Chapitre 18 - Plan

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Tokyo, Hôtel
Jules

Une énième fois encore, il à été impossible pour moi de fermer l'œil cette nuit. Mon insomnie étant cette fois due au doux mélange du stress et du décalage horaire. Mon tour en moto m'a fait du bien, mais visiblement pas assez. Au fond, je crois que j'ai peur, mais je sais très bien que je n'en ai pas le droit.

- Avoir peur est réservé au faibles Jules, es-tu un faible ? Me répéta t-il encore une fois.

- Non, répondis-je en attrapant mon arme.

Je déteste cette chose, mais je n'ai pas le choix, cette arme est à moi maintenant.

- Alors prouve-le moi, prouve-moi que tu n'est pas un faible, montre-moi que je ne perds pas mon temps avec toi.

Je crache la fumée de ma cigarette, qui vient s'évaporer dans l'air frais matinal. La vue est différente, ce matin-ci. Pas de vaste montagnes, pas de falaises, pas de mer, juste des buildings, des voitures, des personnes pressées allant chercher leur café quelques minutes avant d'embaucher. Une vie plus ou moins normale.

- Tu n'as pas dormi ?

Antonio vient s'appuyer sur la rambarde également, lui aussi possédant une cigarette dans la main. J'étais tellement dans mes pensées que je ne l'ai même pas entendu rentrer.

- D'après-toi ?

- Vu les cernes que tu as sous les yeux, je pense surtout que ton manque de sommeil ne date pas de cette nuit, souffle t-il en posant son regard sur mes cernes.

En réalité, je ne me souviens même plus de la dernière nuit où j'ai dormi. J'ai l'impression qu'elle remonte à plusieurs semaines, voir plusieurs mois. Je hausse les épaules, lassé d'entendre le même discours sur mon sommeil. J'ai déjà tout essayé, les médocs, les tisanes hideuses au goût de plantes, j'ai même essayé la méditation, et pour finir, fumer un joint avant de dormir était la solution qui fonctionnait le mieux, au début. Mais mon corps s'est trop habitué, et être complètement défoncé avant me retaper une insomnie était tout ce que je gagnais.

- Il y a bien un jour où je dormirais, dis-je en tirant une dernière taffe de ma cigarette.

- Oui, mais quand ?

Antonio expire avant d'écraser sa cigarette dans le cendrier posé au milieu de la rambarde.

- Quand je serais mort.

Ma réponse ne fait rire que moi, puisque son regard noir et la frappe qu'il m'assigne derrière le crâne me font comprendre que mon « humour » est peut-être à revoir.

- Dis-moi, il se passe quelque chose entre Giada et toi ?

Je manque de m'étouffer quand il fini sa phrase, n'étant pas vraiment prêt ni à l'entendre, ni à y répondre.

- Non, m'empressais-je de répondre.

C'est vrai. Elle n'est rien pour moi, comme je ne suis rien pour elle. Nous travaillons ensemble, elle m'aide, elle repartira avec son fric et c'est tout ce qu'il se passera. Elle est trop casse-couilles pour que je m'attarde à quelque chose avec elle. Antonio hoche la tête sans répondre, ayant sûrement déjà son avis sur le sujet.

- Tu sais très bien que de toutes façons, c'est impossible, soufflais-je en écrasant ma cigarette.

Mon ami hoche la tête une deuxième fois. Il ne dit rien mais je sais qu'il n'en pense pas moins. Il a toujours été le plus calme de nous tous. Il ne portera aucun jugement, peut importe ce qu'il peut se passer et les conséquences de l'acte en question. Je l'admire énormément pour ça. Antonio finit par aller prendre une douche et je fais de même, sans manquer d'avaler quelques vitamines pour tenir la journée.

Until the endOù les histoires vivent. Découvrez maintenant