Cheveux bouclés

Trente-deux

Trente-deux (969 mots)

Pdv de Jade

Antoine -Personne n'a de pantalon de rechange sur soi pour Jade ? Vous êtes si peu organisés, ça fait peur.

On rigole et je vois du coin de l'œil le coach s'énerver et faire de grands gestes. On l'entend rabâcher les mêmes phrases. Je m'écarte légèrement du groupe, ayant un peu honte de ma tenue. En y voyant de plus prêt, je remarque une camionnette avec un nom d'entreprise de distribution d'électricité, d'eau et de gaz. D'après les indications écrites sur le mini van, ils distribuent les trois. Ça, ça reste à prouver ! 

Didier -Si vous ne faites pas d'eau et d'électricité, y'a plus que le gaz, et à lui tout seul il ne sert plus à grand-chose.

Il était au téléphone, probablement avec des services téléphoniques à la noix.

Didier -Mais enfin, c'est une honte ! Après l'électricité, c'est l'eau. Et puis quoi encore ?

Silence de 30 secondes, et puis...

Didier -Ah parce qu'en plus c'est une erreur technique, pour l'eau ? VOS EMPLOYÉS CONFONDENT LE CONDUCTEUR D'EAU ET D'ÉLECTRICITÉ ?! IL Y A QUAND MÊME UN SOUCI, AVOUEZ-LE.

Il marqua une pause, sûrement entendait-il la réponse de l'interlocuteur.

Didier -Comment ça, "ça arrive" ? C'est flagrant la différence, c'est comme confondre une pomme et une poire, on est plus en CP ici. Merde.

Ses cris s'estompèrent. Je sentais une présence derrière moi.

Kylian -Il est devenu fou, je crois.

Il est déjà de retour, lui ?

-T'as été rapide !

Kylian -Je suis toujours rapide, pas que sur le terrain.

Je roule mes yeux dans leurs orbites. N'importe quoi.

Kylian -Le vendeur m'a reconnu et m'a aidé à trouver des chaussons. Il a été super compréhensif et m'a dit que c'était cadeau. Donc il t'a offert... Il sortait la boîte en carton. Ceci.

J'observais le carton avant de l'ouvrir. Trop mignon ! Ce sont des chaussons avec fourrure intégrée - vraiment douce - et en forme de petits moutons. C'est beaucoup trop chou.

-T'es au courant d'où vient la fumée ?

Kylian -Oui, c'est l'accumulation des bougies, ça a créé un feu d'air.

-Un feu d'air ?

Kylian -C'est comme ça que j'appelle ce phénomène... C'est quand trop de gaz se trouve dans l'air, sans que quelque chose d'inflammable ne brûle.

Un blanc s'installa, pendant lequel on s'assit sur les marches de la résidence. Je callais ma tête sur son épaule après avoir enfilé mon adorable nouvelle paire. Je m'amusais à les faire danser l'un après l'autre.

Kylian -Dis.

-Hmm ?

Kylian -T'étais vraiment à la douche quand l'eau s'est coupée ?

-Tu crois que j'étais où ? En vacances peut-être ? À la plage ?

Kylian -Benjamin était un des derniers à sortir. En plus, personne t'as vue sortir de ta chambre, je me suis dis que peut-être que vous deux étiez en train de-

-T'es malade !

Je lui fis des gros yeux et il rigolait de plus belle.

Kylian -Genre t'y as pas pensé ?

-Espèce de... Kylian ! Il fallait croire que j'étais à court de mots. Vous avez une manie, vous les mecs de crier des trucs vraiment dégueulasses.

Lucas -N'importe quoi, je vois pas de quoi tu parles.

Théo -De quoi ?

-Mais rien, chut ! dis-je en baissant le son de ma voix.

Lucas -C'est vrai que t'es pas discret, j'ai tout entendu.

-Kyk', je vais te tuer. Parler avec ce genre de propos à côté de Lucas, t'es malade !

Théo -Donc moi tu t'en fous ?

-Non, parce que toi t'es un sucre. Et puis tu me laisses un peu tranquille, pas comme ton frère.

Lucas -Oh ça va hein, t'es pas martyrisée avec moi non plus.

Kylian -Avec toi franchement, y'a moyen que oui.

Lucas -Non, parce que c'est Jade. Toi par contre, tu ne payes rien pour attendre.

Kylian -C'est pour ça que je ne vais pas à Disney Land.

- EH ! C'était MA blague.

Théo -Y'a pas de mérite à avoir, elle n'est pas franchement géniale.

-Commence pas à faire ton Hernandez, toi.

Lucas -Comment ça, faire ton Hernandez ? Tu critiques ma famille, maintenant ?

-Primo, pas ta famille mais ton nom de famille. Nuance. Secondo, je ne critique pas, j'en ai fait une expression. Faire son Hernandez.

Lucas -Et ça veut dire quoi, ça exactement ?

-Être sarcastique et cash. Comme toi et moi, mais tu le fais mieux parce que c'est toi la référence.

Lucas -Eh, je suis la référence, répétait-il en s'éloignant.

J'attends qu'il fût parti.

Kylian -Tout ce qu'on lui ferait pas gober à celui-là.

-Tu l'as dis.

On se tape dans les mains et Théo nous regarde d'un drôle d'air. Avant qu'il ait le temps de dire quoi que ce soit, je le suppliais.

-Dis pas ça à Lucas, s'il te plaît.

Je faisais ma tête de chien battu. Il secoua la tête.

Théo -Ok ok, je dirai rien, promis.

-Merci !

Théo rejoignait son frère, suivant sa trace. Il nous salua discrètement. Il était beaucoup moins expressif que son frère, mais je ne me faisais pas d'illusion - il restait un membre de sa famille.

Kylian -T'es trop douée, purée !

-Je sais, je sais. Ça s'appelle le talent.

Kylian -Ça s'appelle le charme, surtout.

-N'importe quoi.

Kylian -C'est vrai, ne nie pas. Les filles, vous utilisez votre charme pour ce genre de demandes.

-C'est faux, on supplie un peu, c'est tout. C'est vous qui y trouvez du charme, ce n'est pas de notre faute.

Kylian -Mais oui, mais oui. Bien sûr.

-Mais c'est une belle observation, mon cher Watson. Tu commences à comprendre les femmes en m'observant. Brillant.

Kylian -À lèvres. Pardon, je suis fatigué.

Il se frottait les yeux et puis le visage tout entier.

-Ça se ressent.

Je le taquinais - uniquement gentiment, il le savait. Il calle à son tour sa tête sur la mienne et je me sentais soulagée d'un poids, comme si tout les problèmes s'étaient dissipés.