Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ XXXII

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Chez les Greengrass, tout est démesuré du sol jusqu'au plafond cathédrale. Je ne me sens pas tout à fait à ma place dans tout ce luxe qui m'entoure. Les allées de jardins sont fleuries par de belles pivoines, les pièces sont tellement immenses qu'on a l'impression d'être dans une autre maison à chaque fois. C'est vraiment majestueux. Lorsqu'on m'a présenté ma chambre, j'ai cru que ma mâchoire allait se décrocher. J'ai le privilège de dormir dans une des plus belles chambres. Celle-ci comporte un lit à baldaquin pouvant accueillir au moins quatre personnes, si ce n'est pas plus et une vue imprenable sur les plaines voisines. La première nuit passée ici a été une des meilleures de ma vie sans aucun doute, tellement le confort y est irréprochable. Je me lève ce deuxième jour, un peu plus enjouée que la veille. Je me dirige vers ma salle de bain privée et lorgne sur la gigantesque baignoire qui trône en pleins milieu de la pièce. Je n'ai pas encore eu le plaisir de procrastiner dans celle-ci, mais il va falloir que je trouve le temps un de ces quatre, avant la fin des vacances. Je me douche rapidement et me coiffe de la même vitesse. Je rejoins vite la famille Greengrass, déjà à table, entrain de prendre leurs petits déjeuners.

« - Oh Lilla, bonjour, bien dormi ? Me demande la mère tout en reculant ma chaise.
- Oui Madame Greengrass, le lit est tellement confortable que je ne mets pas plus d'une minute pour m'endormir, lui répondis-je en m'asseyant.
- Je t'en prie, appelle moi Elizebeth, me reprend la femme.
- Qu'allez-vous faire de beau aujourd'hui les filles ? S'exclame son père en même temps qu'il lit la gazette des sorciers.
- J'ai prévu d'emmener Lilla dans notre clairière, tu verras, on a pleins de licornes ! Il faut que je demande d'ailleurs à Lock de nous préparer des affaires pour les monter, dit Astoria en parlant de son elfe de maison. »

Quand je vous dis que tout est dans la démesure, je ne mens pas. Je suis excitée à l'idée de monter sur une licorne, je n'ai jamais fait une telle chose dans ma vie. Depuis que je suis ici, je ne cesse d'être surprise. Le fameux Lock arrive vers nous, les bras chargés de plats, tous pour moi. Je suis servie comme une princesse dans cette maison. Je remercie l'elfe de maison et entame mes œufs brouillés gaiement. Je n'ai pas une minute pour penser à Drago depuis que je suis là. Astoria veille d'ailleurs à ce qu'il ne soit pas omniprésent dans mes pensées, et je la remercierais jamais assez pour ça. Nous terminons notre petit déjeuner et filons nous préparer pour aller faire une randonnée en licorne.

De retour au manoir des Greengrass, je descend de la licorne en passant mes mains sur mes cuisses. J'ai si mal, je ne pensais pas que ça demandait autant de conditions physiques. Astoria me propose d'aller dans sa chambre pour discuter puis qu'apparemment leur elfe de maison est une vraie commère et écoute sans arrêts les conversations de ses maîtres. Je ris et suis la brune jusqu'à l'étage. Nous nous affalons enfin sur l'immense lit et contemplons le plafond.

« - J'ai une mauvaise nouvelle à te dire, me fait Astoria en soupirant.
- On remonte sur les licornes ? Plaisantai-je en lui donnant un coup de coude.
- Non, tu aurais dû me le dire que tu avais si mal ! Pouffe de rire la brune.
- Je n'ai fais que ça, je pensais que tu comprendrais quand je disais "pas si vite Astoria", riais-je à mon tour.
- Enfin bref, sache que ça ne va pas du tout te faire plaisir, ce matin pendant que tu dormais, mes parents m'ont annoncé qu'ils allaient organiser un bal demain soir, m'explique enfin la serpentard.
- Ben alors ? J'aime bien les bals moi, répondis-je sans comprendre.
- Mes parents ont invités les Malefoy... Conclut Astoria en grimaçant. »

Je reste muette tandis que mon esprit hurle des tonnes de paroles incompréhensibles. Je veux l'oublier mais je n'y arrive pas. Pourquoi à chaque fois il refait surface ? Pourquoi sommes nous destinés à rompre et à se revoir ? Je sens la main d'Astoria prendre la mienne. Elle sait ce que je suis entrain d'endurer. Je ravale mes larmes avec difficulté et essaye de reprendre le contrôle sur mes émotions. J'ai dis qu'il ne me ferait plus mal, il faut que je l'ignore, tout comme mes sentiments. Que ce soit de l'amour, de la colère ou de la tristesse, je ne peux pas me permettre de ressentir quelque chose pour lui. Je dois agir comme s'il était un inconnu, c'est tout. Ce sera plus facile pour moi, pour mes parents.

« - Ça va ? Me demande doucement Astoria.
- Oui, pourquoi ça n'irait pas voyons ? Mentis-je en me forçant à sourire.
- De toute façon, il y aura tellement de monde que ce sera facile de l'éviter, me rassure mon amie. »

Je hausse les épaules et me force à lui offrir un sourire convaincant. Je ne sais même pas si j'ai la force de le revoir, mais il va bien falloir que j'en trouve. Affronter Drago est déjà une chose compliquée mais devoir saluer le plus poliment possible son père, c'est presque inimaginable. Pourquoi cet homme a mis au monde un fils aussi extraordinaire ? Il n'aurait pas pu avoir un garçon laid, ou une fille tiens ! Astoria me propose alors d'essayer quelques unes de ses robes de bal pour me changer les idées. J'accepte évidemment et la suis jusqu'à son dressing, qui est au passage plus grand que mon salon et ma cuisine réunie. Je suis émerveillée par la beauté des vêtements suspendus par un sort magique. Je caresse du bout des doigts la longue rangée de robes, de toutes les couleurs, de tous les tissus possibles. C'est juste incroyable.

« - Je n'ai jamais vu autant de vêtements de ma vie, dis-je encore époustouflée.
- C'est vrai que j'ai un certain penchant pour la mode, rit la brune.
- Tu sais déjà ce que tu vas mettre demain ? Lui demandai-je en détaillant un peu plus chacune des robes.
- J'ai ma petite idée oui, mais en faite, j'avais plus penser à quelque chose pour toi, j'ai une robe qui t'irais parfaitement, me fait Astoria en s'approchant de la longue rangée. »

Elle attrape une robe bleue foncée et me la rend. Je ne peux que admirer la beauté de cette tenue. C'est même trop bien pour moi. Alors que je parais hésitante, Astoria me pousse à l'essayer. Forcée par mon amie, j'accepte finalement de me prêter au jeu. J'enlève mes vêtements et enfile cette œuvre d'art avec l'aide de mon amie. Le sublime bustier cintré met ma poitrine en valeur, tandis que les manches bouffantes apportent une touche plus délicate à l'ensemble de la robe. En me regardant dans le miroir, je ne peux que apprécier ce que je vois. J'ai l'impression d'être une princesse, il ne me manque plus que le diadème et le prince charmant. Pour ce dernier détail, mon esprit ne cesse de clamer un seul prénom, mais j'essaye de le chasser.

« - Tu es ravissante, je suis presque jalouse, elle ne m'allait pas aussi bien, plaisante la brune.
- Oh je t'en prie, ce type de robe doit convenir à tout le monde tellement elle est belle, répliquai-je en souriant.
- C'est toi qui est belle Lilla, me complimente mon amie en me donnant un coup de coude. »

Je rigole et détourne encore une fois mon regard dans le miroir. Je ne comprends pas pourquoi, au fond de moi, j'espère plaire à Drago. Décidément, c'est encore trop tôt pour tirer un trait sur lui. Mon esprit n'est pas encore prêt à passer à autre chose. Du moins, s'il s'agit bien de mon esprit et pas de mon cœur. Pendant que je retire délicatement la robe qu'Astoria m'a prêté, je la regarde entrain de chercher celle qui lui conviendra. Comme si elle connaissait son dressing sur le bout des doigts, elle arpente l'allée et sort une robe rose pâle de sa rangée. Elle est tout aussi belle que la bleue, mais est complètement différente. Celle-ci est plus romantique, plus délicate. Astoria l'essaye enfin et tourne sur elle-même pour donner son verdict.

« - Elle te va comme un gant ! Lui dis-je en la regardant, assise parterre.
- Je l'ai déjà porté il y a deux ans, j'ai peur que les convives s'en aperçoivent, soupire la brune.
- Il y a deux ans ? Tu te fous de moi ? Je ne me rappelle même pas de ce que j'ai mangé la veille, tu crois que les gens vont se souvenir de ce que tu portais il y a deux ans, pouffai-je de rire. »

Je suis vite rejointe par Astoria. Je ne connais pas très bien ce milieu, mais il me semble que l'apparence doit prendre une place primordiale. Pour moi, c'est tout le contraire. Mes parents et moi-même n'avons jamais assisté à un événement de la sorte. La plupart du temps, lorsque nous recevions des convives, c'était plus un dîner en famille qu'un bal... Il n'y avait pas de bonnes manières, on rigolait à tout bout de champ pour tout et n'importe quoi. Ces souvenirs m'arrachent le cœur. C'était il y a si longtemps mais j'ai l'impression que c'était hier que je partageais ces bons moments avec mes parents. Comme quoi, certaines douleurs, certains souvenirs ne s'en vont jamais. J'espère que ce ne sera pas le cas pour Malefoy. De toute façon, est-ce qu'il est réellement important à mes yeux ? J'ai envie de dire non, mais mon cœur me crie que oui. Satanée organe, tu ferais mieux de te préserver plutôt que de continuer à aimer une personne dont l'amour est impossible.

*

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Lᴀ ᴍᴇ́ᴛᴀᴍᴏʀᴘʜᴇ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant