Chapitre 2 (Adrian)

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— Le plan de recrutement de l'année n'a toujours pas été fait ? Vous n'avez même pas quelques chiffres à me donner ?

À l'écoute de ma question, elle baissa immédiatement les yeux, n'arrivant plus à soutenir mon regard. Encore une fois, je n'avais pas les informations que je voulais.

— Je suis désolée, le service des ressources humaines est un peu en retard sur quelques sujets, mais nous sommes en train de...

Je lui coupai la parole, agacé d'entendre encore et toujours les mêmes excuses.

— Je m'en fiche de ça. Moi, je désire seulement les chiffres de l'année et je ne les ai pas. C'est la seule information qui est importante.

Elle tenta tant bien que mal de cacher l'amas de larme qui se formait au coin de ses yeux. J'aurais pu être plus souple dans ma communication, mais il était temps que les gens acceptent quand leur travail était mauvais. Ma mission était de faire d'Éros le numéro un des sites de rencontre, pas de brosser dans le sens du poil des personnes qui se complaisent dans leurs paresses.

— On va se replacer un point la semaine prochaine. J'espère que j'aurai toutes les informations dont j'ai besoin cette fois-ci.

Le regard encore trempé, elle se contenta de hocher la tête pour me signaler son accord. Comment une femme de presque 50 ans pouvait se montrer si fragile devant une simple piqure de rappel concernant son niveau ? C'était agaçant.

Récupérant mes dossiers sur la table, je sortis de la pièce pour me diriger vers l'ascenseur. En passant devant tous les bureaux, je pouvais voir des dizaines de visages se baisser au fil de mes pas. Cette dernière semaine, tout le monde en avait pris pour son grade, du manager arrogant au junior débutant. Ils avaient tous compris que je n'accepterais pas la médiocrité. Un sentiment de crainte pouvait se lire dans leurs yeux. Ce n'était pas l'effet escompté, mais si ça leur permettait enfin d'être efficace, alors je savais quelle carte jouer ici désormais.


Le dos plaqué contre la paroi métallique de l'ascenseur, les vibrations constantes de mon téléphone me résignaient à le regarder pour la vingtième fois de la journée. Le nom d'Harold revenait sans cesse, que ce soit via les SMS, les appels, ou encore les mails. Il disait vouloir me parler maintenant, et quand Harold exigeait quelque chose, j'étais bien obligé de m'y tenir.

Profitant du calme alors que l'ascenseur me tractait en direction de mon étage, je fermai les yeux. Après plus d'une semaine ici, mon cerveau était déjà en ébullition tant les idées de redressement fusaient dans mon esprit. Ce projet était grand et j'allais pouvoir faire de belles choses. Ce n'était que le début d'un jeu d'échecs dont la victoire serait la croissance exponentielle de l'entreprise.


Assis sur mon fauteuil, face à mon ordinateur, je posais mes mains sur les accoudoirs en cuir en attendant l'appel d'Harold. Malgré mes rapports quotidiens, il voulait entendre de vive voix l'avancée du projet. C'était la première fois qu'une entreprise semblait à ce point l'intéresser, Éros pouvait être son tout dernier succès, et il le savait.

La lumière de ma webcam s'alluma et le visage d'Harold apparu sur l'écran. Malgré ses joues creusées et ses cheveux grisonnants qui lui tombaient sur le visage, son regard était toujours aussi strict, ses cernes de plus en plus distincts n'arrivant pas atténuer la froideur de ses yeux bleus.

— Tes rapports ne sont pas complets. J'aimerais au minimum dix pages par jour sur tous les services désormais. Et j'espère que les projets avancent.

— Je viens de terminer mes points avec tous les membres des équipes clés. Il n'y pas que des lumières, mais ce n'est pas aussi catastrophique que je le pensais. Un coup de collier suffira pour la plupart à redresser le niveau

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