L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 2) [ShortList Watty22... -Edité-]

Chapitre 33 : De la faille temporelle (époque : 2129) (2/3)

Dernier jour.

Dernier jour dans l'un des rares hôpitaux publics rescapés de la grande récession économique de la fin du vint-et-unième siècle.

Les nuages se sont dissipés derrière les vitres de l'hôpital. La couleur du ciel s'éclaircit et le soleil reprend ses droits pour illuminer les passants, soignants, soignés, familles des soignés et donc futurs soignés... W. Andrews aime particulièrement regarder les enfants jouer ici et là, s'ennuyer, ou encore manger en faisant plus tomber leur nourriture sur le sol que dans le ventre.

- Tu n'es toujours pas venu nous voir au laboratoire.

- Visiblement, s'amuse le scientifique.

L'ami évite toute interprétation négative, reproche ou sensation d'oppression. Il connaît les subtilités de la motivation.

- Dommage Bill, nous avons... légèrement... agrandi la surface du local, appuie d'un air ironique L. Ballier. Tu sais ce qu'on dit, « continuez à demander, et on vous donnera. »

- Te voilà croyant, je vois.

W. Andrews porte la tasse à ses lèvres en dévisageant son collègue, avant de conclure :

- Tu ne comptes pas me laisser devenir un légume ici durant la rémission.

- Je vais faire encore mieux, répond-il.

- C'est-à-dire ? s'étonne W. Andrews.

- Ça fait trop longtemps que je te permets de détruire bêtement tes capacités.

- Je sais que tu comprends ce que je vis, alors... rejette W. Andrews, de sa posture corporelle même qui se referme.

- Non, les enjeux sont aujourd'hui trop importants pour que je te laisse passer à côté. Ce n'est pas plus toi, ni moi, c'est tout ça. Regarde tous ces gens.

Les yeux clairs de William Andrews se posent sur chaque passant avec compassion et tendresse.

- Combien de Bill-Andy perdent leurs femmes en ce moment ? Combien de Laurent perdent leurs mères ? Combien de père en sont détruits et généreront des enfants tout aussi anéantis ?

L. Ballier marque une pause avant d'ajouter d'une voix chaleureuse :

- Bill-Andy, tu es le « Docteur ». Tu vas venir avec moi à la conférence.

- La conférence de presse ?

- Oui, organisée le mois prochain. Pour nous, l'Institut, les collègues, la Famille, c'est sans doute la conférence la plus importante depuis celles d'Arnold Al. Buore le siècle dernier.

- Je ne...

- Le laboratoire a inscrit ton nom comme chercheur associé, dont les travaux sont à l'origine de la découverte. Tu partageras le succès et les tests humains avec nous. Je dois te montrer, te faire vivre... ce qui ne te fera pas de mal, rit-il.

- Non, non, je ne... panique W. Andrews.

- Tu es sur la route, lui murmure L. Ballier en lui serrant la main. A toi d'arpenter le reste du chemin Bill.

- Je... je ne...

- J'ai donné ma parole aux agences de financement. J'ai déjà dit que tu étais toujours le meilleur, que tu avais toujours supervisé nos pré-tests et résultats durant ton absence physique.

- Quoi ? Mais...

- J'ai réussi à les convaincre, mais ils doutent, il y a beaucoup à perdre. Il faudra fournir une preuve incontestable de nos avancées avec toi et de ton implication.