« Steve » gronde Bucky, rentré pour le week-end d'Halloween, en désignant son oeil barbouillé d'un coquard mal résorbé.
Steve regarde le ciel, angélique.
« Qui t'a fait ça, que je l'attrape ?
- T'inquiète, il a fui.
- Oh ! Raconte ! »
Steve lui donne une bourrade. Ils mangent dehors, hot dog frites, coca, abrités sous des arcades. Steve parle d'abord de peinture, de gravure, d'un projet d'impression monté par un professeur. Bucky explique ce qu'il a appris en stratégie militaire. Il chipe les dernières frites de son cornet et soupire d'aise en frottant ses mains pour les débarrasser des grains de sel. La pluie continue de tomber drue sur les pierres, un rideau scintillant devant la rue. Un monsieur rouspète de les voir assis sur le dossier, les pieds sur le banc, et puis disparaît. Dans le petit instant de silence qui s'ensuit, Steve inspire. Le sang accélère, dans son œil blessé.
« Tu avais raison pour Wallace, au fait.
- Hum ? Qu'est-ce que j'avais dit, déjà ? »
Steve lève les yeux au ciel en frottant ses mains sur ses genoux.
« La lavande qu'il m'a donnée, ça t'avait fait tiquer. Tu avais tort, quand il nous a donné ces fleurs, c'était vraiment pour l'art. Mais tu avais raison, les garçons lui plaisent. »
La tension de Bucky est montée en flèche. Il balance du pied, en regardant au loin, faussement indifférent, aussi nerveux que son ami.
« C'est bien une tante, alors ?
- Non, il m'a dit qu'il fréquentait, mais sans se déguiser, ni se vendre.
- Ah, bizarre. »
Sérieusement ? Bizarre ?
« Il a un ami. »
Bucky a le visage bien fermé et retient un soupir. Pourquoi faut-il qu'il ramène ce sujet ?
Steve réprime un frisson. C'est un peu pervers de sa part, d'exposer son ami, en plus, ça met Bucky mal à l'aise pour... rien ? Si : il a besoin de savoir. Il y pense trop, il perd la tête. Il sait qu'il a beaucoup changé au contact de Wallace, en un rien de temps. Bucky n'a pas fait ce chemin, alors... S'il se trompait, s'il devait rester sur la ligne de la vertu ? C'est ce que cherche Steve en le lui disant. C'était plus facile de rejeter tout en bloc quand ça ne concernait personne que je connaissais, alors toi qui es à l'extérieur, rappelle-moi s'il le faut combien c'est immoral. J'ai perdu mes repères.
« Et ouais donc du coup, le gars qui m'a cogné, c'est parce qu'il l'avait insulté. »
Je dois savoir ce que tu en penses.
Y a un défi au coin des yeux de Steve, son ivresse de justice que rien ne tarit, et ce n'est ni la fierté d'avoir défendu l'opprimé, ni celle de fréquenter des coins illicites au nom de la liberté. Chez Steve, c'est bien plus naturel. En temps normal, Bucky suit tout ce dans quoi il s'engage, les yeux fermés, la confiance aveugle, je me fie à ton jugement.
En temps normal, Bucky dirait : tu as bien fait.
« Il ne sait pas se défendre tout seul, Wallace ? »
Steve bondit :
« Non mais tu peux causer, toi !
- Quoi ? Je me défends bien tout seul, moi !
- Oui, et tu ME défends !
- Ouais. T'es mon punk. »
Steve le toise, interdit. Il sait ce qu'il dit, là ? Il sait ?
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À Brooklyn
Фанфик// Stucky // À Brooklyn, rien ne se passe comme prévu. Voici comment Bucky et Steve sont devenus amis inséparables et comment cette amitié a surpassé le déni et le refoulement Voici aussi comment Steve a entamé sa carrière d'artiste, en meme temps q...