Trente-quatre

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Trente-quatre (774 mots)

Pdv de Benjamin Pavard

-Tu veux que je dorme par terre ?

Jade me regardait bizarrement. Ses yeux font des aller-retour entre le lit et le sol. Elle semble analyser la situation. Elle s'accroupit et touchait le sol.

Jade -Tu vas te péter le dos là-dessus, elle donnait quelques coups par terre avant de se relever, t'es fou. On va se serrer un peu chacun de notre côté et c'est tout.

Je haussais les épaules et elle semblait gênée.

-T'es sûre, hein ? Elle hochait la tête à mon égard. Bon, comme tu veux. Je mis un temps d'arrêt. Tu prends quel côté du lit, du coup ?

Cette phrase revenait à mes oreilles comme si quelqu'un d'autre l'avait dite à ma place. Cela semblait tellement peu réel... J'ai l'impression d'être dans une autre dimension. Dans un monde idéal.

Jade -Je préfère la gauche...

-Comme le désire madame.

Jade -Quel gentleman, dis donc.

-T'as vu ça.

Je levais les deux pouces, comme un gosse fier de lui.

Jade -Tes potes sont un peu des lâcheurs, tu ne trouves pas ?

-Pourquoi tu dis ça ?

Jade -Bah, ils t'ont laissé tout seul pour dormir.

-C'est faux, je ne suis pas seul, répondis-je avec malice.

Jade -Oui, mais t'as compris ce que je veux dire, quoi.

-Pas du tout, dis-je tout en souriant.

Jade -Laisse tomber, tu me fatigues.

-Heureusement qu'on va dormir, alors.

Jade -Par pitié, dis-moi que t'as un bouton on/off (= allumer/éteindre) ?

Je me mis à rire, tout en me glissant sous la couverture. Il ne faisait pas aussi froid d'habitude, mais aujourd'hui il y avait eu beaucoup de vent. Je sentais Jade grelotter à ma gauche. Elle n'avait pas dû avoir très chaud, depuis la panne. Elle était d'ailleurs toujours en sous-vêtements et peignoir. La pauvre. Dormir à côté d'un gars dans cette tenue, ça doit être dur pour elle. Heureusement, elle est bien tombée car je ne lui ferai jamais de mal. Au contraire, je me rapprochais d'elle pour essayer de la réchauffer avec ma chaleur corporelle.

Elle se retourna beaucoup de fois sur elle-même, faisant bouger la couette, et elle finissait enfin par s'endormir au bout d'une heure. Le bruit régulier et léger de sa respiration me calmait et me donnait envie de tomber dans les bras de Morphée à mon tour. C'est d'ailleurs ce que je fis, pas plus tard que dix minutes après elle.

Pendant la nuit...

Je sentis une main agripper mon bras. Je gémis et me rendais compte que ce n'était pas un rêve, que quelqu'un exerçait réellement une pression sur mon bras. Des ongles s'enfoncèrent dans ma peau. Jade. Je me réveillais en sursaut et l'observais. Elle avait serré mon bras par réflexe, sûrement dans son sommeil. Elle m'avait prévenu qu'elle bougeait beaucoup durant la nuit. C'est qu'elle ne m'avait pas menti.

Je regardais à présent l'heure. 01:28. Il était tard et je mourrais de fatigue. Je me rendormis de si tôt.

Pdv de Jade

Quand je me réveilla, j'imaginais ma position les yeux clos. J'étais allongée sur mon flanc droit, la main gauche entre mes cuisses pour la réchauffer. Ma tête et mon autre main se trouvaient sur quelque chose d'assez dur. Trop dur pour être un coussin, à mon avis.

Je relevais la tête en prenant appui sur la chose. Quand je frottis mes yeux, je me rendais compte que la chose, c'était le corps de Benjamin. J'étais en train de dormir calmement sur ses abdos. N'empêche que j'avais bien dormi. Je relevais ma main de son torse parfaitement sculpté pour ne pas qu'il ne me remarque, mais je pense que c'est trop tard. Je l'observais et je le vis ouvrir un œil pour m'espionner. J'allais ouvrir ma bouche mais il me devançait.

Benjamin -C'est que madame aime bien griller les étapes.

-Désolée.

J'étais morte de honte pendant qu'il rigolait à gorge déployée.

Benjamin -T'inquiète pas. T'as bien dormi, au moins ?

-Ouais, assez bien, avouais-je.

Benjamin -Comme par hasard.

-Comment ça ?

Je levais un sourcil et je vis ses joues devenir roses.

Benjamin -Bah, c'est que... Il se mit à bégayer.

-Te voir galérer est un plaisir, dis-je en me foutant de lui.

Benjamin -T'es méchante, bouda-t-il.

-Oooh, pauvre petit bichon, victime de mes blagues. Bon, on va manger ?

Benjamin -Je sais même pas où on est censé manger. Je t'emmène quelque part ?

-Tu crois que je vais aller au Starbucks dans cette tenue ?

Benjamin -Ah ouais, merde. J'avais oublié ça. Il voulu regarder ma tenue, mais la gêne l'en empêcha. Mais je voulais pas t'emmener au Starbucks.

-Pitié, ne me convertis pas à la bouffe allemande, plaisantais-je à moitié.

Benjamin -Viens à la cantine du Bayern, tu serais étonnée. Par contre tu prendrais quelques kilos, c'est pas très diététique...

-Ça je m'en doute, riai-je.

Cheveux bouclésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant