4.Erreurs

307 12 9
                                    

Talia

Le bruit des machines me donne mal au crâne. J'ai l'impression de m'être réveillée un lendemain de soirée, légèrement alcoolisé sauf que ce n'est pas le cas. La réalité est bien moins jolie.

Je papillonne légèrement des cils et jette un léger coup d'œil furtif pour observer l'endroit dans lequel je me trouve.
Je suis dans une chambre recouverte de blanc sur les quatre murs, qui m'entoure. Branchée à tout un tas de fils je comprends que je suis dans un hôpital. Mes yeux se posent soudainement sur un fauteil au coin de la pièce. Celui-ci se trouve à côté de la porte d'entrée, Roxanne y dort paisiblement. Mon regard s'attendrit face à la vue de mon amie près de moi, comme toujours.
En m'entendant remuer dans mon lit, cette dernière se réveille et ouvre grand les yeux lorsqu'elle croise mon regard. Un léger sourire étiré mes lèvres lorsqu'elle fit un bon hors du fauteuil. Mon amie se précipite à mes côtés et m'assomme d'un tas de questions sans que je n'ai le temps d'en placer une.

- Comment tu vas? Tu as mal quelque part? Pourquoi tu ne m'as rien dit? Qu'est ce qu'il s'est passé?

Je ris face à sa panique avant de poser délicatement ma main sur la sienne. Elle se décrispe légèrement et sourit à son tour, gênée de s'être emportée.

- Je suis désolé..enfin..j..je.

- Eh Roxanne, dis-je tendrement en relavant son menton vers moi, tu n'as pas à être désolée, c'est à moi de l'être.

Ses yeux débordent de larmes et elle se penche afin d'enfouir sa tête dans mon cou. Son corps est secoué de sanglot et je sais qu'elle culpabilise. Mais c'est bien la dernière chose que je veux, elle ne doit pas culpabiliser. C'est à moi de le faire mais bien trop égoïste encore une fois, je n'y arrive pas. Je suis incapable de dire quoi que ce soit, je me contente simplement d'entourer mes bras autour de ses épaules pour essayer de la calmer.

- Si, je suis vraiment désolée, renchérît-elle en relevant son jolie visage de mon épaule, j'aurais du voir que tu allais mal.

- Roxanne..tout allait bien..

- Non, arrête de me mentir Talia. Tu allais mal et je suis tellement une mauvaise amie que je ne l'ai pas remarquée.

Mon coeur se fige instantanément dans ma poitrine et pour la toute première fois, je me sentis envahit par la culpabilité.

- Non Roxanne. Je t'assure que tout allait bien enfin jusqu'à..

Et je termine ma phrase dans un léger murmure, la laissant en suspens. Mon amie fronce les sourcils avant de prendre mes mains dans les siennes.

- Tu n'est peut être pas encore prête à en parler et je peux le comprendre. Mais sache que le jour où tu le seras, je te promet que je serais moi aussi, là, pour t'écouter et t'aider.

Sa petite attention à mon égard me réchauffe le cœur tandis que mes pensées s'emmêlent à nouveau entre elles. Mes démons reviennent peu à peu s'immiscer dans mon esprit. Mais il est hors de question que je les laisse gagner, pas cette fois, pas maintenant.
Je secoue légèrement la tête pour les chasser, mes yeux remplis de larmes se lèvent en direction de Roxanne et je chuchote:

- Je veux rentrer, s'il te plaît.

Cette dernière acquiesce puis se précipite hors de la chambre pour avertir le médecin de mon réveil. Après m'avoir martelé de questions les plus sordides les unes que les autres. Le médecin m'autorise à rentrer chez moi et m'a prescrit quelques séances chez une psychologue, prétendant que c'était le mieux à faire au vu de la situation.
Ce qui n'est pas totalement faux.
Il m'a également annoncé que je suis restée environ quatre jour dans le coma à cause de ma perte de sang trop importante. Puis à insisté sur le fait que Roxanne avait hurlée à plein poumons dans l'hôpital car elle ne voulait pas rentrer chez elle comme il le lui avait demandé. Cette dernière avait catégoriquement refusée, parce qu'elle voulait veiller elle-même sur moi et n'avait donc pas quittée la chambre jusqu'à mon réveil. Cette révélation me valu un rire et un regard attendri pour mon amie, gênée sûrement en se souvenant de ce moment.
Après s'être excusée auprès du personnel, Roxanne est revenue dans la chambre récupérer nos affaires. Celle-ci les a déposés dans la voiture et m'a fait assoir dans un fauteuil roulant.
À cause des plaies au niveau de mes jambes, il m'est impossible de mettre le pied par terre sans souffrir le martyre. Mon corps tout entier est mal en point à cause des mes propres émotions que je n'ai pas su gérer et je redoute le moment au je vais découvrir ce carnage, sans nom. Je suis terrorisée à l'idée de découvrir mon corps.
Cependant, j'ai déjà eu un passé avec l'auto-mutilation lorsque ma mère est décédée, mais jamais, au grand jamais j'avais atteint ce stade. Et ce que je redoute le plus c'est de me voir entièrement dans un miroir. Rien qu'en y pensant, une envie de vomir me prit aux tripes.

Demon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant