Chapitre 4

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- Max ! Tu avais raison ! Mais tu avais tellement tort !
Hein ? Bon... c'est pas grave.
- Hein ? J'avais tort ? À propos de quoi ?
- Elle n'est pas du tout comme la bourgeoise que tu m'as décrite, elle est tellement sensible, elle se préoccupe vraiment, de tous ces gens qui souffrent, de ceux qui meurent de faim. Mais tu avais aussi raison, elle va se marier. Mais comment connais-tu autant de chose sur elle ?
- Elle était présente dans chaque voyage comme celui-ci que je faisais, j'en ai fait trois en tout, le premier j'étais vraiment petit. Les gens parlent et connaissent beaucoup trop de chose sur toi.
- Moi?
- De manière générale. Je veux dire, tout le monde connaît la vie de tout le monde lors de ce genre
de voyage. Mais malheureusement ils connaissent effectivement des choses sur toi.
- Mais que disent-ils ?
- Arthur, tu as discuté, tu es allé déjeuner avec la fille de Mr Headklift.
- Je ne vois pas en quoi cela les regarde.
- Cela ne les regarde pas, en effet. Mais ils n'ont pas besoin de ton avis pour faire des rumeurs. C'est vrai. Les gens peuvent bien dire ce qu'ils veulent. Fais attention Arthur, fais attention.
Me prendrait-il pour un imbécile ? Croit-il que je puisse me rabaisser à des rumeurs ? Ou pire, pense-il que cela va me briser ?
- Ce ne sont pas des rumeurs qui vont m'arrêter.
- Je ne parlais pas des rumeurs. Mais de son père, tu ne le connais pas, tu ne sais pas de quoi il est
capable.
À vrai dire, si je réfléchis bien, si, je sais de quoi il est capable, mais maintenant qu'il me met en garde, je suis assez septique, je me demande d'ailleurs pourquoi ne m'a-t-elle pas mis en garde contre son père, je ne voudrais pas avoir de problèmes, qu'ils soient judiciaires, financiers ou même physiques, parce que je commence à tomber amoureux d'une fille. Malheureusement, cette fille, ce n'est pas juste, une fille. Je crois que je serais capable d'accepter tous les problèmes qui existent pour rester avec elle.

Qu'est-ce que je raconte ?

Pourquoi suis-je autant et aussi rapidement accro à cette fille ?

Il est plus de vingt-trois heures lorsque nous nous dirigeons tous les deux dans la grande bibliothèque qui se trouve au sous-sol. Nous ne sommes pas autorisés à y rentrer mais personne ne la surveille aujourd'hui. Je ne peux tout simplement pas me passer de livres, de romans durant plusieurs jours d'affilés.
Pour moi la littérature ne s'arrête pas à lire de temps en temps, quand nous voulons lire ces grandes œuvres, on les lit correctement.
Lire ressemble à regarder l'horizon. D'abord nous ne voyons qu'une ligne noire, puis on imagine des mondes. Lire nous fait oublier les pires moments et alimente les meilleurs, pour une bonne lecture, il faut un bon livre, un bon auteur, une bonne histoire de bons moments seul à seul avec son livre.
Je me demande si Merredia partage la même passion pour les livres que moi, j'ai remarqué que nous avons beaucoup de points en commun.
- Crois-tu vraiment que nous avons le droit d'être ici, et si quelqu'un nous voyait ?
- Non à vrai dire je sais que nous n'avons pas le droit d'être ici.
- C'est très rassurant, merci.
- Je t'en prie.
Cela me fait penser à cette citation de John Lubbock ; « Nous pouvons être assis dans notre bibliothèque et pourtant voyager dans tous les recoins de la Terre ».

Quand j'étais en pleine lecture de Orgueils et Préjugés, je me rappelle m'être arrêté à la centième page, quand Max intervient dans mes pensées.
- Excuse-moi de te déranger dans ta lecture profonde, mais je crois que quelqu'un approche par ici.
- Combien de temps ?
Il me regarde avec un air interrogatif, il met du temps à comprendre, les Anglais ont un temps de réaction supérieur à la moyenne. Il sourit nerveusement.
- Cinq minutes.
Ou peut-être n'est- il pas anglais.
Ce qui me laisse largement le temps de finir mon chapitre. Il me regarde environ toutes les dix secondes, d'un air pressé et nous pouvons constater qu'il n'est pas à l'aise, ce qui ne m'aide pas à me concentrer plus rapidement dans ma lecture.
Une fois que j'ai terminé le chapitre de ce livre que j'ai lu et relus des dizaines de fois, il me reste environ deux minutes, je pose le livre sur une étagère, je l'attrape par le bras et nous commençons à courir en direction d'une autre sortie, je n'avais absolument pas prévu cela, alors je ne sais donc pas vraiment s'il y a une autre sortie. Nous rigolons mais nous n'avions pas remarqué cet homme, qui nous suivait avec sa lampe torche et qui criait dans tous les sens ;
- Revenez ici ! Arrêtez-vous !
Je regarde Max en rigolant.
- Ce n'était pas cinq minutes, mais quatre. On ne peut pas te faire confiance, dis-je à bout de souffle sur le ton de l'ironie.
Il rigole de plus belle mais nous ne devions absolument pas nous faire arrêter, alors nous courrons sans vraiment savoir où nous allions, mais deux autres minutes plus tard, nous voyons une sortie qui semble aller sur le pont, nous la prenons et refermons rapidement la porte à clef, ce qui laisse l'homme en colère. Nous rions toujours plus et nous nous dirigeons discrètement dans notre cabine pour finir la nuit, plus calmement.
Nous sommes essoufflés mais j'avais cette question dans ma tête qui revenait ;
- D'où viens-tu exactement ?
- Je viens de Londres mais je suis né en Inde.
En effet, les traits de son visage ne faisaient pas très anglais ou américain.
À vrai dire je ne le connais pas encore parfaitement, j'ignore encore ce qu'il a traversé pour arriver jusqu'ici.

Le lendemain matin, le petit garçon nous réveille en criant vers huit heures, nous commençons à nous habituer, je pense que d'ici la semaine prochaine, il n'arrivera plus à nous réveiller.
Lorsque nous descendons pour notre petit déjeuner, je n'étais pas pressé, sachant que notre petit déjeuner est, je le rappelle, seulement, un morceau de pain.
Mais quand nous arrivons dans la salle, je m'aperçois que sur les plateaux des autres, il y a une tasse avec du café et du pain avec de la confiture, nous étions étonnés de voir que nous avions le droit à tout cela aussi.
Je voyais arriver Merredia à l'autre bout de la grande salle, elle s'approcha de nous avec une barquette de confiture à la main en souriant, je ne pouvais m'empêcher de sourire aussi. Elle se pencha à mon oreille ;
- Reprendrez- vous un peu de confiture ?
Je la regarde avec un sourire qui monte sûrement jusqu'à mes oreilles, elle tourna ses talons et s'en alla en souriant.
Je réfléchissais à cette phrase, pendant tout le repas, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était elle qui était derrière ce repas.

Max me répéta que c'était grâce à elle mais qu'il fallait faire attention à son père, en fait, il me répète cela, depuis que l'on se connaît. Cela ne me dérange pas, je ne sais probablement pas ce que je fais, et je ne sais probablement pas à quoi m'attendre.

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