Le corps étiré sur mon canapé, je ne pouvais me concentrer sur le film diffusé tant mon esprit était ailleurs. En plein envoûtement, je croyais voir Adrian partout. Tout me faisait penser à lui, d'une simple pub de costume à un documentaire sur les ours. Ses derniers mots avaient tant tourné dans mon esprit que je doutais maintenant de leurs authenticités. Comprendre un homme comme Adrian était de l'ordre du miracle, tant le mot imprévisible était trop faible pour le décrire. M'aurait-il enfin confessé une émotion pure et sincère, ou bien tout cela n'était-il encore que le fruit de mes fantasmes les plus fous ?
La vibration de mon téléphone vint me sortir de cette boucle de pensée dont j'étais prisonnière, me ramenant enfin à la réalité. Une nouvelle notification en provenance d'Adrian apparu sur mon écran, la troisième depuis ce matin. Sans le moindre détour, il me proposait de discuter, à chaque fois d'une nouvelle façon. Il m'avait invité au restaurant, puis à boire un café et cette fois n'importe où je le souhaitais. Pourquoi étions-nous fous à continuer de jouer dans cette partie ou pour l'instant, il n'y avait eu aucun gagnant ?
D'un geste presque tremblant, je saisis mon téléphone pour lui écrire une réponse, imitant son style direct.
— Nous en parlerons plus tard. Bonne soirée.
Sans réfléchir davantage, je retournais à mon canapé, l'endroit où l'attente était la plus supportable. Me remémorer notre histoire était un véritable bourbier tant tout avait été compliqué dès le premier jour. Comment mon amour pour lui avait-il débuté ? Par quel miracle la simple écoute de son nom suffisait-il à me faire tressaillir ? Le mépris avait réussi à se changer en admiration, la moindre de ses actions étant désormais à mes yeux d'une d'une logique implacable. Il m'avait montré qu'une confiance en soi telle que la sienne n'était en aucun cas de la folie, mais le meilleur moyen de résister au monde, de ne pas mourir asphyxié par un passé qui m'avait bien trop longtemps privé d'air. Il m'avait fait réaliser que je pouvais être ce que je voulais être.
— Kaycee !
D'un sursaut, je me réveillai à l'écoute de mon prénom. Piétinant jusqu'à la source de ma frayeur, je me recoiffai instinctivement. Ouvrant ma porte avec lenteur, je pris garde à ne faire dépasser que mon visage, voulant à tout prix cacher mon ensemble jogging des plus laid. Droit comme un piquet devant le pas de ma porte, Adrian me regardait avec insistance, un bouquet de roses à la main droite. Vêtu d'un long manteau beige, le bout de son nez était pourtant rouge, visiblement agressé par le vent qui commençait à souffler dehors.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
—Tu m'as dit que tu voulais discuter alors je suis venue.
Les sourcils froncés, j'essayais tant bien que mal d'assimiler la scène qui se jouait devant moi. J'avais envoyé mon message quelques dizaines de minutes auparavant, comment avait-il pu arriver si vite ?
— Tu habites à plus d'une demi-heure de chez moi, comment es-tu arrivé si vite, le tout en achetant un bouquet de fleurs sur le trajet ?
—Si je réponds à ta question, tu ne voudras vraiment pas me laisser entrer et là, j'ai besoin d'être au chaud avec ce temps.
Sans me retenir, je laissai échapper un rire. Il avait raison, personne n'aurait proposé à un fou tel que lui de rentrer chez soi, mais hésitais-je réellement concernant la réponse ?
—Très bien, entre.
Lui tenant la porte, il s'engouffra à l'intérieur, une odeur de cigarette flottant dans son passage. Déposant les fleurs sur un des comptoirs de la cuisine, il en profita pour observer la pièce, s'arrêtant sur ma télé, toujours en train de diffuser le film que je n'arrivais pas terminer depuis plusieurs heures déjà.
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Start-Up Obsession
RomantikResponsable marketing de la Startup New-Yorkaise Éros, Kaycee Neal prenait plaisir à vivre ses journées qui se ressemblaient toutes. Un calme paradisiaque interrompu par l'arrivée d'Adrian Hoffman, célèbre homme d'affaires. Appelé pour gérer la fo...