Cheveux bouclés

Cinquante-trois

Cinquante-trois (756 mots)

Pdv de Benjamin Pavard

Je dépose Jade sur son lit, lui tient la main et la regarde. Elle baisse la tête et quelques larmes coulent en silence, comme la fuite du peu d'eau qui lui reste encore.

Je regarde nos mains et place mes doigts entre les siens, en serrant un peu plus fort.

Au bout d'une vingtaine de secondes, elle relève les yeux, plonge ses pupilles dans les miennes et je perçois un tout petit sourire, à peine perceptible. Ses lèvres forment une moue très étrange. C'est le pire moment pour y repenser, mais je me demande si elle a pensé à nous. On n'a pas eu cette conversation, je pensais l'avoir aujourd'hui elle n'a probablement pas envie de parler d'une relation de la sorte pour le moment. C'est sûrement égoïste, mais je ne veux pas que cela gâche notre nuit ensemble. Si elle m'associe à ce drame, je peux dire adieu à toute relation avec elle. Cette idée me donne encore plus envie de tuer cet imbécile de Matt.

Comme un signe de joie, ses larmes s'arrêtent de couler. Ses yeux sont tout rouges, ses joues mouillées et même dans ces conditions, elle demeure ravissante. La voir dans cet état me brise le cœur, mais je ne peux m'empêcher de la trouver belle, comme hier, comme demain ; comme toujours.

-Je vais te laisser seule quelques minutes.

Je compte bien régler mes comptes avec ce connard de Matt, peu importe qui il est ou pour qui il se prend. Je promets que si Jade n'était pas témoin de cette scène, je lui aurais donné autant de coups qu'il aurait fallu pour qu'il crache du sang.

Je me lève du lit, m'apprêtant à lâcher sa main, mais elle me tire faiblement vers elle, et secoue la tête en signe de négation.

Jade -S'il te plaît... Ben, ne me laisse pas seule.

C'est la première fois que j'entends sa voix depuis l'incident, et une brèche se crée instantanément dans mon cœur. On sent la peur, la cassure qui s'est logée en elle. Sa voix brisée me torture l'âme. Maudit soit ce Matt. Maudit soient toutes les personnes qui oseront lui faire du mal. Je hoche la tête et m'assieds sur le lit, en face d'elle.

Elle me sourit pour la deuxième fois depuis peu, et sa main reprend assez de force pour serrer la mienne. Je lui embrasse le front, ferme les rideaux et lui demande de se reposer un peu.

Pdv de Antoine Griezmann

Je sors de la résidence et erre dans les rues à proximité, à la recherche de ce fameux mec. Au bout d'une bonne dizaine de minutes, je le vois au bout d'une ruelle.

-Eh ! criai-je à l'intention de ce Matt qui s'en va à pas rapides.

Il se retourne rapidement. Je lui souris, bien que ça me coûte un effort surhumain.

Matt -Oui ?

Il se rapproche de moi et dès qu'il est suffisamment proche, je lui assène un coup de genou dans les bijoux de famille ainsi qu'un coup de poing dans le ventre. En moins de deux, il s'agenouille de douleur.

Matt -Putain... lâche-t-il de surprise.

-Je te revois un jour proche de n'importe quel membre de l'équipe, en particulier de Jade, et tu as intérêt à courir plus vite qu'aujourd'hui. Je me suis bien fait comprendre ?

Il hoche la tête. Je prends d'une main ses longs cheveux et les tire vers le haut. Il gémit de douleur et lève les yeux.

-Je veux une réponse orale, pas un couinement de bébé, Matt. Tu reviens et t'es mort. C'est suffisamment clair ?

Matt -C'est très très clair, oui.

-Bien. Maintenant, dégage.

Il se relève et s'en va aussi vite que possible.

Pdv de Benjamin Pavard

Je suis allongé à côté de Jade, dans le noir. Elle dort à poings fermés et je n'ose la réveiller. Kylian toque à la porte, mais je lui dis de boucler ses valises. Maintenant que je suis debout, je prends mon téléphone, allume le flash, et range ses affaires. Je laisse sa trousse de toilette dans la salle de bain si jamais elle veut se faire belle avant de repartir.

En rangeant ses vêtements, je vois un maillot de l'équipe de France flanqué aux deux étoiles. Je souris en me disant que, peut-être, d'ici quelques mois, on en aura trois. Je le plie et remarque qu'il y a un flocage à l'arrière. Je le retourne pour voir le numéro deux et mon nom de famille, et je ne peux m'empêcher de sourire à pleines dents.

C'est mon nom.