J'imaginais que ma déclaration n'avait rien de rassurant. Vouloir tuer son père n'était pas banal. Pourtant, le sourire de mon interlocuteur était bien réel.
— Bien, maintenant que tu es disposée à m'écouter, nous allons pouvoir discuter.
Je lui lançai un regard noir, son air satisfait me déplaisait.
— Je n'ai jamais dit que j'étais...
— Je ne connais pas ton père et n'ai aucun problème à ce que tu le tues, déclara-t-il sans chercher à m'écouter. Je peux même t'aider à le retrouver, si tu veux. Et puis bien-sûr, comme je suis ton maître, c'est moi qui en prendrai l'entière responsabilité. Maintenant, tu es disposée à m'écouter ?
Je me tut : il savait comment me parler. Il prit mon silence par l'affirmative et eut un soupire amusé.
— Bien. Comme tu l'as compris, nous t'avons achetée pour que tu me serves de seconde.
Il plaça ses mains devant lui et pris un air important.
— Dans mon monde, il est nécessaire d'en avoir une si l'on veut peser en société. Normalement, on en achète aux jeunes enfants, pour qu'ils grandissent ensemble et qu'ils soient les plus proches possibles. Mais les humains coûtent cher, surtout les enfants, et tout le monde n'a pas cet argent. Pour te donner un ordre d'idée, c'est à peu près le prix d'une maison. Dans mon cas, mon père a fait fortune tardivement, je ne peux donc avoir un second que maintenant.
Je baissai les yeux, pensive. J'étais devenue une parure pour gagner du pouvoir ? Je savais pas si cela devait me déplaire ou au contraire, me flatter. Coûter une maison ? Je devais avouer que ce n'était pas mauvais pour mon ego.
En revanche, la relation qu'il venait de décrire ne correspondait pas à ma tolérance. Nous ne serions jamais aussi proche qu'il l'espérait, il devait s'y attendre. J'allai l'en informer lorsqu'il repris :
— Mais ce n'est pas grave, j'ai déjà beaucoup de chance d'en avoir ! Et puis je me suis toujours fasciné pour le monde des humains, alors c'est encore mieux que tu y ais grandit. Tu vas pouvoir m'apprendre beaucoup de choses. En plus, comme tu as ton propre caractère, ton jugement pourra m'être utile. C'est pour ça que je cherchais quelqu'un comme toi.
Je me mordis la lèvre, ne voulant rien lui apprendre du tout. Le monde des humains était morne et cruel, il n'y avait rien à raconter. Cependant, son enthousiasme avait au moins le mérite de me rassurer.
— C'est dingue, tu as l'air d'être un bon maître.
Il ouvrit la bouche puis la referma, esquissant un petit sourire.
— Je ne sais pas, je ne suis pas bien riche. Mais je ferai de mon mieux.
J'avais l'impression qu'il prenait ma remarque très à cœur. Sa sincérité et sa bonne volonté me touchèrent. Songeuse, je détournais les yeux.
D'un aspect général, j'aurais préféré ne jamais avoir été vendue. Je n'avais pas de chance, j'avais le pire des pères. Mais pour compenser, mon nouveau propriétaire n'était pas si terrible.
— Par contre, il va falloir que tu y mettes du tien, toi aussi.
En disant cela, il m'indiqua le collier gisant sur le lit du menton. Je soupirai, perdant mon sourire. Evidemment, il fallait toujours qu'il y ait un "mais".
— J'ai jamais dit que j'allais être ta seconde, marmonnai-je.
Je me levai tout de même, gardant la tête haute, comme une reine qui descend de son trône, et m'approchai de lui. Avant de changer d'avis, j'attrapai le bijoux pour me le passer autour du cou.
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Seconde
ParanormalComme un ange... ou presque ? Aussi loin que le ciel s'étendra, il sera sa prison. Bienvenue dans un monde où les anges jouent aux démons, où les alliés trahissent, où les cieux s'embrasent et où la liberté se révèle être le plus grand des poisons. ...