AU-DELA DU TEMPS

Chapitre 26

-Harry ? Harry tu m'entends ?

Je fronce un peu les sourcils, complètement perdu. Je suis dans le flou total. Mon cœur bat vite et de manière désordonnée, et je peux entendre mon sang pulser à travers mes veines. J'ai la bouche pâteuse et une désagréable envie de vomir, mais j'ai par-dessus tout l'impression d'être complètement hors de mon corps. J'entends vaguement la voix de Steven, lointaine, faible. Ça siffle dans mes oreilles.

Je ne sais pas exactement dire combien de temps il me faut avant de réussir à retrouver un peu de contrôle sur moi-même, mais une chose est sûre, la sensation de malaise ne me quitte pas, même lorsque mon ouïe redevient normale.

-C'est bon, ça va, je le rassure en tentant de me redresser.

Tous mes sens se brouillent et ma tête se met violemment à tourner, ma vision troublée. Même mes oreilles se mettent à siffler à nouveau, et ma bouche se remplit désagréablement de salive.

-Oh punaise, je souffle, au bord du malaise.

-Non, bouges pas, me demande Steven en appuyant doucement sa main sur mon épaule pour m'empêcher de me lever.

Quelques secondes plus tard, je sens sa main se glisser à l'arrière de mon crâne, et finalement, ma tête repose sur quelque chose de mou et confortable, sûrement un coussin.

-Je vais appeler les pompiers.

-Non, ça va, je souffle difficilement. 

Ma voix est pâteuse et j'ai un peu de mal à articuler, mais je vais bien. Je suis juste un peu sonné. Pas besoin de déranger les pompiers pour si peu.

-Bouges pas s'il te plait, je vais chercher des compresses.

-Je ne bouges pas, je promets, les yeux fermés.

Je sens le corps de Steven se redresser. Je l'entends se précipiter jusqu'à la salle de bain, et quelques secondes plus tard, je peux à nouveau sentir sa présence près de moi.

-J'y vais doucement, il souffle juste avant de poser une compresse sur ma tempe.

La douleur me fait grimacer au contact et je suis à deux doigts de tourner de l'œil lorsque je sens la plaie s'écarter quand Steven essuie doucement le sang.

-Tu dois aller à l'hôpital, c'est profond.

J'ai la tête qui tourne, je ne me sens vraiment pas bien. J'ai l'impression d'être complètement shooté, drogué. Ça tourne autour de moi et mes sens ne cessent de se troubler.

Je ne comprends pas tout à fait ce qu'il se passe lorsque Steven se met à parler et récite l'adresse de son appartement. Je suis complètement chamboulé, et il me faut quelques secondes avant de comprendre qu'il est en fait en ligne avec les pompiers.

-Oui, c'est ça. Mon petit-ami est tombé et s'est assommé contre le coin de la table basse. Oui, il y a une plaie. J'ai couvert avec des compresses. Oui, je patiente.

Je fronce un peu les sourcils, perdu. J'ai du mal à réfléchir correctement et à comprendre pourquoi est-ce que Steven m'appelle son petit-ami. Je suis complètement chamboulé, j'ai l'impression d'avoir manqué une étape, une information. Qu'est-ce qu'il s'est passé plus tôt ? J'ai du mal à me souvenir de notre conversation.

-Harry Styles, reprend Steven après quelques secondes de silence. Oui, il a vingt-six ans. Oui, je lui demande.

La main de Steven se pose sur mon bras, attirant mon attention. Je relève difficilement mes yeux vers lui, la vision encore légèrement floue.

-Est-ce que tu peux me dire quel jour on est ?

Je réfléchis quelques secondes. J'ai besoin de refaire le dérouler de ma journée avant de pouvoir donner une réponse.