Trente-six

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Trente-six (717 mots)

Pdv de Jade

Le coach donnait ses dernières consignes dans le vestiaire et les gars me laissèrent m'habiller. Au bout de quelques minutes, je me joignais à eux. L'ambiance était à la concentration. On sentait un peu une tension et je décidais de suivre mon duo de blagueur favori : j'ai nommé Lucas (Hernandez) et Antoine (Griezmann). C'est vrai que je blague souvent et je m'amuse beaucoup avec eux deux. Ils ont toujours des délires étranges, mais chacun suit l'autre et je finis toujours par éclater de rire. Ils sont vraiment super drôles et gentils à la fois.

L'entraînement fini, je décidais de rester avec eux deux. J'avais besoin de rire un peu. Un coup de blues s'abattait sur moi pour une raison simple : j'allais bientôt partir, et les garçons allaient me manquer. Clairefontaine était un endroit sympa, malgré les nombreux problèmes qui ont pu survenir durant notre séjour. C'est clair qu'entre mes sautes d'humeur et la panne de courant, puis d'eau, j'avais été servie. C'est d'ailleurs bientôt mon anniversaire, mais je me réserve de le dire aux garçons. Ça me mettait mal à l'aise les anniversaires, pour une raison que je n'ignore pas : ma mère m'a gâché un souvenir de plus et a fait de ma fête d'anniversaire un drame familial à mes quatorze ans. Depuis, je cessais de compter les années qui sont passées, cela me rappelait le nombre d'années où ma famille ne m'avait plus adressé la parole. Manque de chance, vu que ma chère mère avait décidé que ça devait être ce jour-là. Puisqu'on ne se voyait déjà pas beaucoup avec ma famille, mes cousins avaient pensé que j'étais dans le coup et que c'était prévu, alors que c'était tout l'inverse. Bref, ma mère a détruit ma relation avec la seule famille qui me restait, et elle avait choisi le jour de mes quatorze ans pour étaler au grand jour que mon grand-père était mourant, par la même occasion. Super ambiance après l'annonce. Des pleurs, des cris, des larmes et des claquements de porte. Et vas-y que je balance une assiette en porcelaine par terre, et que je dégueulasse ton mur blanc crème avec un gâteau aux fruits rouges. Imaginez ma réaction alors que je venais de souffler mes bougies. J'ouvre les yeux et au lieu d'un vœu, c'est un cauchemar qui se joue devant moi.

Vous l'aurez compris, je ne suis pas très enthousiaste à l'idée de fêter mon anniversaire. Chaque année, Lola en profitait pour faire une sortie ensemble dans les semaines proches de ma date et me disait que c'était mon cadeau. Ça changeait du souvenir de mes fameux quatorze balais.

Antoine -Jade ?

-Oui ?

Lucas -Tu penses à Benjamin ou tu fixes juste le vide ?

Antoine -Je voulais pas dire ça, dit-il à l'adresse de Lucas. Ça va ? T'as l'air pensive...

-Oui oui, t'inquiète pas.

Lucas -On s'inquiète pas, hein. On est pas des papas poules. 'Fin, pas moi...

-Mouais, j'y crois pas.

Antoine -Moi non plus, dit-il pour rentrer dans mon jeu.

Lucas -Quoi ? Arrêtez, vous me connaissez trop mal. Je suis un dur à cuire.

Il gonflait ses muscles sous son t-shirt de ville, en les touchant les uns après les autres.

-Mais on n'a pas dit le contraire. T'es juste trop protecteur avec les gens que t'aimes, c'est pour ça.

Antoine -Bien rattrapé ça.

-Donc t'es un papa poule.

Lucas -C'est une critique ou un compliment ? J'arrive pas à savoir.

Antoine -Ça dépend du point de vue...

-Ouais voilà, les autres parents et adultes trouvent ça mignon tandis que quand t'es enfant t'aimes pas trop ça.

Lucas -Donc vous dites que je suis un papa chiant quoi.

-Non, tu aimes tes enfants.

Antoine -Exactement. Et ils s'en rendront compte quand ils seront plus matures...

Lucas -Mes enfants sont déjà matures.

Et c'est reparti, du Lucas tout craché. Qu'est-ce qu'il peut être pénible quand il s'y met. M'enfin bon, il est tellement drôle qu'on ne peut rien lui reprocher. Ou presque.

Quand il finissait son plaidoyer sur la maturité de ses gosses, je me dirigea vers la chambre de mon nouveau meilleur ami, Kylian. Quand je toqua, j'entendis un faible Entrez, à peine audible. Ma main actionna la poignée et Kylian était simplement assis sur son lit, à fixer le mur. Encore un gars déprimé ou quoi ?

-Kyky, ça va ?

Kylian -Hmm...

-T'es sur ?

Kylian -Ouais c'est juste que je pensais à un truc...

Cheveux bouclésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant