Vingt-sept

562 19 7
                                    

Vingt-sept (1024 mots)

Pdv de Jade

Je rigole en entendant Benji répondre Jamais à ma remarque, quand mon téléphone sonna. Tiens, qui m'appelle en plein match ? Une demi seconde plus tard, je vis Écureuil apparaître sur mon écran. 'Faudrait que je change ça un jour… Quoi que.
Lola -Salut Jade, dis je suis un peu embêtée, ma télé marche plus.
-Et donc t'as appelé la meilleure électricienne de France ? plaisantais-je sans comprendre pourquoi elle m'appelait.
Lola -Mais non, patate, je regardais le match.
-Ah oui, c'est embêtant ça, dis-je en me moquant d'elle.
Lola -Ça te dérange de me faire un live (= direct) privé du match, s'il te plaît ?
Elle me suppliait presque, et pour du foot en plus ! Si on nous avait dit ça il y a peu, aucune de nous deux ne l'aurait cru. C'était presque touchant.
-Pas le moins du monde, très chère.
Benjamin C'est pas fini le bordel là-haut ? demanda-t-il en me lançant un sourire blagueur.
Lola -Oh, le mouton. C'est comme ça qu'elle le surnommait maintenant - j'avais presque négligé ce détail. Il est encore sur le banc de touche ? La honte, surenchérit-elle.
-Toi la ferme, dis-je mal à l'aise.
Benjamin -Ah bah sympa !
Ma tête était à deux doigts d'exploser. Il ne manquait plus qu'il croie que je lui veux du mal. Comment pourrait-on en vouloir à un gars parfaitement adorable ? Il n'est jamais méchant avec moi. À vrai dire, il me fait toujours rire. Il a vraiment le même humour que moi, ou alors plutôt l'inverse. Je suis plus jeune que lui, donc c'est plus logique dans l'autre sens. Enfin bon, ça ne change pas grand chose. Il avait quand même le don de me redonner le moral à chaque occasion.
-Mais non, pas toi. Je suis au téléphone, Ben ! argumentai-je pour me justifier.
Lola -Ça lui donne des petits surnoms et tout... Ouh la la ! dit-elle en gloussant comme une lycéenne.
Je vivrais au rouge tomate, voire cramoisi. Benjamin entendait sûrement ses commentaires déplacés. D'ailleurs, il avait retrouvé un petit sourire au coin des lèvres, et je le soupsonne même d'écouter notre discussion avec attention.
-Toi tu te calmes, sinon plus de match.
Lola -Toujours des menaces !
-Ouais, dis-je en bombeant le torse dans un sentiment de puissance.
Benjamin -C'est pas très très gentil tout ça, remarqua-t-il.
Lola -Finalement je l'aime bien, le mouton.
-Il t'entend le mouton, je te signalerai.
Benjamin -J'avoue, la-pote-de-Jade, je t'entends.
Lola -Bon chut. Je regarde le match, moi.
Elle est pas culottée celle-là ! pensais-je. C'est sûrement ce que pensait le bouclé, puisqu'il ne répondit rien et se contentait de se retourner vers ses coéquipiers.
Lola -Je lui ai cloué le bec au petit, me dit-elle tout bas.
-Et t'as pas honte en plus ! lui sifflai-je.
Lola -J'avais aussi besoin de te parler. Je fronçais les sourcils, la laissant poursuivre. Comment ça va avec les gars ? Ça va fait deux jours que je n'ai plus de nouvelles !
-Je sais, je sais... Désolée.
Un bruit fort nous coupait. Un but venait d'être marqué. Encore. Et j'entendis du bruit indéfinissable venant du combiné. Je levais la tête, espérant voir ce qui s'était passé, même si c'était trop tard.
-C'est quoi ce bordel ?
Lola -Désolée. C'est ma télé- -Désolée. C'est ma télé- Je repris un contact visuel avec mon amie, réalisant ce qu'elle disait. -Phone ? tenta-t-elle.
-T'as aucun problème de télévision, espèce de sale menteuse !
? -Ça suffit tout ce bruit ?
Je me retournais et vis un vieux papy installé derrière les gradins, non loin de moi. Je m'excusais poliment et levais les yeux au ciel dès le dos tourné.
Lola -Vieux con ronchon.
-Tais-toi, j'ai déjà assez de problèmes à cause de toi.
J'osais un regard au-dessus de mon épaule. Il n'avait rien entendu.
Lola -Comme quoi ? Un problème de communication avec le Tuche ?
-Pourquoi l'ai-je initiée au monde du foot ? râlai-je en regardant le ciel.
Lola -Réponds, je m'impatiente.
-Ingrate.
Lola -Cachotière.
-Menteuse.
Lola -Oh. dit-elle en mettant sa main devant sa bouche, faussement offusquée. Ingrate.
-Déjà utilisé, raté écureuil, rigolai-je.

Oui, on avait ce jeu idiot de s'insulter de façon bourgeoise jusqu'à ce que quelqu'un répète un mot. Elle perdait toujours, car j'avais vécu avec ma mère qui n'osait insulter les gens qu'avec des noms de poules. Alors j'avais une certaine longueur d'avance, il est vrai. Et puis, sérieux, elle a une mémoire pourrie ma petite Lola. Malgré elle, mais quand même.

À chaque but, j'entendais ma blonde crier de joie. Je ne l'avais jamais vue dans cet état, pour du foot tout du moins. Je trouvais cette nouvelle passion géniale, puisque je pouvais la partager avec elle - enfin ! Je vis Benjamin monter et je l'encourageais alors que la fin approchait.
Le match se finissait sur une large victoire de la France : 8-0. Et qui dit large victoire, dit grande fête au vestiaire.
Je discutais encore quelques minutes avec Lola et puis rejoignais les garçon qui m'avaient fait la gentille surprise de m'attendre pour m'arroser d'eau. J'étais - comme vous pouvez vous en douter - ravie. Je vis Lucas exploser de rire tandis que son frère tenait l'arme du crime, c'est-à-dire une bouteille d'eau vide, en main.
-Je suis heureuse que vous aillez gagné avant que j'en tue un. THÉO BERNARD FRANÇOIS HERNANDEZ, TU PAIERAS !
Lucas -ADIEU, FRÈRE TANT AIMÉ.
Kylian -Quelle bande de malade ces deux-là, dit-il en s'adressant uniquement à moi.
-Tu m'arraches les mots de la bouche... Je pointais Théo du doigt. C'était son idée de m'arroser, n'est-ce pas ?
Kylian -En vérité, il a appliqué le plan. Mais ce n'est pas lui le cerveau.
On se croirait dans un vieux film de trafiquant, suivis de près par le FBI.
-C'est qui alors ? dis-je en haussant le ton à cause du boucan.
Il essaya de me parler, mais les garçons se mettaient à chanter à tue-tête. Il me pointait donc le cerveau du doigt. J'avais du mal à y croire, pour être honnête.

Je veux dire… Pavard ?

Cheveux bouclésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant