Trente-cinq

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Trente-cinq (959 mots)

Pdv de Jade

-Du coup, on ne sait toujours pas où manger notre petit-dej'.

Je disais ça en tournant le dos à Benjamin qui mettait un jogging et un son maillot avec le numéro deux floqué en géant à l'arrière.

Benjamin -C'est chiant ça.

Au moment où il achevait sa phrase, quelqu'un toquait à la porte. Une dame du quartier nous avait offert ce gîte pour la nuit, salle de bain, chambre avec lit double, cuisine plus un couloir et une porte d'entrée. Sympa. J'ouvre et suis étonnée de voir Kylian.

Kylian -Livraison express.

Il avait un large sourire et des boissons du Starbucks en main. Je voyais nos trois prénoms écrits sur les gobelets.

-Merci, dis-je alors qu'il me tend un chocolat chaud viennois. Mon préféré en plus.

Kylian -T'as vu ça, je suis un pro.

Benjamin -T'as pas encore ta tenue de livreur, commenta-t-il.

C'est à ce moment-là que je les vis. Le groupe de mec caché derrière Mbappé, d'une discrétion sans nom. Lucas avait été le premier que j'avais vu. Très discret lui aussi. Lucas, Théo, Jules et Aurélien étaient tous là.

Lucas -Salut vous deux.

Il avait les yeux en feu, observant le plus de choses possibles.

-Salut, l'indiscret. Qu'est-ce que vous faites là ?

Théo -On était venus vous dire qu'on pouvait rentrer. C'est réglé, prenez vos affaires.

Benjamin -Et vous deviez être quatre ?

Lucas -Tais-toi et va prendre tes affaires. On t'a apporté un café.

Kylian -On ? Tu l'as même pas porté et tu connaissais même pas les goûts de Jade. Et ça se dit son préféré, hein.

-On se calme les mioches. On arrive, dis-je en rigolant intérieurement.

On rassemblait nos affaires et un sentiment profond que je ne su déceler marquait le visage de Benji. Il était fermé à la discussion, clairement. Alors, je rassemble en silence mes quelques affaires et ferme à clé le gîte avant de les rendre à la propriétaire qui souhaita un bon entraînement aux garçons. Adorable.

Pdv de Benjamin Pavard

-Et là je lui ai demandé si elle avait bien dormi.

Lucas -Elle a dit quoi ?

-Assez bien si je me rappelle.

Lucas -Et puis ?

-Et puis, quoi ?

Lucas -Ne me dis pas que tu n'as rien dit de plus. Je vois bien que tu ressens quelque chose pour elle, Ben.

Je bloquais ma mâchoire fermement. Je m'en voulais. Et j'en voulais aussi à Kylian d'avoir gâché mon moment opportun, en se vantant d'être le préféré de Jade. Il vole toujours la vedette à ses yeux et ça m'est insupportable.

-Je ne savais pas quoi dire.

Mensonge. Je n'osais rien dire. Je regardais le sol, gêné, comme toujours.

Lucas -Un truc du genre Et si tu te réveillais toujours comme ça ? Ou bien Tu pourrais bien dormir tous les jours à mes côtés, je sais pas moi, mais quelque chose !

-C'est une phrase de drague, ça ?

Lucas -Moi j'ai une femme et des gosses, je te signale. Crois-moi, les femmes adorent ce genre de phrases. Ça fait macho dit comme ça, mais il n'avait pas tort. En plus ça te permet de voir si elle est vraiment à fond sur toi ou pas. Au moins, t'es fixé.

-Pas bête ça, commentai-je à moitié absent.

Lucas -À la prochaine occasion, je lui dis à ta place si tu la fermes, je te préviens.

-Lucas...

Lucas -Y'a pas de Lucas qui tiennent ! Fin de la discussion.

Et il se leva, direction sa chambre.

On est revenu dans la Résidence, qui venait d'être nettoyée de fond en comble. Quelques planches étaient noircies, mais sinon, aucune trace du presque incendie qui avait eu lieu. Je suis maintenant dans ma chambre, avec le café que Kylian m'avait donné dans les mains. Je ne veux pas le finir, il est froid, mais j'ai horreur du gâchis. Je le bois d'une traite, grimaçant au goût âpre et presque glacé, et je jette le gobelet dans la poubelle. Mon œil louche sur un papier qui se trouvait dedans. Le papier où j'avais écris les paroles de mon ami Kylian. Ses paroles avaient disparues de ma mémoire jusqu'à maintenant. Ouvre les yeux, Ben. Je ne peux rien te dire de plus que ça. J'avais enfin oublié cette histoire. Merde. J'ai beau y penser, je ne trouve aucune logique à ces paroles. Je dois en avoir le cœur net.

Pdv de Kylian Mbappé

Benjamin toqua à ma porte et entra avec un air sérieux que je ne lui connaissais pas. En tout cas, jamais avant un entraînement.

Benjamin -Kylian, il faut que tu me le dises.

Il allait droit au but, mais j'ai du mal à comprendre sur quel terrain il mettait les pieds.

-De quoi tu parles ?

Il fixait toujours le sol avec le même air sombre.

Benjamin -Ouvre les yeux, Ben. Je ne peux rien te dire de plus que ça. Ça ne te rappelle pas quelque chose ?

-Je te l'ai dit, je-

Benjamin -Je veux une explication, et pas plus tard que maintenant.

-Je suis navré, je ne peux pas.

Benjamin -Ok, dans ce cas on ne va pas à l'entraînement.

-Quoi ?

J'étais abasourdi.

Benjamin -Je te forcerai à rester ici jusqu'à ce que tu me dises ce que tu devais me dire.

Il est devenu fou. Ma parole, mais qu'est-ce qui lui prend ? Je ne peux pas trahir Jade. J'ai promis.

-Voilà ce qu'on va faire... Si dans une semaine tu n'as pas compris, je te le dirai.

Benjamin -Je ne peux plus attendre.

-Je te promets que tu ne seras pas déçu. Tu dois me croire.

Benjamin -Je te crois, seulement-

-Si tu me crois, alors vas te préparer.

Je lui ouvre la porte tout en espérant qu'il ne compte pas rester, parce qu'il serait vraiment capable de nous enfermer ici. Il hésita et puis souffla en sortant de ma chambre. J'ai eu chaud. En vérité, si je n'avais pas pris mon courage à deux mains, on serait restés là jusqu'à mourir de faim et décider de descendre manger.

Cheveux bouclésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant