Chapitre 11 (Adrian)

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      Le bruit strident de mon téléphone me fracassa le crâne avec force. Moi qui avais l'habitude des migraines à répétition, cette sensation était pourtant la pire de toutes. En ouvrant les yeux avec difficulté et tâtonnant les alentours pour éteindre la source du bruit, j'eus du mal à reconnaître l'endroit où je me trouvais. Après quelques secondes de flou, je reconnus mon salon. Je m'étais endormi sur le canapé. Me levant avec précaution, je manquai à plusieurs reprises de tressaillir, tout mon corps hurlait de fatigue. Une nausée vint s'ajouter à l'équation une fois debout et un goût d'alcool rance gagna mon palais. Je me souvenais avoir bu un ou deux verres pendant le dîner d'hier, mais rien de plus.

Regardant l'horloge murale avec mes yeux brûlant, je poussai un soupir de fatigue en comprenant que j'allais devoir affronter une journée des plus longue dans cet état.

Me dirigeant vers la douche avec lenteur, je me remémorais scène par scène le rendez-vous d'hier. Je me souvenais avoir merdé avec cette histoire de procès, mais Kaybe avait rattrapé le coup. Ils avaient fini par conclure le contrat, j'avais débriefé quelques instants avec elle, et plus rien. J'observais avec interrogation l'état misérable de mon appartement, mon smoking était éparpillé sur le sol alors que mes chaussures avaient été balancées n'importe comment. Devant mon miroir de salle de bain, le reflet de mon visage ne m'aidait pas à en savoir plus. Mes yeux s'ouvraient avec difficulté alors que ma joue droite me faisait mal. Qu'est-ce qu'il s'était passé ?


Mon café à la main, je le bus goulûment en lisant tous mes mails accumulés. Je ne réclamais qu'une journée de paix, rien qu'une seule.

Ma tête blonde dépassa comme à son habitude de la porte à dix heures pétantes pour m'annoncer les différentes réunions de la journée.

— Bonjour Monsieur. Charles de la communication a appelé, il est malade, il a annulé votre réunion de ce matin.

Dieu soit loué.

— J'ai également eu le New York Time au téléphone, ils sont très contents de l'échange d'hier et viennent de nous transmettre les documents relatifs à l'article. Ils tenaient à remercier, mais également Kaycee, dont la présence les a beaucoup amusés, selon leurs mots.

Kaybe, ou Kaycee, je l'avais oublié. Je lui devais une fière chandelle. Même si je ne la portais pas dans mon cœur en vue de notre passif, j'étais bien obligé de reconnaître que c'était un très bon élément de l'entreprise. Il fallait que je la remercie.

— Faites monter Kayb... Kaycee dans mon bureau s'il vous plait.

— Entendu.

Je terminai avec hâte la dernière goutte de mon expresso en respirant de toutes mes forces pour faire circuler de l'oxygène dans mon corps meurtri. Ma gueule de bois s'était calmée, mais je sentais ma migraine habituelle reprendre le pas. J'avais toujours été sujet à ce genre de maux, mais cela devenait de plus en plus récurrent ces derniers temps. Les médecins m'assuraient que c'était le stress qui provoquait cela, mais je n'y croyais rien. Le corps était seulement une grande machine bien huilée, si on lui donnait assez de carburant et de repos, tout devait fonctionner normalement. Le stress ne pouvait pas m'atteindre, il devait uniquement s'agir de fatigue, rien de plus.

— Monsieur, je suis désolé, mais Kaycee Neal refuse de venir.

— Pourquoi, elle est déjà en réunion ?

— Non. En fait, elle a dit...

Je le voyais entortiller quelques mèches blondes dans ses doigts, comme pour masquer son inconfort.

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