Chapitre 3: Leah

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Après avoir conduit quasiment quatre heures, je me garai sur le parking du garage où Leah en sortit précipitamment avec ses bagages. Lorsque je descendis de ma voiture, elle m'accueillit en vociférant des paroles incompréhensibles, à l'image de la dureté des traits de son visage.

Si certains étaient agacés par la mauvaise humeur permanente de Leah, j'avais appris à m'en amuser dans certaines situations, ce qui l'aidait parfois à se détendre. Les bons jours, elle allait même se laisser rire, ce qui l'avait surprise plus d'une fois. 

- Moi aussi je suis ravi de déjà te retrouver, lui signifiai-je moqueur.

- Je ne suis pas d'humeur, répondit-elle d'un ton tranchant en ouvrant le coffre.

Je l'avais remarqué, pensai-je. J'aurais également voulu lui demander si elle était tombée en panne d'essence, mais je m'abstint de plaisanter en la voyant jeter ses bagages dans le coffre sans ménagement. Aujourd'hui n'était pas un bon jour. 

- Ta voiture est trop vieille pour supporter les longs trajets? demandai-je simplement.

- Elle est foutue, répondit-elle en claquant le coffre.

Tandis qu'elle s'installait dans la voiture, côté passager, je me dirigeai vers le garage. Mes pas étaient bien lourds à cause de la chaleur accablante et de ce long trajet qui m'avait épuisé. J'avais besoin de boire, de passer aux toilettes, et j'espérai que Leah accepterai une petite escale dans une épicerie puisque je mourrais également de faim.

- Qu'est-ce que tu fais ? cria-t-elle.

- Je dois passer aux toilettes et je t'avoue que rester assis aussi longtemps est épuisant, lui annonçai-je en continuant d'avancer. Et de rien Leah, je suis ravi d'avoir pu t'aider, ajoutai-je las.

Une fois à l'intérieur, seul le bruit de la climatisation m'accueillit. Le garage étant minuscule, je n'eu aucune peine à trouver les toilettes. Même si l'idée d'y rester un moment afin de profiter de la fraîcheur de la climatisation m'avait effleuré l'esprit, l'odeur nauséabonde qui y régnait me fit décamper assez rapidement de l'endroit. En sortant, je passai à côté des employés et les entendis parler d'un accident.

- La fille a eu de la chance, dit le vieux barbu en se servant un café. Elle n'a même pas une égratignure alors que sa voiture est bonne pour la casse!

- Il aurait été dommage qu'un si beau visage soit écorché, répondit le plus jeune. En tout cas, ma théorie est toujours d'actualité! 

- Quelle théorie?  

- Les belles filles sont souvent hystériques, rigola le jeune.

Alors qu'il détacha son regard de son gobelet, son collègue me vit les dévisager. 

- Tes paroles sont déplacées, le sermonna le barbu.

Il n'y avait maintenant plus aucun doute, Leah avait une nouvelle fois choisit de me mentir en préférant mentionner un panne plutôt qu'un accident. 

Quelque peu frustré, je fis un signe de tête aux employés afin de les saluer. Le barbu me répondit par un sourire, tandis que le plus jeune, gêné par ses paroles, mit ses mains dans ses poches. Une fois à l'extérieur, je vis que Leah avait changé de place et s'était installée derrière le volant. Tout en m'installant sur le siège passager, je fus ravis de constater que Leah avait déjà allumé le moteur afin de faire rugir la climatisation. Ou peut-être était-ce pour quitter cet endroit le plus rapidement possible? Je n'avais même pas eu le temps d'attacher ma ceinture qu'elle écrasa son pied sur l'accélérateur.

Rumeurs - Seth ClearwaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant