Cheveux bouclés

Treize

Treize (1919 mots)

Pdv de Jade

Les garçons avaient fait leur retrouvaille et tout se passait comme d'habitude, selon Didier. Pour être honnête, je ne pouvais pas être en mesure d'affirmer, mais je lui faisais confiance. La fameuse vidéo des retrouvailles était déjà postée sur les réseaux sociaux quand je décidais de rejoindre les garçons en bas. Le coach m'avait envoyé un texto (= message) pour me dire qu'ils étaient tous réunis en bas. Il ne manque plus que toi, avait-il ajouté. La soirée se passe bien, observais-je d'un rapide coup d'œil. Des groupes se forment et je suis un peu timide, mais heureusement que Hugo le sauveur me vient en aide. Il me présente à chaque groupe et les gars sont adorables avec moi. Vraiment des sucres. Je me donnais faim en pensant ça, moi. Bravo. Bref, je m'entends bien avec quasiment tout le monde. Je parle avec ceux qui ont du répondant. Les timides, je leur parlerai à l'entraînement ou à part, ce genre de soirée n'est pas propice à une ambiance intime. En plus, je veux surtout pas les diviser, ils ont l'air de tous être assez proches. Pas étonnant, ils sont liés par la même et unique passion : taper dans un ballon.

Ça finit assez tôt car ils ont kiné demain. D'ailleurs, je vais avec eux, Hugo m'avait prise à part pour m'informer. Tous les soins médicaux que les gars ont me seront bénéfiques. En tant que sportive aussi, j'avais besoin d'examens pour être sûre que tout était ok. Didier a vraiment fait beaucoup pour moi. Ça me touche. Je secoue la tête pour arrêter d'être dans mes pensées et je me retourne discrètement. Du coin de l'œil, j'aperçois que tout le monde se lève : ils vont aller dans leurs chambres.

Quand je montai au quatrième et dernier étage qui était le mien, j'aperçus Antoine, le visage fermé. Il ouvrit sa porte et entra tête baissée. Étrange, il avait été enjoué toute la soirée. J'étais en train de me brosser les dents et je réfléchissais. Quand j'y pense, il n'avait pas fait de blagues pendant l'entraînement alors que c'était le premier à en faire. Il n'avait pas beaucoup parlé non plus pendant le repas. Il y avait un truc qui allait mal, mais personne ne semblait s'en soucier. Ou personne ne l'avait remarqué.

Je décidais alors de toquer à sa porte. Après près d'une minute, il m'ouvrit la porte. Oh putain. C'était pas beau à voir. Ses joues étaient rouges et blanches, il y avait des traces de pleurs. Il avait ouvert la porte de tellement peu de centimètres qu'on eu du mal à entrevoir ne serait-ce que son visage. Il regardait le sol alors qu'il parlait.

Antoine -Qu'est-ce que... Il frotta sa joue gauche, encore mouillée, en reniflant. Qu'est-ce que tu viens faire ici ?

-Je sentais que tu allais mal. Je peux entrer ?

J'avais pris la voix la plus calme et la plus douce du monde, malgré mon inquiétude. Il me laissa entrer en ouvrant grand sa porte et en la refermant derrière lui. Il ne me regardait pas une seule seconde dans les yeux.

-Antoine, je sais que je suis une fan et que ça peut être un peu étrange, mais il faut que tu me fasses confiance.

Je m'assieds en tailleur sur le bout de son lit et il se laissa littéralement tomber dessus. Il était reparti pour quelques larmes silencieuses tandis qu'il ne me regardait toujours pas. Il préférait fermer les yeux ou les ouvrir en observant le plafond.

-Tu peux tout me dire.

J'essayais de le rassurer comme une maman le faisait en voyant son enfant pleurer. Il n'y eut aucune réaction de sa part. Je pris délicatement sa main qui tremblait, après quoi il me regarda enfin dans les yeux. Je la serrai un peu, en signe de compassion, tout en lui souriant. Il n'y avait pas eu besoin de plus que ça.