Chapitre 13 (Adrian)

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 Pourquoi ne savait-elle pas abandonner ? Pourquoi était-elle si entêtée ? Pourquoi fallait-il qu'elle soit mon employée ?

La voyant partir de façon ridicule, son téléphone à la main, je ne pus contenir un soupir profond qui dérangea sûrement les personnes aux alentours. Voilà des jours que j'errais à son étage pour ne capter ne serait-ce qu'un regard de sa part, mais rien. Elle arrivait, par je ne sais quelle magie, à m'éviter et à se fondre dans la masse. Comment faisait-elle ? Cela faisait précisément douze jours que nous n'avions pas discuté depuis notre dispute. Je n'étais pas du genre à retenir les dates, mais mes douze insomnies consécutives  m'aidait à compter les jours. Je n'avais jamais été dans un tel paradoxe émotionnel. J'aurais voulu la détester, lui dire que tout était de sa faute, mais j'en étais incapable. Même en me répétant qu'elle devait être une manipulatrice hors pair pour avoir tout orchestré, je savais au fond de moi que j'étais le seul fautif.

Je voulais me racheter, effacer cette boule de culpabilité qui me rongeait l'estomac, mais également garantir que rien ne serait jamais divulgué. Et pour cela, je n'avais pas d'autre choix que de me rapprocher d'elle, encore. Recroiser le chemin de cette frange brune, de ces yeux noisette accusateurs, de ces lèvres fines crispées en ma présence. Encore plus que jamais, je devais comprendre qui était Kaycee Neal, comment elle fonctionnait, et comment la contrôler. Elle était liée à moi, qu'elle le veuille ou non.

Mon bourdonnement cérébral se coupa net quand la sonnerie de mon téléphone retentit. Comme à son habitude, Harold commençait son harcèlement après quelques minutes d'absence de ma part. Je retournais mon écran contre la table et plongea ma tête dans mes mains. J'aurais donné des millions pour quelques jours de répit. Quelques jours sans Harold, quelques jours sans travail, quelques jours sans Kaycee.


Les yeux dirigés vers le plafond, je tentais de convaincre mon cerveau de se remettre au travail, mais rien n'y faisait, mon corps ne voulait pas bouger. Travailler le weekend était devenu de plus en plus insupportable, et même si cela était essentiel pour accomplir mes objectifs, mon corps ne suivait plus. Mon cerveau cherchait instinctivement toute distraction, aussi futile soit-elle, pour se déconnecter de ces chiffres. Par chance, mon salon était d'une sobriété telle, que seule le lampadaire en verre suspendu au plafond me proposait un spectacle assez intéressant.

Je n'avais jamais pris la peine de décorer cet appartement, tant mon temps passé ici se faisait rare. Je rentrais exténué la nuit tombée et partais le lendemain avant le levé soleil. Si ma femme de ménage ne passait pas régulièrement, je vivrais sans doute dans une montagne de déchet.

Un fracas se fit entendre bruyamment à l'autre bout de l'appartement. Quelqu'un était en train de cogner avec violence ma porte d'entrée.

— Ouvre-moi. Il y a des paparazzi juste en bas.

M'approchant du bruit, je n'avais pas besoin de regarder dans l'œil de la porte tant cette voix stridente était reconnaissable.

— Ouvre-moi putain. Ils sont en bas, je te dis.

Son accent russe me crispa tant que j'eus du mal à défaire le verrou qui nous séparait. La porte déverrouillée, Natalia l'ouvrit avec force et me poussa pour se frayer un chemin à l'intérieur de l'appartement. Un parfum fort vint m'irriter les narines, comme si tout un flacon de parfum avait été renversé sur son énorme manteau en fourrure beige. Je passais une semaine suffisamment merdique pour qu'elle vienne empirer les choses.

— Qu'est-ce que tu fous là, tu n'es pas chez ton mec du moment ? lui demandais-je, mettant de l'ordre sur mon bureau.

Elle ne daigna pas me répondre, trop occupée à ouvrir ses valises et à disposer tous ses vêtements sur mon canapé. Sa longue chevelure blonde qui m'avait autrefois conquis ondula au fil de ses gestes brusques. Je voyais son corps longiligne se mouvoir au fil de ses mouvements, même dans la précipitation, elle semblait si délicate. Sa poitrine généreuse débordait légèrement de son corset violet alors que je pouvais entrevoir un string gris au-dessous de son jean taille basse. Cette vue divine aurait pu me faire durcir instantanément si cette femme ne me dégoûtait pas autant.

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