Chapitre 14: Halloween

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Vêtu d'une chemise en tartan et d'un denim, je laissais mes pieds chaussés de santiags me guider avec avidité vers l'auberge où résidait Martha. Malgré tout, même si je m'apprêtais à passer ma soirée d'Halloween en sa douce compagnie, mon moral ne cessait de grimper sur des montagnes russes. Les faits évoqués par Leah nous avaient tous retournés, et alors que j'avais tenté de communiquer avec elle sur certains sujets, j'avais été effaré de constater qu'elle se raccrochait à ces questionnements afin de fuir la réalité. Puis, bien que les jours passaient, et même si je m'étais porté volontaire afin de contacter Embry, je redoutais de pouvoir garder mon calme tout en sachant que je l'entendrais souffler de soulagement au téléphone alors que je lui annoncerai qu'il pouvait rentrer sereinement à la Push pour les fêtes de fin d'années. Contrairement à Paul, je ne lui en voulais pas d'agir ainsi, pire même, je pouvais le comprendre. Du moins, j'essayais. Cependant, maintenant que je m'étais imprégné de Martha, son bonheur était devenu le mien. Et son bonheur avait un prénom: Lysandre. Elle était le malheur de mon ami, tout comme elle était le rayon de soleil qui faisait briller mon imprégnée.

Tout en chassant mes pensées étouffantes, je frappais doucement à la porte, fier de mon costume assorti à celui de Martha. J'étais vêtu comme la victime de Martha Bender. Mais j'étais également une victime de l'imprégnation, pensais-je en entendant la voix d'Embry raisonner dans mon esprit. Néanmoins, cette pensée s'effaça lorsque Martha ouvrit la porte, en arborant fièrement son costume impeccablement rafistolé par Emily. Tout en tenant un pot à lait dans sa main, faisant office de récipient pour accumuler les sucreries, elle ferma doucement la porte derrière elle avant de me sourire avec émerveillement.

- On se complète bien ce soir! s'enthousiasma-t-elle.

- Sauf pour récupérer les bonbons, lui indiquais-je en lui montrant mon récipient en plastique en forme de citrouille.

Si de mon côté, je m'étais contenté de retrouver mon sceau que je trimbalais à chaque Halloween durant mon enfance, Martha pensait toujours au moindre détail esthétique. J'aimais sa créativité, ses rêves loufoques qu'elle dessinait, ses vêtements colorés qui reflétaient sa personnalité. Et ce n'était pas l'imprégnation qui m'y obligeais.

- Je le trouve très mignon! dit-elle avec un sourire sincère.

Ne pouvant plus attendre une seconde de plus sur le perron, je suivis l'impatiente Martha jusqu'à la maison voisine. Le sourire remonté jusqu'aux oreilles, elle appuya doucement sur la sonnette qui, au lieu de sonner, émit un rire démoniaque digne d'une série B. Paul avait du être dévasté lorsque Joe avait acheté cette trouvaille pour l'accrocher fièrement sur sa porte d'entrée. Et alors que Martha rigolait, la porte s'ouvrit sur une pâle copie du compte Dracula que Joe arborait fièrement en m'adressant un clin d'œil furtif. Cette mauvaise blague, qui m'avait malgré tout fait rire aux éclats, avait du faire fuir Paul de la maison pour la soirée, j'en étais convaincu.

- Des bonbons ou un sort, s'il te plait, lui demanda Martha en brandissant son pot à lait.

- Et bien, puisque tu es polie jeune fille, tu as le droit à une double ration, lui dit Joe en ne lésinant pas sur les quantités tout en lui souriant d'une manière attendrie.

Alors que nous descendions du perron, Joe nous interpella.

- Martha, tu es censée être diabolique ce soir, alors ne dis pas "s'il te plait" lorsque tu réclames des bonbons, lui indiqua-t-il en rigolant.

Mais malgré ses paroles, Martha continuait de demander des sucreries poliment, ce qui faisait sourire tous les résidents. J'aimais sa politesse, tout comme sa délicatesse et son petit côté décalé qui la rendait parfois loufoque aux yeux du monde. Elle m'attendrissait. Et ce n'était pas l'imprégnation qui m'obligeait à aimer ces aspects de sa personnalité.

Rumeurs - Seth ClearwaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant