Chapitre 3

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Elle décida qu'elle allait m'accompagner jusqu'à ma cabine, et puis je me rappelle ce que Max me disait : « Je pense que même le plus doué d'entre nous serait incapable de seulement l'approcher. » et un sourire narquois me monta aux lèvres. Si elle n'avait pas eu l'idée de passer par-dessus bord, et que je n'avais pas eu l'idée de la sauver, rien de tout cela ne serait arrivé, et je ne l'aurais sûrement jamais approché comme l'avais dit Max. J'aurais probablement essayé une autre méthode, beaucoup moins recommandée. De toutes les façons, le simple fait d'être avec elle, n'est pas recommandé.
- Au revoir, inconnu.
- Arthur.
- Merredia.
J'étais sur le point de lui dire que je connaissais déjà son prénom. Mais, de lui expliquer comment je le connaissais serait beaucoup trop intrusif ou psychopathe. Je décide de ne rien dire et me contente de sourire bêtement.
Cette fois-ci, j'étais bien décidé à en savoir plus sur cette légende, peut être connait-t-elle plus de choses encore que Max.
- As-tu entendu parler de cette légende ? Les sirènes.
- Évidement. Tout le monde en a entendu parler.

Mais sait-t-elle que tout le monde croit que c'est elle la sirène ?

- Mais personne n'en a jamais vraiment vu.
- Des gens racontent qu'ils en ont déjà vu, malheureusement personne n'a de preuve, et
d'autres n'y croient pas.
Elle ne me regarde pas dans les yeux. Comme si elle voulait me cacher quelque chose, on dirait même qu'elle veut esquiver le sujet.
C'est peut-être elle, la fameuse sirène. C'est ce que ma pensée me répète, je l'éloigne et retourne à ma discussion.
- Toi, tu crois quoi ?
Je vois sa poitrine gonfler et dégonfler, plus rapidement.
- Moi, je ne crois rien, je crois ce que je vois. J'essaye d'ailleurs d'en convaincre certains. Mon futur mari s'est mis dans la tête qu'il allait en capturer une et l'enfermer pour gagner de l'argent. C'est atroce, enfin, si cela existe vraiment, sinon il cherchera toute sa vie pour ne jamais trouver cette espèce imaginaire.

En réalité, moi non plus je n'y crois pas vraiment, ou plutôt, je me force à ne pas y croire.
- C'est affreux. Mais il y a sûrement quelque chose qui existe, dans tout ça.
Je ne sais pas ce que je dis, je suis tout simplement en train d'essayer de la piéger.
- Nous verrons bien quand nous le verrons, ne crois-tu pas ? Il me semble que tu doutes de quelque chose.
Aïe.
- Non ! Évidement je te crois. Je ne doute pas une seule seconde de ce que tu me raconte.
Elle sourit nerveusement.
- Mais parle-moi de toi plutôt.
Je ne m'attendais pas à cette question, je ne pensais pas qu'elle pouvait s'intéresser à ma vie. Ou juste change- elle de sujet pour réparer la gaffe que je viens de commettre, dans les deux cas, je la remercie.
- Je suis né à Londres. Le vingt-cinq Août 1922. J'habite à Westminster, une petite ville à coté de Londres, avec mes sœurs et mon père, il est parti servir le roi pour la guerre il y a un an, il doit revenir d'ici un mois pour voir sa famille et il repartira pour de longues années de plus. Ma mère est décédée quand j'avais trois ans. Et je suis venu ici pour faire des provisions pour chez moi et pour avoir de quoi donner à manger à mon père quand il reviendra. J'ai déjà fait ce voyage quand j'avais seize ans, et j'en garde de très mauvais souvenirs alors je n'étais pas enthousiaste de le refaire, jusqu'à Max et toi. Je t'avoue que je ne sais toujours pas où nous allons.

- Je suis dessolée pour ta mère. Nous allons en Amérique, au Nord.
- Et toi, as-tu une vie plus intéressante ?
Elle me regarde avec désespoir comme si elle allait m'annoncer qu'elle est une esclave.
Elle soupire puis commence son récit.
- Je m'appelle Merredia Stones, je viens d'Écosse et je suis née à Seattle, le vingt-deux mai 1922, j'ai également dix-huit ans. Je suis sur ce bateau pour me marier à Smith Jones en Amérique, dans un mois. Je n'ai pas vraiment envie de m'unir à lui mais je dois le faire pour mon père, Mr Headklift. Il est très riche et mon père veux me marier à un homme riche, et c'est lui qu'il a choisi. Il fréquente ses parents qui sont très riches également. Ma mère est contre ce mariage, elle a quitté mon père, il y a cinq ans et ne veut plus entendre parler de cet homme qui veut marier sa fille de force, sans aucuns sentiments. (Elle verse une larme) je ne la vois que rarement, lorsque je me rends en France. C'est là qu'elle habite. Je n'ai aucun frère, aucune sœur, mon père a toujours tout fait pour sa fille unique.

Sa vie est réellement plus intéressante que la mienne, je me rends compte que nous avons plus de points communs qu'en apparence.

- Vas-tu vraiment te marier, alors que tu n'en n'as pas envie ? Tu pourrais changer cela.
- Je le dois. Je ne sais pas quoi faire d'autre.
- Je peux t'aider moi. Je ne veux pas que tu prennes une décision que tu regretteras.
- Toutes les décisions que je prendrais, à présent, je les regretterais. C'est gentil de ta part mais tu ne peux rien faire. J'ai envie de me marier, pour mon père, pour le bien de la famille.
- Je comprends.
Je voudrais qu'elle abandonne, pour moi. Je voudrais qu'elle ne fasse pas cette erreur. Elle ne mérite pas un mariage forcé, je pourrais la rendre heureuse.
- Est-ce que tu es au courant de ce qu'il se passe juste en dessous de tes appartements, pendant que toi et tes amis bourgeois mangent comme des Dieux, d'autres ne mangent pas à leur faim sur le même bateau que toi.
Je ne sais pas ce que je cherche à faire, ou dire, mais je viens de le faire, j'espère que je n'ai pas un sentiment de vengeance qui s'installe, elle n'a rien fait. Ce que je viens de dire était peut-être trop direct, je n'aurais pas dû dire cela de cette façon, Que va-elle penser ? Elle l'a peut-être mal pris. Est-elle vexée ?

- Je le sais, je sais ce qu'il se passe en dessous, je sais tout ce qu'il s'est déjà passé il y a des années, j'entendais des cris de douleurs dans les couloirs, comme je voyais des enfants mourir, je suis totalement contre ces méthodes et je trouve ces voyages, la chose la plus horrible qu'il soit, et j'espère du fond du cœur que cette année, ils ont changé de méthode et ne vont pas faire endurer à tous ces pauvres gens, ce que les autres, il y a deux ans déjà ont vécu. Il ne faut sûrement pas que tu te sentes obligé de me détester en pensant que je me trouve de leur côté, les hommes peuvent être la pire chose qui existe, mais parfois ils savent comment faire pour faire croire qu'ils vont faire du bien, et au final, des gens souffrent, et ça, tout le monde s'en moque. Alors non, je ne tolère, et ne tolérerai, jamais que des gens meurent de faim, et n'ont pas les moyens de manger, et moi, je suis sûrement la seule, qui décide, de pas autant manger qu'il faudrait. Mais je ne peux rien faire.

Oh mon Dieu. «Tu ne la connais pas. C'est une bourgeoise comme les autres, et fait ce que les autres font. »
Max avait tort, elle n'est pas comme cela, ce qu'elle vient de m'annoncer, m'a déchiré le cœur, et à partir de maintenant, je prends la décision, qu'elle ne se mariera pas à cet homme, à partir de maintenant, je sens qu'elle ne sera jamais éloignée de moi, je la protégerais toute ma vie. Là où elle sera, j'y serais.
« De quoi que soient faites nos âmes, la sienne et la mienne sont pareilles. »
Wuthering heights, Emily Brontë.

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