— Bonne continuation, Héloïse.
Je filai sous son nez, n'eus qu'un seul battement de cils.
— ... continuation, Héloïse.
Son regard était ferme, sans chaleur. Je filai sous son nez, n'eus qu'un seul battement de cils.
— Héloïse...
À la prochaine, cher père.
Deux yeux gris de la même couleur que les miens, avec une expression que j'espérai ne jamais afficher. Son visage encore en tête, je pris une profonde inspiration et sortis de mes songes. Ensommeillée, j'ouvris difficilement les yeux et chassai son image de mes pensées. Je dû prendre un moment pour analyser mon environnement.
Je me rendis compte avec surprise que j'étais allongée dans un lit. Un vrai lit, tel que cela faisait longtemps que je n'en avais pas vu. Le fait qu'il tanguait ne changeait pas grand chose, du moment que je m'y sentais bien. Le plafond n'était plus le même au-dessus de ma tête, il était blanc, d'une propreté impeccable. Une douce lumière tamisée filtrait de derrière des rideaux, à la limite de mon champ de vision. L'air était d'un goût rare, j'avais l'impression de boire de l'eau pure à chaque nouvelle inspiration. Je reniflais, c'était comme si l'odorat m'était revenu : plus rien ne sentait la crasse et la pisse, mais plutôt une agréable odeur diffuse de biscuit chaud.
J'avais été revendue, me souvins-je finalement.
Je me relevai et écartai les draps pour sortir du lit. Je m'arrêtai en plein mouvement, serrant les dents tandis que la douleur à mes poignets se réveillait. J'avais l'impression d'entendre le tintement de chaînes raisonner à mes oreilles. Quand je baissai les yeux sur mes mains, j'aperçu des menottes passées à mes poignets, une vision qui me donna la nausée. On m'avait passé des bandages d'un blanc immaculé, mais cela me rappelait vaguement d'autres entraves. Je fronçai les sourcils et finis par m'en détourner, quittant la douce chaleur des couvertures et le lit flottant pour m'aventurer dans la pièce.
Comme le noir était loin d'être total, dans la chambre, je n'eus aucun mal à gagner la porte pour tenter de sortir. En tirant sur la poignée, je me rendis cependant compte qu'elle était fermée à clé.
Sans chercher à comprendre, une bouffée de panique me monta à la tête. Ma respiration s'entrecoupa, les pulsations de mon cœur s'accélèrent. Un voile noir passa devant mes yeux tandis que mon poux s'emballait, j'avais l'impression d'avoir atterrit dans mon tombeau. Je fermai les yeux et me mis à tambouriner telle une démente sur la porte, hurlant pour que l'on vienne m'ouvrir.
Je sentais le battant ployer sous mes coups, mais il ne cédait pas. Je n'arrivais à former aucun mot entre mes cris bestiaux. Bientôt, je sentis l'étreinte des chaînes se rappeler à mes poignets. Surprise, je tombais au sol, les mains tendues en avant. Je baissai la tête sur mes bras tremblants, la vision brouillée par les larmes. Je voyais des entailles se dessiner autour de mes poignets par des traits rouge sous les bandages. J'étais prise au piège !
J'avais mal, la douleur me monta à la tête. Je ne supportai plus d'avoir quelque chose autour de mes poignets, ma peau me brûlait. Je me mis à arracher frénétiquement les bandages. J'étais en plein carnage lorsque la porte s'ouvrit, m'assommant au passage. L'échos du choc s'intensifia dans mon crâne et m'interrompit dans ma folie. Je roulais au sol, les bras serrés autour de moi. Entre les larmes, je me mis à gigoter pour apercevoir l'image floutée d'un adulte dans l'embrasure de la porte.
L'individu eu un soupire profond en m'avisant. Il leva le menton et gronda :
— Eh bien, est-ce un animal sauvage que le jeune maître nous a ramené ?
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Seconde
ParanormalComme un ange... ou presque ? Aussi loin que le ciel s'étendra, il sera sa prison. Bienvenue dans un monde où les anges jouent aux démons, où les alliés trahissent, où les cieux s'embrasent et où la liberté se révèle être le plus grand des poisons. ...