Chapitre 29

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-J'ai envie de manger une pizza, pas toi ? demande Louis en relevant les yeux de son téléphone.

Je le fixe quelques secondes, sourcils froncés. Je ne comprends pas d'où lui vient cette soudaine envie de pizza. Nous sommes installés dans le canapé en train de regarder un épisode de la série que nous avons commencés hier soir après le départ de ma mère.

C'est vrai qu'après la longue promenade en ville que nous avons fait cette après-midi, je n'ai aucune motivation à l'idée de préparer quelque chose pour le repas du soir.

-Pourquoi pas.

-Je vais aller en chercher en ville, il sourit en se redressant déjà.

Je fronce un peu plus les sourcils, étonné.

-Tu sais qu'ils livrent, pas vrai ?

-Je vais aller chercher directement, pas besoin de les déranger.

Je lève un sourcil avant de ne plus pouvoir retenir mon léger rire.

-Tu en as déjà marre de moi que tu meurs d'envie de t'échapper ? Je demande, angoissé malgré tout qu'il ressente le besoin de s'isoler et de s'évader quelques instants loin de moi.

Louis glousse à mes mots et se penche pour me voler un baiser.

-Le jour où j'en aurais marre de toi n'est pas prêt d'arriver. Tu la veux à quoi ta pizza ?

-Comme d'habitude, je souris en coin.

J'attends de voir s'il me connait bien.

-D'accord, je reviens vite. Ça va aller ? Pas mal à la tête ?

-Si, je souffre le martyre, tu devrais rester... Je tente en faisant la moue.

-Menteur, rit Louis en me volant un autre baiser.

Je le retiens contre moi quelques secondes, embrassant délicatement ses lèvres à plusieurs reprises. J'ai du mal à le laisser partir. Nous sommes collés l'un à l'autre depuis son arrivée à l'hôpital mardi soir, et je commence à me demander ce que ça va être lorsqu'il devra repartir dimanche soir si je suis déjà incapable de le lâcher dix minutes pour qu'il aille chercher deux pizzas.

Cette pensée se met à tourner en boucle dans ma tête alors qu'il sort de l'appartement, sa veste sur le dos et son portefeuille et mes clés de voiture dans la main.

Je ne peux m'empêcher de penser à dimanche soir et au vide qu'il va laisser en repartant dans le train en direction de chez lui. C'est la première fois depuis que nous sommes en couple que nous passons autant de temps ensemble, et j'avoue m'être habitué à tout ça en si peu de temps.

J'aime m'endormir dans ses bras et me réveiller à ses côtés chaque matin, j'aime m'assoir sur le plan de travail pour le regarder cuisiner, j'aime l'entendre chantonner lorsqu'il prend sa douche. J'aime ses affaires qui traînent un peu partout sur le sol de la chambre. Je m'habitue à sa présence, et j'ai du mal à réaliser que je serais à nouveau seul dans cet appartement dimanche soir.

Je décide de m'occuper pour essayer de me changer les idées. Je ne peux pas laisser cette pensée me plomber ainsi le moral alors que nous ne sommes que vendredi soir. Louis est encore là demain et dimanche, et j'ai peur de gâcher nos derniers moments en restant dans cet état d'esprit morose. Je me lève et commence à ranger un peu le salon. Je ramasse le sweat à capuche de Louis qui traîne près du canapé et plonge mon visage dedans pour prendre une longue inspiration de l'odeur de lessive mélangée à son parfum.

Une fois le salon rangé, je m'occupe de faire la vaisselle de midi qui traîne encore dans l'évier de la cuisine. J'essaye de me concentrer pour ne pas penser au manque de Louis. Mes pensées sont un peu embrouillées. Je suis incapable de savoir s'il me manque à l'instant présent, alors qu'il n'est parti que depuis quinze minutes, ou si j'appréhende tellement de me retrouver sans lui dimanche soir que je commence déjà à en ressentir les effets.

AU-DELA DU TEMPSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant