Chapitre 22 (Kaycee)

715 27 1
                                    


J'avais couché Adrian. Il m'avait montré qu'il le voulait vraiment et j'avais couché avec Adrian. Dans sa propre voiture, j'avais couché avec Adrian. J'avais couché avec Adrian. Je me répétais cette phrase encore et encore, comme pour me prouver que tout cela n'était pas seulement le fruit de mon esprit rongé par le désir. Ce n'était pas la première que je succombais à l'envie d'un plan d'un soir, mais cette fois, tout avait une saveur différente. J'avais accordé à mon corps un plaisir si fort qu'il en était ancré à vie. Je l'avais méprisé comme je ne l'avais jamais fait, et désormais, je le désirais avec la même force. Il avait réussi à révéler une attirance en moi que je pensais impossible, et pour ça je le détestais encore plus.

— Quels sont les chiffres des derniers mois, Mademoiselle Neal ?

— Comment ? répondais-je en sursautant, ayant oublié l'entièreté de la planète durant ces dernières minutes d'introspection.

— Restez concentrée, la réunion n'est pas encore terminée.

— Avec le lancement de la nouvelle features, on a eu 12% de visiteurs supplémentaires. On n'a jamais connu des chiffres aussi élevés.

Garry souris à pleines dents en entendant les chiffres annoncés. Il avait repris l'entreprise depuis seulement deux semaines et il récoltait déjà tous les bénéfices des actions passées. Éros ne s'était jamais aussi bien porté, et qu'on le déteste ou non, c'était grâce au travail d'Adrian. Depuis son départ, son chapitre avait été clos en quelques jours à peine, comme s'il n'avait jamais existé entre ces murs. Parfois le nom Hoffman résonnait seulement comme un souffle dans les couloirs, comme pour ne pas invoquer à nouveau un démon passé qui aurait causé beaucoup d'effroi.

— Merci pour cette réunion. Vous pouvez retourner à vos postes, sauf vous, mademoiselle Neal.

Je soufflais intérieurement à l'écoute de mon nom. Ne pouvais-je pas cette fois être épargné par le CEO ?

Rejoignant Garry, je regardai avec nostalgie ce bureau totalement vidé de l'empreinte d'Adrian. Fini les dossiers empilés derrière les tasses de café et l'odeur de tabac froid qui planait dans l'air. Tout cela avait laissé place à un minimalisme presque remarquable composé de seulement un pot à crayon et une photo de chat emprisonné dans un grand cadre en acier. Adrian avait bel et bien disparu.

— Vous vouliez me voir Monsieur ?

— Appelez-moi Garry et tutoyez-moi s'il vous plaît. On va travailler ensemble régulièrement, j'aimerais que ce soit dans de bonnes conditions.

— Très bien Monsieur. Enfin, je veux dire Garry.

C'est la première fois que je me retrouvais seule avec lui, voulant éviter toute autre péripétie inutile. Ses cheveux d'un roux profond rendait son teint d'un pâle presque vampirique, le rangeant très certainement dans la case du PDG accro au travail ne voyant jamais les rayons du soleil. Son attitude nonchalante était en phase avec son âge plutôt jeune, sûrement proche du mien. Éros n'avait jamais connu quelqu'un comme lui à sa tête.

— Tu étais proche de Hoffman, je me trompe ?

— Je vous demande pardon ? M'esclaffais-je en m'étouffant presque.

— Plus de vouvoiement, n'oublie pas. rigola-t-il. Je ne suis pas fan des bruits de couloirs, mais hier à la cafétéria, tu étais la reine de la conversation et je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter. Apparemment ta relation avec Hoffman était électrique.

— Je ne sais pas de quoi parle tous ces gens.

Mon pouls commença à grimper en flèche. Certes, de nombreuses personnes avaient pu être témoin d'une relation de travail des plus compliquées, mais pourquoi cela suscitait autant d'engouement ?

Start-Up ObsessionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant