Chapitre 18: Une lignée énigmatique

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La première journée de décembre arriva d'une manière pluvieuse et orageuse. Martha m'attendait sagement abritée sous son perron. J'étais pourtant en avance, mais elle devait être tout aussi impatiente que moi de retrouver la chaleur de notre proximité. Précipitant mes pas avides, je grimpais les marches du perron et lâchais mon parapluie pour la serrer dans mes bras avant de l'embrasser. Encore et encore. Si bien que nous avions fini par rejoindre le lycée d'une marche précipitée pour ne pas être en retard. Malgré mon large parapluie qui nous camouflait, je sentis les quelques regards qui nous entouraient tentant de comprendre qui se tenait par la main. Ce ne fut que lorsque nous étions rentrés dans notre établissement que les chuchotements fusèrent, mais bien trop heureux d'être à ses côtés, je n'en tenais pas vraiment compte.

Les commérages cessèrent dès le lendemain. Bien trop occupés à regarder les affiches annonçant le bal de noël et à trouver un partenaire, les élèves ne nous accordaient déjà plus aucune attention. A peine eu-t-elle acceptée ma demande d'être ma cavalière que ses amies l'accaparèrent pour organiser une virée à Port Angeles le samedi. Entre les plusieurs boutiques de robes, de chaussures et de bijoux, elles en auraient pour la journée, ce qui m'irritait de la savoir si loin de moi.

Je m'étais réveillé en ressentant un certain malaise ce samedi matin. Afin de ne pas tourner en rond et de ne surtout pas ruminer en ressentant son absence, j'avais muté. Chahuter avec Collin et deux loups plus jeunes, Isaac et Cody, m'avait permit de ne pas trop penser à la distance que j'encaissais douloureusement. C'est de meilleure humeur que j'étais rentré chez moi pour l'heure du déjeuner. Pleine de vie, ma mère s'était démenée pour nous préparer le repas. Elle était d'ailleurs bien plus bavarde que d'habitude et me questionnais sur les goûts culinaires de Martha puisqu'elle viendrait rencontrer ma famille le lendemain. Alors que je me préparai à débarrasser la table, elle me retint et reprit une mine plus sérieuse que je lui connaissais mieux. J'aurais du m'attendre à ce qu'elle entame une conversation sur la sexualité. Retenant ses rires, Leah ne disait rien malgré mes regards alertés, alors que maman, infirmière, énumérait les divers moyens de contraceptions. Ce ne fut que lorsqu'elle commença à me parler des différentes infections sexuellement transmissibles que Leah intervint enfin. Mais malgré mes jérémiades, et l'aide de Leah pour me sortir de là, elle continua. Après s'être assurée de rien avoir oublié de me dire, elle prit quelques sacs de courses et s'éclipsa de la maison.

Douché par cette conversation qui s'était éternisée et qui ne m'avait rien apprit, j'étais allé me réfugier dans ma chambre pour faire mes devoirs. Ma faible concentration me fit bâcler les mathématiques et je sortis sans grands espoirs une feuille vierge afin de tenter d'ériger un plan pour ma dissertation en littérature. L'heure tournait, le ciel s'assombrissait, et la feuille restait vierge. Etant plus inspiré à penser à mon futur, je laissai mes affaires sur mon bureau et allais m'étendre sur mon lit. Une fois diplômée, Martha resterait à la Push et trouverait un travail à proximité. L'année d'après, mon diplôme en poche, nous pourrions tous les deux commencer nos études à Seattle. Si de mon côté, j'espérais pouvoir me lancer dans des études pour devenir infirmier, Martha souhaitait passer sa vie devant les fourneaux. J'avais déjà pu goûter ses excellentes pâtisseries, et je ne doutais pas qu'elle puisse faire des merveilles en cuisinant n'importe quel plat.

Le lendemain matin, j'avais ressortis du placard mon costume acheté pour le mariage d'Edward et de Bella. Rassuré de ne pas avoir grandit depuis, je me regardai devant le miroir et constatais que je ne grandirais sûrement plus. J'espérais toutefois que mon allure dégingandée et ma maladresse ne nous fasse pas tomber sur la piste de danse. Alors, en évitant soigneusement de regarder mon reflet, je m'entraînais à effectuer quelques pas. Me sentant totalement idiot, je remis sur cintre mon costume et m'habillais avant d'aller aider ma mère et Leah en cuisine. Si ma mère irradiait de bonheur et s'impatientait de rencontrer Martha, Leah paraissait plus distante. Sachant qu'elle était heureuse pour moi, je mis son humeur sur le compte de l'imprégnation. Alors, je lui promis d'essayer de me tenir et d'agir comme un homme simplement amoureux. Quelques instants plus tard, la sonnette tonna et, pour la première fois, j'invitais Martha à entrer. Martha ne paraissait pas nerveuse, ni même sur ses réserves durant le déjeuner. Elle était restée elle-même et ma mère avait l'air de l'apprécier. Quant à Leah, elle riait de son étrangeté et me regardait alertée alors que je n'en étais pas courroucé. Elle aussi l'appréciait.

Rumeurs - Seth ClearwaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant