'est trop dur.

Je regarde la photo de ma grand mère en silence, celle que nous avons choisi lorsqu'elle est décédée, et mon corps se met à trembler sans que je ne puisse le contrôler. Une première larme échappe à ma vigilance et mes épaules se voûtent douloureusement lorsqu'un sanglot me bloque la gorge.

La totalité de mon corps se tend de surprise lorsqu'une main se pose dans le bas de mon dos, mais le soulagement soudain que ça créer en moi un quart de seconde plus tard me fait m'effondrer contre le corps de Louis qui passe ses bras autour de moi, sans un mot.

Il ne dit rien, il se contente de me serrer doucement contre lui tout en me laissant le temps d'évacuer toute cette douleur et ce manque qui compriment mon coeur. Il se contente d'être là, comme il l'a été des années plus tôt lorsque ma grand mère est partie, lorsque nous lui avons définitivement dit au revoir dans ce même cimetière. Il se contente d'être là pour moi, à mes côtés, et ça me fait tellement de bien, qu'un sourire incontrôlable perce à travers les larmes qui continuent à glisser sur mes joues.

**

Une vingtaine de minutes plus tard, nous sommes tous les deux assis sur le banc à côté de l'entrée du cimetière. Louis me parle des souvenirs qu'il a de notre enfance, des nombreux goûters que nous avons pris chez ma grand mère. Il me parle d'elle, du souvenir qu'il en garde et de la joie qu'elle avait toujours à nous accueillir lorsque nous nous présentions à sa porte, Liam Louis et moi.