Chapitre 9: Entre espoir et désespoir

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La maison de Martha était probablement bien située pour la plupart des résidents de la Push. Non loin de la supérette, elle n'avait pas à se tracasser d'oublier le moindre achat et pouvait y retourner dans l'immédiat. La plage était également à quelques minutes de marche, il lui suffisait de traverser la route et de la longer sur quelques mètres avant de poser ses pieds sur le sable et les galets. Puis, elle pouvait dormir un peu plus longtemps que la plupart des élèves, puisque le lycée se trouvait également à proximité.

Cependant, à mes yeux, sa maison était située sur le pire emplacement de la réserve. Seuls quelques arbustes séparaient les maisons, la route principale était plutôt passagère malgré le peu d'habitants que l'on pouvait compter à la Push, puis, en face de sa maison, seuls quelques fourrés séparaient la route de la plage. Il n'y avait donc aucun arbre qui me permettaient de me cacher et les herbes folles étaient à peine assez hautes afin de camoufler l'imposant loup que j'étais. Et pourtant, j'étais bien loin d'être le plus gros de la meute.

Comme bien des nuits, je m'allongeais dans ces fourrés qui avaient finis par se plier sous mon poids. Alors qu'habituellement, je fermai les yeux tout en focalisant mon ouïe sur les occupations artistiques de Martha, je fus frustré mais non étonné d'entendre sa respiration endormie. Quelques heures auparavant, elle m'avait informée qu'elle ne tarderait pas à trouver le sommeil, puisque le lendemain aux aurores, sa mère l'accompagnerait à l'aéroport. Moi qui attendais toujours les vacances avec impatience, je commençais à les redouter puisque mon imprégnée comptait passer chacun de ses instants en compagnie de sa sœur qui résidait en Californie. Et moi, comment allais-je bien pouvoir occuper ce temps qui défilerait bien trop lentement? Comment ne pas penser à elle et à son absence qui me hantait déjà alors qu'elle était toujours là?

Même si je sentais le sommeil l'emporter, je forçais mes paupières à ne pas se fermer. De plus en plus lourdes, elles finirent pas rester closes et je fus bercé en entendant le petit cœur de Martha chanter.

Plusieurs sons me sortirent de mon sommeil. Tout en me redressant légèrement, je secouai mon pelage en faisant tomber quelques feuilles orangées qui avaient sans doute été apportées par le vent. Malgré la faible lueur du jour qui pointait le bout de son nez, je vis Martha qui portait ses bagages dans le coffre de la voiture avant de s'installer avec une certaine impatience sur le siège passager. Mon cœur se comprima lorsque sa mère démarra le moteur. Alors que la voiture reculait dans l'allée, je rampai jusqu'aux arbres qui longeaient la route et entamais une course folle en me positionnant suffisamment à proximité de la voiture afin de regarder Martha dont le sourire m'apaisa.

C'est à contrecœur que je ralentis la cadence en regardant la voiture s'effacer progressivement de mon champ de vision. Tout en tentant de raisonner mon esprit et mon cœur, je dirigeai mes pattes lourdes sur le chemin de la maison.

Malgré mon attention particulière à ne pas faire de bruit, la porte d'entrée grinça et les marches du vieil escaliers craquèrent sous mes pas. J'étais à peine arrivé dans le couloir à l'étage que Leah sortit de sa chambre. Malgré ses cheveux emmêlés et ses bâillements, son regard encore endormi me regardait avec bienveillance.

- Tu vas te coucher? demanda-t-elle.

- Je ne pense pas pouvoir trouver le sommeil, répondis-je.

Tout en me demandant ce que j'allais bien pouvoir faire de cette journée, et de toute cette semaine loin de la présence de Martha, je sentis un trou béant s'agrandir progressivement dans ma poitrine.

- Elle te manque déjà, souffla-t-elle.

Sa réaction ne m'étonna pas.

- Je n'y peux rien si l'imprégnation me met dans cet état, lui rappelai-je. 

Rumeurs - Seth ClearwaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant