Rumeurs - Seth Clearwater

Chapitre 11: Une histoire de gênes

Je m'étais levé d'excellente humeur ce lundi matin. J'avançai avec hâte jusqu'à chez Martha et la vis sortir de chez elle. Tout comme le soleil, elle rayonnait. Sa longue veste blanche et son foulard assortis faisaient ressortir le teint cuivré de sa peau. Tandis qu'elle s'avançait doucement à ma rencontre, je la vis froncer légèrement les sourcils. C'est alors que je compris mon erreur. Le temps s'était dangereusement rafraîchit, et n'en n'ayant pas pris conscience, j'étais sortis de la maison sans prendre la peine d'enfiler autre chose qu'un tee-shirt sur le dos. Je n'allais donc pas passer inaperçu, encore une fois.

- Tu fais une allergie à quelque chose? demanda-t-elle contre toute attente en se figeant devant moi.

- Non, pourquoi? m'étonnai-je.

- Tes pupilles sont dilatées, constata-t-elle en me fixant du regard.

- C'est sûrement le froid, mentis-je.

- Tu aurais dû prendre un manteau.

Alors que je tentai de garder un visage impassible afin de dissimuler non seulement mon mensonge, mais également ma fascination à son égard, les expressions de Martha se manifestèrent en toute franchise. Malgré son regard interrogateur, ses sourcils étaient toujours froncés et elle ne détachait pas son regard du mien. Emprisonné dans les profondeurs de ses yeux bruns, je fus tout d'abord bercé d'un bonheur apaisant avant de sentir mon estomac se nouer d'inquiétude.

- Et si on allait à l'école, dis-je en brisant notre contact visuel avant de commencer à marcher.

Mes pas me paraissaient bien lourds à côté de sa marche fluide et guillerette. Encore une fois, je lui avais menti. Encore une fois, j'avais laissé passer l'occasion de lui dévoiler qui j'étais réellement. Mais ce n'était ni le lieu, ni le moment de lui expliquer ma nature et les spécificités qui en étaient nées.

Du coin de l'œil, je la vis marcher à mes côtés en fixant l'horizon d'un regard qui me paraissait éteint. Puis, je remarquai que ses pas se calaient parfaitement aux miens malgré notre démarche différente. Martha était ailleurs, totalement sous l'emprise de ses pensées qui la coupaient de la réalité.

- Tout va bien? demandai-je coupable.

Alors que nous étions à quelques pas du lycée, Martha s'arrêta et contempla certains de nos camarades avant de me sourire d'une manière rassurante.

- Je vais très bien, m'assura-t-elle.

Ni ses expressions, ni le son de sa voix ne pouvaient me laisser penser le contraire. Elle allait bien. Cependant, je ne pu faire taire mes pensées qui m'indiquaient que quelque chose n'allait pas. Était-elle si douée pour mentir?

- Tu sais que si tu as besoin de parler à quelqu'un, je suis là. Je t'écouterai et je ne te jugerai pas. Tu le sais, n'est-ce pas? demandai-je en ne pouvant empêcher mes pas de se rapprocher d'elle.

Toujours souriante, Martha acquiesça. Elle va bien, tentai-je de me raisonner.

- Tu sais que si tu as besoin de parler à quelqu'un, je suis là. Je t'écouterai et je ne te jugerai pas. Tu le sais, n'est-ce-pas? répéta-t-elle au mot près.

- Je ... oui, répondis-je décontenancé.

- Tu n'as pas envie de parler aujourd'hui, Seth, alors même si je n'aime pas le silence, je me suis empêchée de parler, me dit-elle fièrement.

Face à son expression, je ne pu empêcher mon rire de briser ce silence qui la gênait tant. Elle va bien, constatai-je apaisé.

- Ce n'est pas que je n'ai pas envie de parler. J'étais juste perdu dans mes pensées, lui mentis-je à nouveau.