19 ~ On va faire un détour

31 5 49
                                    

Wann, c'était le second d'Alzès. 

Je fus la première surprise, mais lorsqu'il ne tentait pas de me tuer à coup de boules de feu, il pouvait se révéler de très bonne compagnie. Si l'on ne comptait pas son maître tyrannique, il possédait un caractère amical et enjoué tout à fait adorable.

Bill avait raconté que Wann était un second neutre. Du fait de son jeune âge —environ dix ans—, il était accepté et apprécié par l'ensemble des seconds du campus, Ery comprise. J'avais fini par comprendre pourquoi : Wann n'était pas méchant pour deux sous. Il suivait aveuglément les ordres de son maître, certes. Mais à côté, il ne nourrissait de mauvais sentiments envers personne. Il ne connaissait pas la rancœur, c'était un très gentil garçon. Il était facile de l'apprécier.

— Zede, c'était quelle heure le rendez-vous ? 

Les bras croisés, adossée contre un arbre près de l'entrée de l'université, je laissai mon regard divaguer entre les tuniques blanches et brunes des étudiants. Les anges étaient habillés en clair et les seconds, en foncé, ce n'était pas difficile de les rater. Qui plus est, Ery avait un style vestimentaire particulier dont je me souvenais, mais je ne l'apercevais pas dans la foule.

— Je sais pas.

Le garçon soupira bruyamment. Il marcha quelques pas puis revint vers moi, se baissa pour s'asseoir à mes pieds, sur une racine de l'arbre.

— Ery est toujours en retard, grommela-t-il.

Je lui jetai un coup d'œil.

— Tu connais bien Ery ?

Il hocha la tête.

— Elle est gentille avec moi. Elle déteste Alzès, alors elle fait tout pour que je me rebelle avec elle.

Ah oui ? 

Il haussa les épaules.

— Moi, je ne trahirai jamais Alzès. Mais Ery me fait des cadeaux, alors j'aime bien traîner avec elle.

Je ricanai, ce garçon avait les idées claires.

Je n'avais toujours pas compris pourquoi Elkass avait décidé de demander de l'aide à Alzès, ni pourquoi ce dernier avait accepté si facilement. Les deux étaient pourtant censés se faire la guerre. Et puis si je ne me trompais pas, le maitre de Wann me détestait tout particulièrement. Ce matin encore, il tentait de me tuer avec la petite furie blonde, qui restait maintenant assise à mes pieds. C'était une preuve supplémentaire qu'Elkass me cachait des choses. Mais j'avais décidé de ne pas l'interroger davantage. Je n'avais pas prévu de mettre le nez dans ses affaires. Je n'étais qu'une humaine, je me portais mieux sans m'inquiéter. Il fallait juste que je fisse attention à ce que le petit Wann ne me plantât pas un couteau dans le dos par manque d'attention.

— Wann, tu es un ange, initiai-je sans prendre la peine de changer de ton. Pourquoi tu sers Alzès ?

Le garçon jouait avec des brindilles, il me répondit d'un air distrait :

— Parce qu'il m'a sauvé la vie.

Je fronçai les sourcils.

— Ah oui ?

C'était quelque chose d'héroïque, ça ne collait pas à l'image de brute égoïste et malveillante que je m'étais faite de l'intéressé. Mais étrangement, je ne doutai pas qu'Alzès fût le genre de personne capable de sauver des vies. Tant que ces vies étaient celles d'anges.

Wann acquiesça d'un hochement de tête.

— Et puis parce qu'il est gentil ! rajouta-t-il.

Je n'eus pas le temps de réfléchir à sa déclaration qu'une voix enhardie interrompit notre conversation :

SecondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant