Chapitre 3

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La jeune femme murmura, d'une voix hésitante.
— Si j'ai accepté de me battre aux côtés de James, c'est uniquement parce qu'on m'a dit que le but de votre maître était de prendre le pouvoir. D'asservir le monde magique, de favoriser les sang-purs et d'éliminer les sang-mêlés et nés de moldus. Quand j'ai appris que j'étais une sorcière... Et bien puisque Severus est votre ami, il vous a probablement parlé du fait que nous étions proches. Il vous a peut-être dit que j'étais curieuse de découvrir ce monde qui s'ouvrait à moi. Le fait est que j'aime mes parents et que je ne souhaite pas les supprimer de ma vie, mais que j'ai accepté de quitter le monde moldu pour m'intégrer. Cependant, si je ne suis pas informée de certaines... coutumes, il me semble logique de ne pas pouvoir les respecter non ?

Lucius la dévisagea un long moment. Puis il soupira.
— Le Maître déteste les moldus. La raison n'est connue que de lui seul, cependant, vu sa fureur quand il a découvert que Severus était un enfant magique battu par un moldu...

Lily ferma les yeux, soudain plus pâle. Elle crispa les poings et hocha la tête, avant de siffler entre ses dents, retrouvant la colère qui brûlait en elle à chaque fois qu'elle pensait à ce que son ami avait dû subir.
— Le père de Severus était un monstre, oui. Un monstre de la pire espèce. J'ai fait de mon mieux pour le protéger, mais... ce n'était jamais assez...

Lucius l'observa un long moment, pensif, puis il hocha la tête et répondit tranquillement.
— Il serait stupide d'éradiquer complètement les sang-mêlés et nés-de-moldus du monde magique. Il y a déjà bien trop de consanguinité dans les familles sang-purs, et nous ne sommes pas idiots au point de ne pas voir à quel point nous avons besoin de sang neuf si nous ne voulons pas arriver à des lignées de cracmols.

Lily roula des yeux et se pencha en avant, soudain curieuse.
— Alors quoi ? Quel est votre but ?
— Protéger la magie ! Nous voulons avant tout préserver la magie ! Elle est notre source de vie, après tout !

Lily ricana, réagissant à la réponse presque passionnée de Lucius, ses yeux verts lançant des éclairs.
— En tuant des sorciers ? Les frères Prewett étaient des sang-purs !
Lucius roula des yeux et se laissa aller en arrière dans son siège, évitant le regard de la femme face à lui.
— Toute guerre entraîne des sacrifices inévitables, malheureusement. Si j'ai... si je l'ai suivi, ce n'est pas par goût du sang. J'ai horreur de ces batailles meurtrières, je suis malade de ces victimes... Mais si nous ne réagissons pas, d'ici une à deux générations tout ce qui fait notre monde aura disparu. Nous serons mêlés aux moldus ! Exposés et vulnérables !

— Est-ce si mal ?

La question presque naïve de Lily amena un nouveau silence. Lucius se leva d'un bond pour faire quelques allers et retours nerveux. Finalement, il se posta devant la jeune femme et murmura un seul mot, entre ses dents.
— Salem.

Lily fronça les sourcils, perplexe.
Lucius reprit, d'une voix plus assurée.

— Un peu d'histoire, miss. Savez-vous de quand date le code international du secret magique ?
— De mémoire, je crois qu'il s'agit du dix-septième siècle ?

Lucius eut un mince sourire approbateur et hocha la tête.
— C'est à porter à votre crédit que vous connaissez un minimum l'histoire du monde magique. Maintenant, savez-vous pour quelle raison il a été mis en place ?
— Il s'agit de cacher aux moldus l'existence du monde magique. Je sais qu'il y a eu une entente internationale et qu'ils ont passé du temps à se mettre d'accord. Il fallait dissimuler les sorciers, mais également les créatures magiques.
— Exact encore une fois, mais très incomplet. L'urgence de se cacher à cette période précisément a une seule origine : Salem. Plus exactement, à l'époque, les sorciers étaient persécutés par les moldus. Je ne parle même pas des créatures magiques qui étaient chassées sans pitié. Nous avons atteint le summum de la cruauté moldue à Salem, en 1692, lorsqu'une série de procès a condamné près de deux cents femmes pour sorcellerie. Une vingtaine ont été pendues, sans compter les morts dues aux tortures et mauvais traitements. Les moldus ont torturé et brûlé des sorciers, juste parce qu'ils étaient différents. Près de cent mille personnes ont été victimes de cette inquisition par le monde. Inutile de préciser que toutes les victimes n'étaient pas des sorciers et que ça a été l'occasion pour beaucoup d'assouvir des vengeances. Certains sorciers ont réussi à s'en sortir, comme l'histoire de cette Gwendoline la fantasque qui se travestissait pour passer sur le bûcher. Elle a été capturée pas moins d'une quarantaine de fois et survivait aux flammes avec un sortilège de gèle-flammes. Pour une femme comme elle, des dizaines d'autres ont succombé aux tortures pour les faire avouer des crimes inexistants. Pour notre survie, les sorciers se sont dissimulés et ont cessé de se mêler à ces moldus stupides et intolérants.

Lily cligna des yeux, digérant visiblement l'information après avoir écouté la diatribe passionnée avec attention. Hésitante, elle objecta.
— Mais c'est du passé non ? Je veux dire... les moldus sont... différents. Ils sont...
— Plus tolérants ? Allez le dire à Severus, miss. Je doute qu'il soit d'accord avec votre avis.

La rousse ferma les yeux et se frotta le visage, puis contempla son fils, qui ne se préoccupait plus des adultes. Elle eut un sourire triste, les yeux dans le vide.
— Mes parents ont accepté. Je veux dire... ma différence. Le fait que je sois une sorcière. Ils sont même... plutôt fiers. Ils étaient ravis quand j'ai reçu ma lettre et sont toujours très curieux de savoir notre mode de vie. Mais... ma sœur... Elle me traite de monstre depuis le premier jour où j'ai montré une capacité magique. J'avais sept ans environ et...
Lily souffla.


Narcissa lui jeta un regard compatissant et lui adressa un doux sourire.
— Quoi qu'en dise Dumbledore, nous ne sommes pas des monstres, Lily. Je n'aurais jamais épousé un homme violent ou cruel. Notre mariage était peut-être arrangé par nos familles, mais j'ai eu mon mot à dire ! Nous ne sommes pas si... rétrogrades, vous savez.
Distraitement, la rousse hocha la tête. Puis, elle haussa les épaules, un peu perdue.
— Je pensais que le code du secret magique était suffisant pour garder le monde magique en sécurité.
Lucius ricana, plein d'amertume.
— Oh, il pourrait l'être. Mais si nous adoptons les coutumes moldues, si le monde magique se fond dans leur société barbare, alors le secret n'aura plus lieu d'être. Il tombera tout simplement !


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