Chapitre 10 - Jouer avec le feu

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Palerme, Sicile, Italie
Giada

En rentrant chez moi, j'ai pleuré. Sans pouvoir m'arrêter.

Perturbée, anxieuse, douteuse, je ne savais pas pourquoi j'avais montré mon cou à Jules, mais il me paraissait rassurant, ou réconfortant. Je ne pouvais pas en parler à mes parents, Isa n'était même pas au courant, alors je me suis tournée vers quelqu'un d'autre.

Sûrement pas la bonne personne, mais en l'instant présent, j'avais juste besoin que quelqu'un prenne un peu de ma douleur.

La vérité blesse et il n'y a qu'aux gens que j'aime que je mens.

Maintenant, je ne parie pas du temps de vie qu'il reste à Dario. Jules l'a déjà blessé, mais je sais qu'il le tuera s'il recommence, ou qu'il le tuera par pur acte de colère. Je sais qu'il est dangereux, son métier est dangereux, il l'est tout autant. J'ai vu dans son regard une lueur meurtrière et assassine, comme s'il était soudainement devenu assoiffé de vengeance, voulant tuer Dario pour ce qu'il m'avait fait.

Si la seule solution pour qu'il ne le tue pas était d'accepter sa proposition, alors je pouvais le faire. Je déteste Dario, il m'a tellement fait souffrir que je ne pleurerais même pas sa mort, mais malgré tout, je ne veux pas être responsable de sa mort à travers la vengeance de Jules. Je ne veux pas non plus que Jules ai du sang sur les mains par ma faute, même si je devine pertinemment que ce ne sera pas son premier meurtre.

J'ai donc passé la journée à rédiger un contrat, ligne par ligne, paragraphes par paragraphes, en prenant soin d'examiner chaque mot. Ce contrat n'est pas comme les autres, il n'est pas anodin. Je sens la culpabilité s'infiltrer doucement dans chaque membre de mon corps, ayant le sentiment horrible de trahir mon père pour aider son ennemi.

Je ne sais pas comment je vais faire pour retrouver sa marchandise de drogue, ni par où commencer mes recherches, mais c'est la seule solution si je ne veux pas que Jules aie du sang sur les mains à cause de moi. Ma vie a bien changé, moi qui ne voulais pas me retrouver dans ce genre d'histoire, j'y plonge maintenant les deux pieds joints.

« Bien reçu, à ce soir » est la réponse que Jules m'a fait parvenir il y a de ça deux bonnes heures. Mes parents ont organisé un gala ce soir, conviant leurs « amis », partenaires, ainsi que d'autres personnes dont je ne connais pas le moindre nom. J'ai plutôt envie de rester dans mon lit à regarder un film, mais l'exigence de mon père sur ma présence ne me laissera pas faire ce dont j'ai envie.

18H00.

Je soupire en regardant l'heure, fermant mon ordinateur par la même occasion. En passant dans le couloir pour aller dans la salle de bain, j'entends mes parents discuter dans le salon et le souvenir des paroles insultantes de mon père revient fissurer mon coeur, remettant beaucoup de points en question.

Je rentre dans la salle de bain et ferme la porte à clé derrière moi, tout en regardant le mur ou j'étais plaquée quand j'ai soigné Jules après sa bagarre avec mon père. J'appréhende le fait de les revoir tous les deux dans la même pièce ce soir, Jules est du genre à vouloir jouer avec les nerfs de mon père, ce qui pourras facilement le mettre en rogne au point de perdre le contrôle.

Un jour, le contrôle sera définitivement perdu.

J'enfile une robe noire, dos nu et me maquille légèrement, tout en insistant plus sur mon cou pour cacher cette marque violette, révélant la dure réalité de la dangerosité de Dario. Je n'ai pas de nouvelles de Jules, il ne doit pas encore être arrivé, alors, n'ayant pas encore l'envie d'être entourée de tout ce monde, je rentre dans mon bureau pour prendre de l'avance sur la signature du contrat, préparant tous les documents.

Until the endOù les histoires vivent. Découvrez maintenant