Our Neverland

11- Le Médiateur

Dans leurs quartiers, l'ambiance était électrique et la tension à son paroxysme ; cela faisait désormais plus d'une dizaine de jours depuis l'évasion de Grace Field et si ils avaient cherché a étouffer l'affaire, celle-ci bien au contraire s'est répandue comme une traînée de poudre presque instantanément, au point que la souveraineté des démons leur a ordonné de mettre une prime sur la tête des 17 évadés : quiconque les rapporterait vivant touchera une somme d'argent colossale et si quelqu'un parvenait à ramener les 17 enfants en même temps, il se verrait convié lui et sa descendance à la table des familles régentes les plus noble du monde des démons.

Peter Ratri aurait bien préféré éviter cela, lui qui traita d'habitude chaque affaire dans la plus grande discrétion possible, le médiateur entre les deux espèces était au poste depuis la mort malheureuse mais teintée de mystère de son frère ainé et il avait pris pour habitude de faire régner l'ordre d'une poigne de fer, réglant chaque écart de chacun avec des sanctions lourdes et définitives. Il avait une telle influence qu'il avait réussi à imposer la présence d'humains à la vue de tous partout dans le monde et il avait convaincu la Reine de construire un nombre hallucinant de centres de recherche pour obtenir une viande d'enfant de qualité égale voir supérieure à celle de Grace Field et ce avec le rendement d'une ferme standard.

Mais depuis quelque temps les choses semblaient systématiquement aller contre son sens : Les résultats escomptés par les centres tels que Lambda ou Sigma étaient certes encourageants mais pour les désirs de la royauté, ça n'était pas assez rapide... l'arrivée de matricule 22194 de Grace Field avait certes permis d'accélérer la collecte de données mais ça n'était toujours pas suffisant, d'autant qu'avec les attaques à répétition des centres combiné à l'évasion des enfants de Grace Field et des sujets de test de Sigma, la pression se faisait de plus en plus pesante sur les épaules de Peter Ratri.

Ce dernier avait fait le déplacement sur le site ravagé du plant 3 de Grace Field afin de comprendre les moyens utilisés par ces enfants pour s'évader, il visita ce qu'il restait du lieu de fond en comble mais il ne restait malheureusement pas grand-chose de l'endroit : Juste un amas de gravats et de cendres, la forêt n'avait pas été impactée en revanche et le bien taciturne médiateur en avait fait la visite complète, découvrant de par les différentes traces et installations les moyens d'évasion des enfants du plant 3, c'était à moitié dissimulé mais leur perfectionnisme laissait à désirer. Le brillant leader du clan Ratri avait compris leur procédé et s'était attelé à retourner au centre sans même prendre le temps de passer par le plant 4 comme initialement prévu. Il avait demandé un accès vers le sommet des murailles afin d'y poursuivre son inspection...

Lassé d'attendre bien sagement la visite de cet invité dont leur avait parlé leur Maman factice, Tom était parti en douce pour s'évader de ses idées noires, il avait franchi la barrière ce qui était pourtant interdit, c'était la première fois qu'il transgressait les règles de l'orphelinat mais cela n'avait plus grande importance pour lui vu qu'il savait l'insoutenable secret de cet endroit, chaque jour de plus enfermé ici alors qu'une partie de sa famille était désormais libre lui donnais la nausée, le garçon n'avait certes pas l'intelligence hors-du-commun de Phil mais il estimait quand-même que ce dernier ainsi qu'Emma n'avaient pas fait leur maximum et qu'une solution était possible pour emmener tout le monde... Il ne savait plus quoi penser pour Phil, d'un côté c'était toujours son grand frère et jusqu'à peu un très gentil et dévoué camarade de jeu, mais ce même grand-frère avait manqué à son devoir de le protéger lui et le reste de ses frères et sœurs coincés dans cet enfer, il n'avait même pas cherché à sympathiser avec le reste des autres enfants, il ne parlait à personne et son mal-être devenait de plus en plus complexe et profond au fil des jours.

Fatigué de refouler et combattre ses larmes tout au long de la journée, le garçon avait craqué et c'était un flot ininterrompu de larmes qui s'écoulaient le long de ses joues rougies par le froid d'hiver, il n'avait même pas pris la peine de se changer et était sorti vêtu uniquement de sa chemise blanche, son pantalon de la même couleur et ses chaussons pour déambuler sans but jusqu'à arriver face au mur, cet obstacle qui semblait infini pour le garçon qui avait fraichement pris quatre ans au début du mois de janvier...