Chapitre 18 (Kaycee)

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Somnolant, je concentrais mon esprit sur les bruits de clavier des collègues aux alentours. Mon esprit me suppliait de me cacher pour dormir quelques minutes à l'abri des regards, mais je devais me contenir. Sans l'écouter, j'étais venue travailler malgré mes péripéties d'hier soir. Adrian avait été furieux de me voir là, mais j'avais quelque chose que je devais absolument régler.

Me repassant en boucle ma soirée d'hier, je n'arrivais toujours pas à concevoir qu'il avait foulé le sol de mon appartement. Cela faisait si longtemps qu'une autre présence n'avait pas habité les lieux, son empreinte étant désormais captée dans l'air. Jamais je n'aurais pu prévoir un tel enchaînement de situation. Il était là où on ne l'attendait pas, prêt à surgir de n'importe où.

À la vue de quelques mèches blondes dépassant de mon bureau, je sursautais, espérant que l'on ne m'ait pas vu me perdre dans mes pensées. L'assistant d'Adrian me fixait d'un air inquiet, bien plus que d'habitude.

— Kaycee, il faut que tu viennes avec moi très rapidement. Adrian te cherche et c'est urgent.

— Qu'est-ce qu'il me veut ?

— Je crois qu'il y a un énorme problème avec l'équipe commerciale et il voudrait t'en parler.

— Merde.


Les jambes chancelantes, je voyais presque ma vie défiler devant mes yeux. Ce bureau m'avait vu dans tous mes états, pourtant, c'était bien la première fois que cette sensation de mort planait au-dessus de ma tête. J'allais me faire faire virer, et cette fois-ci, c'était mérité.

— Te voila enfin Kaycee. me lança Adrian une fois entrée dans la pièce. Il va falloir que tu m'expliques quelque chose s'il te plait.

Les cris d'Adrian me paralysèrent, le pas à peine posé sur la moquette de la pièce. Ralf était là lui aussi, les yeux rouges et gonflés par les larmes. Mon heure était proche.

— J'aimerais qu'on parle de ça. Tu sais ce que c'est ?

Je déglutis en voyant un certain dossier froissé entre les doigts d'Adrian. Ce dossier qu'il avait vu chez moi hier soir. Ce dossier qui allait me mener à ma perte

— C'est un dossier commercial, je ne sais pas de quoi il parle.

—Tu es sûr de ça ?

— Oui.

— Ceci est le plan qu'on doit fournir aux investisseurs pour la levée de fonds et tout a été falsifié. Tout est faux, du début à la fin. Si Ralf leur avait transmis cela comme convenu, l'entreprise aurait perdu des millions.

Une boule acide se créa dans ma gorge. Il savait tout, mais je refusais de tout avouer devant Ralf. Malgré l'intensité du moment, je devais faire face.

— Monsieur, je vous jure que ce n'est pas moi. Vendredi tout était parfait, jamais je n'aurais osé mentir, jamais. pleura Ralf, s'agenouillant presque pour supplier Adrian.

Ignorant sa complainte, Adrian n'avait d'yeux que pour moi. La veine de son front pulsait à mesure que sa main se serrait sur les feuilles du dossier, jamais encore, je ne l'avais vu dans un tel état de rage.

— Dégage de ce bureau Ralf. Toi Kaycee, tu restes.

Je n'eus le temps d'ouvrir la bouche que Ralf avait quitté la pièce, s'étant jeté sur l'opportunité de fuir. Il m'avait laissé seul face à la bête enragée qui se trouvait à quelques mètres de moi.

— Tu peux me dire pourquoi tu as fait ça ?

— Ce n'est pas moi.

— Arrête de mentir, merde !

Sa main cogna son bureau avec force, faisant trembler tous les objets disposés dessus. Il me faisait peur.

— J'ai vu ce putain de dossier chez toi hier soir. C'est toi qui la prit pour le modifier, alors avoue-le.

—Ce n'est pas ce que vous croyez.

—Si c'est exactement ce que je crois. cria-t-il en se rapprochant de moi, le visage désormais à quelques centimètres du mien. Tu as failli faire couler la boîte.

— Ce connard était en train de rendre la vie impossible à Lexie. Il l'a fait passer pour une trainée aux yeux de tous et ne voulait pas admettre son mensonge. Je n'avais pas le choix.

Il se tue, toujours face à moi, son souffle me caressant les lèvres.

— Vous étiez là quand on a dû aller la chercher au beau milieu de la nuit. Ce mec n'est qu'une pourriture, il fallait que je fasse quelque chose.

— Et de toutes les options possibles, tu as choisi de mettre en péril l'entreprise ?

— Qu'est-ce que vous vouliez que je fasse ? Je lui ai parlé plein de fois, il n'a rien voulu savoir. Qu'est-ce que j'aurais dû faire ?

— Je t'aurais aidé moi. J'aurais été là pour toi, je te l'ai promis.

Son corps totalement immobile, il posa tout de même son front contre le mien, me faisant sentir le bouillonnement de son sang contre sa peau. Ses doigts caressant mon épaule, il soupira avec force avant de s'éloigner et de saisir son téléphone portable.

— Je veux que vous me prépariez le dossier de licenciement de Ralf Wember pour faute grave. Il doit être parti demain.

Son téléphone de nouveau en poche, il retourna à son bureau comme si de rien était. D'un geste quotidien, il commença à pianoter sur son clavier, comme seul dans la pièce.

— Je vais être viré moi aussi ?

— Sortez.

— Je comprendrais si je devais être licencié. Ce que j'ai fait est grave et...

— Sortez !

Sans prendre le temps de réaliser ce qu'il se passait, je fis demi-tour avec hâte pour sortir de la place. Sur le pas-de-porte, Ralf me jeta un regard noir, le nez dégoulinant.

Que s'était-il passé ? 

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