Chapitre 1: Fête de départ

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J'accueillais toujours les soirées d'été à bras ouverts afin de profiter d'une légère fraîcheur qui venait frapper ma peau bien trop brûlante. Malgré ma nature calme et apaisée, la nuit m'apportait toujours une certaine sérénité dont je prenais plaisir à me délecter. Cependant, cette soirée du seize août était loin d'être silencieuse. La maison de Sam et Emily était une nouvelle fois bruyante et pleine de vie. Peut-être l'était-elle plus que d'habitude, puisque tout le monde s'y était réuni afin de fêter le départ imminent de Jake, d'Embry, de Jared et de Kim. 

Confortablement installés dans le jardin, nous profitions des nombreux mets dressés sur la table. Alors que la plupart d'entre nous ne tenions pas en place malgré nos estomacs bien remplis, Emily gardait un œil furtif sur tous ceux qui s'aventuraient bien trop prêt de son potager. Mais comment lui en vouloir? Plus d'une fois, il nous était arrivé de chahuter et de ravager ses plans de tomates qu'elle chérissait tant. C'est pourquoi, et tout en considérant qu'il faisait maintenant bien trop noir pour rester à l'extérieur, Sam nous demanda de l'aider à ramener la vaisselle à l'intérieur de la maison. Quant aux maigres restes, ils terminèrent bien évidemment dans les estomacs de mes frères qui avaient été les plus rapides à s'en emparer.

Tandis que nous disposions des coussins face au canapé, les plus jeunes qui devaient rentrer nous saluèrent avant de s'attarder sur nos frères qui allaient bientôt quitter la Push. Leurs échanges me ramenèrent à la réalité. Ils allaient s'en aller. Alors que je m'étais préparé à cet instant, je ne pu m'empêcher d'en être attristé. Il était normal de grandir, de voler de ses propres ailes et de découvrir la vie, mais j'avais comme l'impression de ne pas avoir assez profité de leurs présences et de tous ces moments que nous avions partagé.

Alors que je me répétais que cette soirée n'était pas un signe d'adieux, mais de simples aurevoirs, je m'assis sur un coussin, à côté de ma sœur qui en avait étonné plus d'un par sa présence. Contrairement à ce qu'ils pouvaient penser d'elle et de ses rancœurs, elle s'était attachée à eux - contre sa volonté, s'était-elle bornée à me souligner plus d'une fois.

L'heure défilait bien trop rapidement. Par la fenêtre, la nuit noire laissait place à une légère clarté. Constatant que le jour allait bientôt se lever, alors que les rires pleuvaient face à l'évocation de nombreux souvenirs, mes sentiments ne retranscrivaient pas la bonne humeur qui m'entourait. Encore une fois, je ressentis cet étrange déchirement émanant d'une séparation imminente. J'avais à peine eu le temps de chasser ces pensées attristées que l'ambiance joyeuse se fana à son tour. Comme d'habitude, Paul n'avait pas pu s'empêcher de la fermer.

Lorsque Paul était arrivé à la Push à l'âge de huit ans, il avait été accueilli à bras ouvert par ses voisines, Lysandre et Martha Pétursson, qu'il considérait comme ses sœurs. Cependant, il y a quelques années, toute la famille s'était volatilisée en ne laissant derrière eux qu'une maison vide aux volets fermés. En novembre dernier, Erana, la mère de famille était revenue habiter les lieux seule, comme si de rien n'était et en prenant soin de ne jamais évoquer son départ ni même l'absence de sa famille. Puis ses filles se sont également décidées à rentrer courant juillet. Si Martha revenait vivre à la Push et entamerait son année de terminale au lycée, Lysandre n'était que de passage puisqu'elle avait trouvé du travail en Californie. Cependant, si le retour de ces dernières avait rendu Paul fou de joie, la présence de Lysandre avait affecté Embry.

Depuis son plus jeune âge, Embry n'avait eu d'yeux que pour Lysandre. Bien trop timide pour lui parler, il s'était toujours contenté de l'admirer. Il lui était parfois arrivé de penser à elle lorsque nous étions sous notre forme de loup, si bien que les membres imprégnés s'étaient mit à penser que ses sentiments entremêlant vide, désolation et admiration représentaient bien plus qu'un simple amour, mais un potentiel signe d'imprégnation. J'étais pour ma part partagé, car comment pouvait-il ressentir certains effets de l'imprégnation, même si ces derniers étaient moindres, alors que Lysandre était partie bien avant l'existence de la meute ?

Rumeurs - Seth ClearwaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant