Chapitre 19: Prends-moi la main, je t'emmène au bal

352 21 9
                                    

Ce soir allait être merveilleux. Je regrettais presque de ne pas être allé m'acheter un costume pour l'occasion. Un costume un peu plus adulte, et surtout complet et uni. En enfilant ma veste marron par dessus ma chemise blanche, la tenue que j'avais déjà portée au mariage d'Edward et de Bella me paraissait dépareillée. Mon pantalon était d'un brun plus sombre que ma veste et la cravate appartenant à mon père me paraissait être soit délavée ou soit d'un ton encore différent. Cependant, il était trop tard pour ruminer. D'ici une petite heure, je serais au bal de noël avec Martha. Attrapant la cravate sur le dossier de ma chaise de bureau, je la posai telle une écharpe autour de mon cou en attendant de me souvenir comment cette chose se nouait. C'était une histoire de nœuds, passant les uns par dessus les autres. Étais-ce si différent des collets que mon père m'avait apprit à dresser sans difficulté? Ou si différents des nœuds de pêche? Tout en me regardant dans le miroir, j'attrapai chaque extrémité de la cravate et me mis au travail.

- Dans un champ, il y a un arbre magique...

Tout en chantant cette comptine qui m'était venue en tête, je passai l'extrémité la plus large par-dessus la plus fine.

- Un géant en fait le tour ...

Je fis alors un autre tour, passant à nouveau la plus large extrémité par-dessus la plus fine.

- ... pour entrer dans la cachette qui se trouve en dessous.

Cette fois-ci, je passai la plus fine partie de la cravate sous la sorte de nœud qui s'était créé.

- Comme il est très grand, il se plie en deux ...

Se plier en deux? Je repassai alors une nouvelle fois l'une des partie au-dessus du nœud, non convaincu par le résultat.

- ... et finit par s'y glisser! concluais-je en serrant.

Sans grande surprise, le nœud ne coula pas. Pressé, j'enlevai cet amas de nœuds de mon cou pour la démêler rapidement en regardant l'heure défiler. Et alors que je réitérai l'exercice en chantant toujours cette comptine, Leah pénétra dans ma chambre, amusée.

- C'est une chanson pour nouer les lacets, idiot, s'esclaffa-t-elle devant ma mine déconfite.

- Tu sais faire?! m'exclamai-je paniqué en dénouant à nouveau ce résultat foireux.

- Oui ... mais cette cravate date d'un autre siècle, alors franchement, ne la met pas.

Leah me prit la cravate des mains et l'examina.

- Je dirais qu'il l'a achetée dans les années soixante-dix ou quatre-vingts, vu la largeur de cette horreur, dit-elle en la balançant sur la chaise. On t'attends en bas, ajouta-t-elle.

Tout en regardant le cadran de ma montre, je grimaçai. J'avais perdu une bonne demi-heure mais fut soulagé de ne pas avoir quelque chose autour de mon cou. En bas, ma mère et ma sœur m'attendaient. Leah me tira vers elle et mit son bras autour de ma taille alors que ma mère attrapait son appareil photo pour immortaliser cet instant. Sous leurs regards pétillants et attendris, j'attrapais mon portefeuille et mes clefs de voiture sur le comptoir avant de prendre la route. Le cœur battant et le sourire aux lèvres, je me garai devant chez Martha et allais sonner. Elle apparut dans l'encadrement de la porte, plus belle que jamais, colorée comme chaque jour. Sa robe bleue ciel évasée centrait sa silhouette que je découvrais clairement pour la première fois, tout comme sa poitrine que son bustier laissait apercevoir. Alors qu'elle fermait la porte après m'avoir laissé entrer, mon regard se posa furtivement sur son chignon orné de fleurs, avant de se porter à nouveau sur ses omoplates et sur sa taille. Rougissant, je plongeais mon regard dans ses yeux bruns avant de l'embrasser tendrement.

Rumeurs - Seth ClearwaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant