Demon

15.Puzzle

Talia

Mes yeux s'ouvrent légèrement et je peux déjà apercevoir autour de moi quelques silhouettes. Terrorisée, je ne bouge pas. Le souffle court et le corps tremblant, je tente de me rassurer. Mais d'un seul coup, à ma gauche quelque chose attire mon attention.

- Désolé, je ne voulais pas te réveiller.

Éden.

- Tu as bien dormis? Il me demande gentiment, un sourire bienveillant scotché au visage.

Je ne réponds pendant quelques minutes puis je finis par hocher la tête, silencieuse. Il me sourit puis se lève du fauteuil sur lequel il est installé depuis je ne sais combien de temps. Son arme à la main, il déverrouille la porte de la minuscule chambre dans laquelle nous nous trouvons et immédiatement, la lumière du jour agresse mes iris. Je reste donc quelques secondes stoïque afin de m'y habituer.

- Tu viens? Il m'invite d'un signe de main.

Je me lève lentement du lit et marche en direction de la porte. J'ai les même habits qu'hier mais je ne m'en plains pas. Nous traversons silencieusement le couloir et arrivons aux escaliers, où nous descendons côte à côte les marches. Arrivée en bas, nous nous dirigeons vers une salle qui se trouve être là salle à manger. Nous entrons tour à tour dans l'immense salle et je peux apercevoir au centre de la pièce, une grande table, très bien décorée avec sur celle-ci une multitude de viennoiseries et de boissons en tout genre.
La table est très grande. L'homme aux yeux bleu est installé en bout et lorsque mes yeux se posent sur la femme à ses côtés, mon sang se glace dans mes veines.

Le centre commerciale.

Le magasin de vêtement.

La femme.

Le téléphone.

La photo.

Et enfin, le M inscrit sur son poignet.

Je suis sortie de ma torpeur lorsque le major d'homme tire ma chaise et m'invite à m'y assoir. Je suis à l'autre bout de la table, en face de cet homme. Au quatre coin de la pièce, des hommes en costume, munie d'oreillettes et d'armes nous entoure.

- Talia comment vas-tu ce matin? Tu as bien dormis?

Silencieuse, j'hoche faiblement la tête.

- Bien. As-tu faim?

Je bouge ma tête de gauche à droite.

Non, je n'ai plus faim, je ne veux plus manger, je veux me laisser mourir.

Personne ne parle. Seul le bruit de leurs couverts se fait entendre. Tandis que j'ai les yeux rivés sur mon assiette vide, j'entends l'homme parler faiblement à la femme.

- Tu veux du pain, chérie?

- Non merci.

Je relève les yeux vers les deux concernés. Je les observe tour à tour en silence.

Sa femme.

Plus une.

Je viens de récupérer une nouvelle pièce de puzzle. Et dans ma tête je l'ajoute à tout ce bordel. Même si je sais qu'il m'en manque une énorme partie, une de plus, reste, une de plus.