Chapitre 8: La pluie fait le beau temps

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Ne souhaitant plus rien cacher, nous avions profité de la présence de notre mère afin de lui faire part de mon imprégnation et des secrets de Leah. Alors que je m'attendais à ce qu'elle porte toutes ses inquiétudes vis à vis de Leah, elle s'était également attardée à ce que je lui fasse un bilan complet sur ce que je ressentais. Puis, emportée par la curiosité, elle m'avait posé bien trop de questions au sujet de Martha, dont certaines réponses m'étaient encore inconnues.

Afin de nous apporter son soutien, et sûrement rongé par les remords de ne pas avoir été assez présente, ma mère s'était évertuée à rentrer chaque soir à la maison. Parfois, Charlie manifestait sa présence et ses regards trahissaient encore une certaine incompréhension vis à vis de notre condition. Il ne s'était jamais remit de la soudaine mutation de Jacob et il ne s'y ferait probablement jamais.

Si la présence de ma mère et ses nombreuses questions ne m'agaçaient pas le moins du monde, les soudaines intrusions de Paul à la sortie du lycée avaient eu le don de me dépiter. La raison première de ses allers et venues était qu'il ne s'était toujours pas remit de s'être fait cataloguer de petit chien tenu en laisse par sa copine. Alors, il se pavanait, la tête haute, un sourire narquois dessiné sur les lèvres, et le regard prêt à dégainer une salve de balles. Puis, Martha constituait bien évidemment la seconde raison de sa présence oppressante. Malgré tout, depuis, les rumeurs à notre sujet s'étaient dissipées et la peur qu'il instaurait avait le don de l'emplir d'une certaine fierté. Son ego auparavant brisé avait été comblé par ce constat.

Une dizaine de jours s'étaient écoulés depuis. En sortant du lycée, j'avais espéré voir devant mes yeux un parking vide de la présence de Paul. Mais il était là, une nouvelle fois. Et il nous ramènerait, encore une fois. Alors qu'habituellement, je profitais de nos quelques secondes d'intimité avec Martha, je sentis une légère colère enivrante s'approprier de chaque parcelle de mon corps. Je n'arrivais plus à me contenter de ces dernières secondes d'intimité. Paul me privait de minutes entières à ses côtés. Ces minutes cumulées pouvaient actuellement se compter en heures. J'avais donc été privé d'un temps précieux à me délecter de Martha et de son monde apaisant.

- Tu as l'air d'être en colère, dit Martha en me dévisageant.

Sa voix douce et lunaire m'apaisa comme par enchantement.

- J'aurais bien aimé qu'on rentre tous les deux, comme avant, lui avouai-je.

Son immense sourire fit rayonner son visage et creusa sa fossette que j'aimais tant. Puis, tout en marchant, je me rappelai que Paul pouvait écouter chacune de nos parole. Lorsque je focalisai mon attention vers ce dernier, il était adossé sur le capot de sa voiture, les bras croisés, et me dévisageait en fronçant les sourcils.

- Je comprends! scanda-t-elle.

Paul paraissait a présent abasourdi par les mots de Martha. Ses expressions et son regard naviguaient entre la colère et l'incompréhension.

- Parfois, j'avais envie de rentrer en marchant sous la pluie en écoutant de la musique! ajouta-t-elle.

Une fine lame me transperça le cœur. Martha ne m'avait jamais caché qu'elle aimait la solitude. Elle aimait passer ses soirées et ses week-end entiers à dessiner ou à peindre en écoutant de la musique. Elle avait besoin de ces moments de quiétude pour l'apaiser puisque le vacarme du quotidien l'épuisait. C'est pourquoi, je n'avais encore jamais osé l'inviter à sortir, ne serait-ce qu'un après-midi après les cours pour une simple ballade sur la plage.

- J'avais créé une playlist avec mes morceaux préférés et je voulais te les faire écouter, termina-t-elle la mine pensive.

Bien trop soulagé, je ne pus m'empêcher de sourire niaisement. Il allait falloir que j'arrête de penser autant, surtout si c'était pour me tracasser inutilement.

Rumeurs - Seth ClearwaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant