Cheveux bouclés

Cinquante

Cinquante (862 mots) ! scènes choquantes ! 

Pdv de Jade

Il (= Matt) en a envie. Il a envie de moi. Il veut le faire et je suis enfermée là, sans que personne ne puisse m'aider. L'enfer ne fait que commencer.

On est seuls, presque personne n'est à l'étage. Ils s'amusent tous en haut, à profiter à fond avant de dormir dans l'avion. Et moi je suis là, à la merci de la libido d'un parfait inconnu.

Je me pose mille et une questions.

Est-il vraiment masseur ? Comment est-il rentré ? Comment ai-je pu lui faire confiance, alors que mon instinct était mitigé ? Tout ceci a-t-il réellement de l'importance ?

Pdv de Kylian Mbappé

-Donc ton plan, c'est de faire croire à une relation toxique et abusive devant la justice ? Parce que tu crois que ça va marcher, en plus ?

Jennyfer -Bien sûr que ça va marcher, dit-elle fière comme un coq. 

-T'es devenue complètement dingue, ma parole ! Jamais tu ne gagneras un faux procès.

Jennyfer -Même si ce n'est pas le cas, un procès sur ton dos, ça serait l'équivalent de la fin de ta carrière. Les rumeurs courent vite. Soit tu me donnes une somme suffisante d'argent tout de suite, soit tu dis adieu au foot. Bye bye ta carrière. Adieu tes riches camarades. Je te laisse une semaine pour réfléchir. Si je n'ai pas de virement ou de message, dis adieu aux bleus. Et on entendra bientôt dans la presse ma victoire contre mon ex toxique qui, soit dit en passant, sera exclu de son club. Et puis, un beau jour, j'annoncerai mes fiançailles avec mon avocat. Le seul homme qui, durant ma période de souffrance due aux traumatismes créés par les souvenirs ressurgis lors du procès, m'a compris. Oui, le seul homme qui m'ait comprise et qui ait daigné voler à mon secours. Elle marque une pause dans son récit d'horreur. Alors, prêt à signer ton chèque, le footeux ?

-Tu ne recevras pas un centime de moi, espèce de sale égoïste.

Jennyfer -Je te demande pardon ?

-Tu veux la jouer comme ça, très bien. Vas-y. Je dirais au monde entier à quel point tu étais ingrate. J'ai des milliers de messages qui le prouvent. Et en plus de ça, je pourrais aussi faire courir des rumeurs sur toi.

Jennyfer -Qu'est-ce que tu racontes ?

-Je n'ai qu'à dire à la France entière que t'étais le pire coup que ce monde ait connu. Je marque une pause afin d'appuyer mon propos. Une femme qui ne vaut rien au lit. Une débutante, mieux ; une apprentie. 

Jennyfer -C'est faux !

-Toute la terre ne va pas coucher avec toi pour le savoir, remarquai-je, alors ils croiront les rumeurs, et ton super-petit-copain-avocat te quittera en entendant ces horreurs auxquelles il ne voudra pas être mêlé. Tu serais beaucoup plus humiliée que moi. C'est toi qui voit, après tout, c'est ton plan.

Un blanc s'installa, long d'une vingtaine de secondes. 

Jennyfer -Je trouverai un autre moyen de me venger, crois-moi. Nous deux on n'en a pas fini.

-Oh, je crois que si, Jenny. Nous deux ça n'existe plus. C'est du passé, maintenant. De toute façon, tu viens de me prouver que tu ne me méritais pas.

Elle s'en va en courant, énervée de ne pas avoir su riposter. Elle est folle, cette fille. Me larguer par texto et me menacer avec son nouveau- super-copain ? Et puis quoi encore ?

Je la vois débouler les escaliers.

Je descends quelques minutes après pour être sûr de ne pas la croiser, afin de parler à quelqu'un. J'ai absolument besoin de me changer les idées.

Pdv de Jade

Je ferme les yeux pour ne pas pleurer. J'entends qu'il déboutonne sa ceinture, lentement. J'ai envie de hurler, mais aucun bruit ne parvient à s'échapper de ma pauvre bouche. Chaque cri reste coincé au fond de ma gorge. Bientôt, le calvaire va commencer. Je sens sa main parcourir mes cheveux, et j'ai une soudaine envie de vomir.

J'ouvre les yeux et son regard me terrifie plus que jamais. Cette lueur cruelle ressort de ces pupilles, des frissons me parcourent le corps entier et, d'un coup, je me ressaisis. Parce que je sens l'horreur arriver. L'horreur la plus terrifiante à laquelle je n'ai jamais pu être confrontée. Elle s'apprête à débuter. Chacune de mes pensées me répugne, je ne peux plus le supporter. 

Alors, je hurle à plein poumons, et ordonne à ma jambe de donner des coups dans la porte. Il essaie de me faire taire avec une de ses mains, mais je la mords. Il me tire les cheveux, ce qui rend mon cri strident encore plus puissant. Au bout d'un moment, la poignée bouge. Quelqu'un essaie de rentrer, mais il tire toujours le verrou avec une force étonnamment surpuissante. Son autre main me prend le visage et serre ma mâchoire si fort que je sens la douleur dans mes dents. Mes yeux se mettent à couler, probablement pour me protéger de cette vision horrifiante.

Et, au bout d'un moment qui paraît une éternité, la porte s'ouvre. Je ne pensais plus être dans la capacité de me tirer de là. Un sentiment de délivrance et de soulagement m'envahit. 

Tout est bientôt terminé. 

Enfin.