Chapitre 17

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C'est vraiment une sensation étrange de passer la journée avec Louis de manière tout à fait normale en sachant au fond de moi quel goût ont ses lèvres.

C'est quelque chose dont je rêve et que j'espère vivre un jour depuis tellement d'années que c'est assez perturbant de l'avoir enfin découvert et de devoir faire comme si rien ne s'était passé, comme si ça n'était jamais arrivé.

Toute la journée, nous avons agi l'un avec l'autre comme nous l'avons fait ces dernières semaines. J'ai dû terriblement prendre sur moi pour réussir la prouesse de ne rien laisser paraître avec le souvenir de ses lèvres contre les miennes à chaque fois que mon regard s'est posé sur lui.

J'ai réussi à ne pas me laisser submerger, à ne pas penser qu'à ça.

Louis n'y a fait aucune allusion, et vu le mal de crâne intense avec lequel il s'est réveillé ce matin, je n'ai absolument aucun doute sur le fait qu'il ait oublié.

Nous avons passé une grosse partie de la matinée à somnoler dans mon lit en attendant que le mal de tête nous laisse tranquille, et une fois remis de notre soirée alcoolisée, nous sommes sortis manger un morceau et nous avons passé une bonne partie de l'après-midi à nous promener en ville avant de retourner à mon appartement pour somnoler à nouveau devant un film.

Aux alentours de dix-huit heures, nous avons pris la route de la gare, et nous sommes maintenant assis l'un à côté de l'autre sur un banc face au quai, attendant le train de Louis.

Mon cerveau ne cesse de fonctionner à plein régime. Je repense à la soirée de la veille et aux baisers que nous avons échangés. Je repense à la manière dont les yeux de Louis sont passés de mes yeux à ma bouche plusieurs fois avant que nous nous embrassions. Je repense à ses mains agrippées dans mes cheveux et ses baisers volés, encore et encore, et j'ai énormément de mal à me faire à l'idée que tout ceci ne veuille rien dire pour lui, que ce soit effacé de sa mémoire alors que ça risque de me tenir éveillé toute la nuit pour ma part.

En me concentrant, je peux encore sentir le goût de ses lèvres sur les miennes, le goût de sa langue. Je peux sentir son souffle chaud contre mon visage et ses doigts serrer ma nuque.

C'est terrible d'être le seul à savoir que c'est arrivé.

Je crois qu'en réalité, je me sens presque coupable. J'ai l'impression de lui avoir voler quelque chose, d'avoir profité de son état d'ébriété pour l'embrasser sans qu'il ne s'en souvienne.

-Haz ?

Mon corps sursaute en entendant la voix de Louis et je tourne mon visage vers le sien, l'interrogeant sur regard.

-T'étais parti très loin dans tes pensées là, il sourit.

J'acquiesce en répondant d'un petit rire nerveux.

-Mon train va entrer en gare, il m'informe en se levant.

Je suis son mouvement et me place debout face à lui, un sourire triste aux lèvres. J'ai l'impression que ces deux jours sont passés à une vitesse affolante, et comme à chaque fois qu'il doit rentrer chez lui, j'ai terriblement mal au cœur de le laisser partir.

-Tu te sens mieux ? Il demande lorsque je me laisse attirer dans ses bras pour une longue étreinte.

Mon cœur se réchauffe à ses mots et je souris tendrement, les yeux fermés, mon visage plongé dans son cou.

-Oui, ça m'a fait beaucoup de bien. Merci d'être venu... Je murmure.

Louis resserre son étreinte autour de moi et ne me lâche pas immédiatement, même lorsque son train s'arrête contre le quai.

AU-DELA DU TEMPSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant