Chapitre 17: Douceurs hivernales

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Sur le trajet, Joe m'informa que Martha se portait bien, malgré la grippe très contagieuse qu'elle s'était inventée pour ne pas avoir à sortir de chez elle. Pour lui, elle avait simplement peur de découvrir l'étendue du monde réel, comme ces personnes qui prenaient conscience qu'elles n'étaient qu'un grain de poussière perdu dans l'univers. Alors si le loup que j'étais ne lui faisait surement pas peur, mon existence avait remit en question sa vision du monde.

Malgré la bonne humeur contagieuse de Joe qui chantait à tue-tête, accompagné par des musiques de noël émanant de son autoradio, l'ambiance ne venait pas réchauffer pleinement mon cœur. Après une vingtaine de minutes à regarder la nature défiler devant mes yeux, nous arrivions à Forks où quelques familles se baladaient, emmitouflées dans leurs vêtements d'hiver. Tous étaient heureux, à l'image de Joe dont l'excitation était palpable grâce à Noël qui approchait. En les regardant, je m'étais surpris à les envier. Tous avaient une vie normale. Une vie humaine. Une vie que j'aurais aimé offrir à Martha, sans avoir eu à l'impacter à cause de notre existence.

Le parking de la petite zone commerciale était bondé, tout comme le supermarché où la foule se pressait d'entrer afin d'effectuer quelques emplettes de noël. A mon grand soulagement, Joe n'avait prit qu'un panier qu'il remplissaient doucement de décorations. Discrètement, je regardais les aiguilles de sa montre pointer onze heures passées alors qu'il hésitait à se procurer une petite boutique miniature pour agrémenter son village de noël qui encombrait tous les ans son salon. Martha me manquait. Son absence qui me mettait mal à l'aise s'intensifiait même en une infime douleur physique. J'avais si hâte de la retrouver, même si je n'avais aucune idée de comment elle allait réagir lorsqu'elle me verrait sur le seuil de sa porte.

Les emplettes posées à mes pieds, je tentais de ne pas les écraser alors que Joe conduisait doucement sur le parking avant de stationner à nouveau devant des toiles abritant des sapins. Occupé à aider des personnes âgées à charger un petit sapin dans leur coffre, le vendeur nous salua alors que Joe s'extasiait devant tous ces arbres abattus.

- Pourquoi n'achètes-tu pas un sapin à La Push? Beaucoup en vendent, l'informai-je.

- Tu as bien vu que j'avais quelques achats à faire. Mais c'est aussi parce que je connais bien le vendeur. Il me les fait à moitié prix, répondit-il souriant.

Comme si Joe avait besoin de décorations de noël supplémentaires. Son grenier et son garage en étaient remplis. Sa passion nous laissait tous dans l'incompréhension.

- Que penses-tu de celui-ci? demanda-t-il.

- Il n'est pas trop petit? m'étonnai-je en me souvenant qu'il avait la folie des grandeurs.

- Bien sur que si! Mais Erana m'a clairement dit qu'elle ressortirait un sapin en plastique de son grenier si celui que je lui ramenais dépassait les deux mètres. Un sapin en plastique! répéta-t-il navré.

Alors que le vendeur salua chaleureusement Joe, un mince sourire se dessina sur mes lèvres. Pourquoi ne m'avait-il pas dit plus tôt que nous irions chez Martha pour y déposer un sapin? Ou alors, m'en avait-il parlé alors que je ne pensais qu'à elle et ne l'avais pas écouté?

Après avoir chargé sur son plateau un immense sapin et un de grande taille - bien trop petit à ses yeux -, mon excitation de revoir Martha fut rattrapée par une angoisse dévorante. Malgré tout, le trajet passa rapidement. Une fois garé devant chez les Lahote, je m'extirpais de l'habitacle en saluant Paul qui sortait de la maison avec nonchalance.

- Je vais chercher le diable, l'informa joyeusement Joe avant de pénétrer à l'intérieur de la maison.

En soulevant la bâche qui recouvrait les sapins, Paul souffla.

Rumeurs - Seth ClearwaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant