Chapitre 11

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Little Hangleton - dimanche 4 octobre 1981


Depuis son retour d'Albanie, depuis qu'il avait commencé à rassembler ses fidèles autour de lui, celui qui se faisait appeler lord Voldemort utilisait la maison familiale des Jedusor.

Après tout, même si son stupide moldu de père ne l'avait pas reconnu, lui et sa mère avaient été mariés et il était un enfant parfaitement légitime. Il avait peut-être décimé la famille paternelle sans le moindre sentiment, il détestait peut-être cet homme ignoble qui avait poussé sa presque cracmolle de mère à la mort, il avait décidé d'user des avantages de son nom.

Ainsi, il s'était installé dans le manoir laissé à l'abandon, lançant un sort pour que le vieux jardinier moldu ne se rende compte de rien. Le vieil homme continuait de prendre soin du jardin et vivait dans une bicoque en mauvais état un peu plus loin. Cependant, il n'entrait jamais dans le manoir lui-même.

Il avait choisi cet endroit venant de son moldu de père pour y recevoir ses Mangemorts et c'était à cet endroit qu'il donnait ses ordres. Ils défilaient devant lui, dans un petit salon qui avait dû être la fierté de la famille autrefois tant la pièce était richement décorée. Il les accueillait, installé dans le fauteuil qu'avait dû occuper son grand-père moldu — lui aussi l'avait violemment rejeté en apprenant son identité — et il en tirait une fierté malsaine que de donner à cet endroit précis des ordres pour nuire aux stupides moldus.

Il aimait voir ces riches Sangs-purs qui se prenaient pour l'élite du monde sorcier s'incliner devant lui et lui obéir, sans se douter qu'il était un sang-mêlé. Il aimait les terrifier et les voir trembler sous sa puissance, revanche sur son passé de pauvre orphelin. Lui qui n'avait jamais rien possédé étant enfant était leur maître et avait tout pouvoir sur eux.


Après l'humiliation infligée par Dumbledore lorsque ce dernier avait refusé de l'embaucher comme professeur à Poudlard, il avait décrété que le nouveau directeur de l'école de magie était son principal opposant. Son ennemi. Ainsi, chaque attaque qu'il menait contre le monde magique visait à le déstabiliser ou à le décrédibiliser, lui ou son stupide ordre qu'il avait rassemblé. Il avait soif de vengeance, il voulait l'humilier pour lui avoir mis des bâtons dans les roues dès le début de sa scolarité. Dumbledore ne lui avait jamais fait confiance après tout, et ce depuis leur toute première rencontre. Malgré ses sourires faux, Dumbledore l'avait toujours regardé comme un monstre, de la même façon que la directrice de l'orphelinat le regardait lorsqu'elle pensait qu'il ne faisait pas attention. Il n'avait jamais eu l'occasion de leur prouver qu'il était un sorcier doué et puissant, alors il avait décidé de s'imposer et de les forcer à s'agenouiller devant lui.

Lorsque Lucius Malefoy demanda à le voir, il l'invita à entrer avec un rictus moqueur. De tous ses fidèles, la soumission de cet homme en particulier était la plus savoureuse. Lui si fier d'étaler son arbre généalogique sans tache, remontant jusqu'aux fondateurs, le servait sans protester et courbait l'échine comme les autres... Et toute sa fortune ne changeait rien. Lucius Malefoy, Lord, membre du magenmagot, richissime sorcier était son esclave. Il ordonnait et ce cher Lucius obéissait sans broncher...

Le riche sorcier était suivi de Severus Rogue et Voldemort plissa les yeux, son intérêt soudain éveillé. Il savait qu'une improbable amitié s'était liée entre ces deux-là, ce qu'il n'avait jamais compris, puisqu'ils semblaient être aussi différents que le jour et la nuit. Là où Lucius était un beau parleur, aimant se montrer et doué dans les relations sociales, Severus était toujours renfrogné et désagréable, évitant la compagnie de ses semblables autant que possible. L'un était riche, l'autre pauvre. L'un était magnifique et toujours parfaitement habillé, un vrai dandy, alors que l'autre avait un visage ingrat et était toujours vêtu de noir, engoncé dans ses robes des pieds à la tête.

Cependant, les deux hommes étaient aussi doués l'un que l'autre, chacun à leur manière. Ils cachaient un esprit acéré et calculateur sous leur apparence, ainsi qu'une intelligence purement Serpentard poussée à son paroxysme. C'était probablement les deux Mangemorts qu'il écoutait le plus, sans le montrer bien évidemment. Jusqu'à présent, il n'avait pas eu à regretter de tenir compte de leur avis.


Il les laissa entrer et s'incliner devant lui, en silence, les observant soigneusement. Il décelait une certaine nervosité chez Severus, sans qu'il ne puisse en deviner la cause. Le potionniste était habituellement de glace, semblant indifférent à tout. Il était un des rares Mangemorts à avoir subi la marque sans émettre la moindre plainte de douleur et il n'avait jamais vu Severus afficher la moindre émotion, y compris le jour où il avait mis à mort son propre père...
Après un certain temps de silence, incapable de réfréner sa curiosité, il soupira et fit un geste de la main.
— Je vous écoute.

Les deux hommes échangèrent un coup d'œil nerveux, puis Lucius avança et baissa la tête en signe de soumission.
— Maître. J'ai eu une visite inhabituelle il y a peu. J'ai pris la liberté de faire quelques recherches avant de venir vous en parler pour être certain d'avoir toutes les réponses à vos interrogations. Il me semblait indispensable de... ne pas prendre de décision hâtive.

Voldemort leva un sourcil surpris et hocha vaguement la tête, attendant la suite, de plus en plus intrigué par le manège de ses deux fidèles.
— La née-de-moldue Lily Evans s'est présentée à mon domicile avec son fils. L'enfant de la prophétie.

Il y eut un lourd silence. Puis Voldemort siffla, ses yeux rougeoyant sous la colère.
— Et pourquoi n'as-tu pas amené l'enfant directement à moi ?


Lucius serra la main sur le pommeau de sa canne, seul signe de son inconfort. Il murmura, presque craintivement.
— Elle est venue implorer la protection de son fils.

Voldemort laissa échapper une exclamation méprisante. Lucius reprit, très rapidement.
— Si vous permettez, Maître...

Le mage noir se redressa, sa magie s'étendant autour de lui en vagues furieuses. Il tendit sa baguette vers ses deux Mangemorts, mais aucun sort ne fusa, alors qu'il laissait une chance à Lucius de s'expliquer.


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