UN NOUVEL AIR

Chapitre 16

Finalement le réveil s'effectue exactement comme sur terre; Merredia me réveille en laissant passer les rayons du soleil sur ma peau, ces rayons sont beaucoup moins agressifs, en réalité, ils sont presque inexistants, vu la profondeur du royaume, mais nous les voyons. Elle me chuchote à l'oreille de me réveiller, qu'il est l'heure, et que nous avons plusieurs choses à faire aujourd'hui. Je tire la couette sur mon visage et... mais je n'ai pas couette. Ils ne font pas de couette sous l'eau ? Mais après tout je finis par me lever et la rejoindre dans ce que je crois être la cuisine.
Je la surprends en train de rêvasser de nouveau. Cette fois je peux intervenir.
- Tout va bien ?
- Oui. Je pensais à ma mère. Imagines-tu si elle apprenait tout ce que je viens de faire à mon père et mon futur mari.
- Comment voudrais-tu qu'elle le sache ?
- J'ai pris ma décision. Il faut que je lui en parle.
Oui, comme ça par exemple.
- Comment comptes-tu lui dire. Il existe des moyens de communication dans l'eau. Je ne suis pas au courant ?
Elle rigole un petit moment, puis enchaîne ;
- Les bouteilles.
Je rigole à mon tour.
- Cela serait terriblement long.
- Elle me manque tellement.
- Je peux te comprendre, la mienne me manque aussi.
- Je suis désolée, je ne voulais pas te le rappeler.
- Ça ne fait rien.
Elle se retourne vers un comptoir en corail, puis se retourne de nouveau vers moi en me donnant quelques bricoles à grignoter, une minute de plus et je serais mort de faim.

- Allons-y. Nous devons aller récupérer ce bracelet.
Nous nous dirigeons vers la sortie, je me rends de nouveau compte que je n'ai aucune idée de l'heure, et que je n'en saurais rien avant un long moment.
Dans les rues, il y a beaucoup de monde qui circule, pas de véhicules, que des nageoires. À ce moment-là, nous nous fondons dans la masse. Personne ne nous remarque.

- Merredia ! C'est bien toi ?

Aurais-je parlé trop vite ?

- Oh mon Dieu ! Ouriey !
Cette fameuse Ouriey et les deux filles qui la suivent se jettent sur ma copine. Je n'interviens pas, cela ressemble à de l'amitié.
- Cela fait tellement longtemps comment allez- vous ?
- Nous allons beaucoup mieux depuis que nous avons appris que notre meilleure amie se trouvait à Océana.
- Les nouvelles vont vites.
- Oh oui ! Nous étions tellement impatientes.
Les trois blondes qui se trouvent en face de moi, ont l'air très contente de retrouver leur amie, elles ont une voix extrêmement stridente, je ne pense pas pouvoir les écouter pendent des heures. Elles sont surexcitées, et ne laissent pas Merredia en placer une.
- Arthur, je te présente Ouriey, Meeky et Dolce. Mes meilleures amies d'enfance.
- Enchanté.
- Les filles je vous présente Arthur, mon copain. Elles se mettent toutes les trois à crier en même temps, mes oreilles tombent au fond de l'eau. Je bouche mes oreilles et plisse mes yeux. Je regarde Merredia qui est morte de rire.
- Il faut avoir l'habitude.
- Ce dont je n'ai absolument pas.
- Oh ! Ce n'est pas vrai ! Vous êtes tellement mignons !
Je roule des yeux et elles rigolent toutes les quatre.
Je remarque qu'Ouriey est en jaune, Meeky est en bleu, et Dolce en rose. Pour finir, Merredia est en vert.
Moi, je suis en rouge. Je ne m'y étais jamais attardé, et là je remarque que pour elles, les couleurs, et la mode comptent plus que tout le reste.

Nous nageons un moment, et je ne sais absolument pas ou nous allons, Merredia est beaucoup trop occupée à raconter sa vie. Je me trouve derrière, à découvrir la ville moi-même. J'ai l'impression de tenir la chandelle. Je ne pensais pas que cette sensation était possible alors que je suis moi-même en couple.

Je suis en couple ?

Durant cette longue traversée, j'entends Merredia qui leur raconte que nous nous dirigeons vers le palais d'Erica, pour récupérer le bracelet, et au passage, récupérer le trône.
Je ne pense pas que toutes nos décisions vont enchanter Erica.
Nous avons déjà pas mal de monde qui veulent nous voir séparés, je suis pratiquement sûr que cette sorcière en fera partie.
Je me demande combien d'autres personnes vont s'opposer à notre histoire, nous sommes certes, fondamentalement différents, mais je suis persuadé que nous avons une possibilité d'être ensemble pour le reste de nos jours. Il faut savoir faire des sacrifices, et faire passer l'amour par-dessus tout le reste.

Je me demande si je n'ai pas une carrière de philosophe qui m'attend.

Une fois que nous sommes arrivés devant ce gigantesque immeuble de corail, (je me demande si quelque chose ici, est pas fabriqué autrement qu'avec du corail.) nous nous arrêtons et nous nous regardons synchroniquement.
Merredia et moi, avançons, tandis que les trois filles restent ici, à nous attendre.
Il y a des gardes pratiquement à tous les recoins. Je me demande d'ailleurs comment nous avons la possibilité d'entrer. C'est assez déstabilisant d'entrer quelque part naturellement, et de voir nager toute sorte de poissons à côté de soi. Déjà, rien que le fait de dire ; rentrer quelque part au fond de l'océan, n'est absolument pas naturel.

Nous arrivons devant une porte immense, très bien décorée, avec encore deux nouveaux gardes qui protègent l'entrée. Ils nous ouvrent tout naturellement la porte, comme s'il était prévu que l'on arrive. Je pensais qu'il ne fallait pas qu'elle nous voit, Merredia aurait-t-elle changé son plan pour récupérer ce bracelet ? Je pensais également que nous allions devoir batailler pour réussir à rentrer.
Je au courant de tout, ça fait plaisir.
- Je vous attendais. Entrez donc !
Elle nous attendait ? Elle me connaît ? Comment pourrait-elle savoir que nous sommes ici, à Océana ? Nous nous regardons avec interrogation, puis nous entrons.
- Merredia, tu m'as tellement manquée.
J'ai l'impression qu'elle ne peut pas en dire autant.
- Comment va ta mère ?
- Qu'est-ce que ça peut bien te faire ?
Je ne m'attendais pas à une telle réponse, mais je n'en suis pas déçu.
- Elle me manque aussi terriblement
Menteuse.
Je sens bien que l'atmosphère est tendue, et je ne le vois rien qu'au visage de Merredia qu'elle serait prête à lui sauter dessus pour l'égorger.
- Tu ne me présentes pas ?
- C'est mon petit ami, Arthur. Mais tu le connais déjà.
- Tu es très perspicace. Non seulement il est beau comme un Dieu, mais en plus, c'est un humain. Je me trompe ? Comment oses-tu tomber amoureuse d'un humain ?
Elle dit cela d'un ton extrêmement supérieur, avec un regard dédaigneux. Sur terre nous n'avons pas de reine, alors je serais en mesure de lui dire ce que je pense d'elle et de son petit jeu de reine, ce n'est meme pas une reine.
- Cela ne te regarde pas, et ne devrait en aucun cas attirer ton attention.
Elle trouve de meilleurs arguments que les miens, plus calmes je dirais.
- Cela me regarde à partir du moment où vous êtes dans mon royaume, sous mes règles.
- Peu importe. Nous ne sommes pas venus ici pour nous battre.

« Son royaume, ses règles »... n'importe quoi.

Elle me regarde puis ajoute en chuchotant ;
- Du moins, pas pour l'instant.
Je rigole légèrement, puis regarde devant moi à nouveau.
- Nous sommes là pour te rendre visite, et pour te demander de tes nouvelles.
Je la regarde avec interrogation, puis Erica, fait comme moi. Je suis sensé savoir de quoi elle parle ? C'est ça son plan ?
- Mes nouvelles ? Je peux savoir pourquoi tu t'y intéresserais.
- Tu es ma tante. Et je prends des nouvelles de ma tante.

Je regarde droit devant moi, tout en continuant à sourire bêtement pour ne pas attirer l'attention sur moi. J'aperçois tout en haut du palais Ouriey, qui descend d'une trappe, jusqu'à côté du trône. Erica est debout devant nous, mais assez éloignée. Tous les gardes sont retournés vers nous aussi. Alors en effet, Ouriey a le champ libre.
Merredia continue naturellement à raconter sa vie et à demander celle d'Erica, jusqu'à ce que cette dernière en eu assez.

- Assez ! Sortez d'ici !
- Comme vous voudrez.
Et nous sortons comme si rien ne s'était passé. Je me félicite de ne pas avoir paniqué.